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Environnement

Non, la densification du territoire n’est pas une mode

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Maude Carmel

23 mai 2022
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BILLET | J’ai cru rêver lorsque le ministre des transports, François Bonnardel, a affirmé le mois dernier, entre deux débats sur l’aménagement du territoire, que la densification était une «mode».

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Si on suit la même logique, on pourrait tout autant affirmer que la lutte aux changements climatiques est aussi une mode. En effet, la densification, elle est indispensable à la réduction des gaz à effet de serre et à la résilience climatique.

Après une telle affirmation, il y a vraiment lieu de se demander si le ministre Bonnardel comprend réellement le concept de densité urbaine. 

Densifier un territoire, ce n’est pas simplement coincer 50 personnes dans un trois et demi pour optimiser l’espace. C’est concentrer nos commerces près de nos lieux d’habitation, rendant un quartier ou un village vivant, et diminuant ainsi nos déplacements en automobile.

La densification signifie donc non seulement un pas de plus vers des déplacements carboneutres, mais aussi un gage de santé physique et mentale, ainsi que de mixité sociale. Lorsqu’on peut se rendre à l’épicerie, à notre lieu de travail, à l’école de nos enfants et à une petite boutique locale à pied ou à vélo, on fait non seulement plus d’exercice, mais on a enfin l’occasion de converser avec le voisinage, d’échanger avec lui, et d’observer la nature qu’abrite notre ville. 

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À l’inverse, lorsqu’on étale les offres de service et les logements, on perpétue la dépendance à l’automobile, les déserts alimentaires et l’isolement.

Le concept du 15 minutes: même en région?

Toutefois, la CAQ semble penser que densification et développement des régions ne peuvent coexister. Selon eux, ça bloquerait le développement du territoire.

Pourtant, les petits cœurs villageois qu’on se plait tant à visiter, à Saint-Sauveur, à North Hatley, à Belœil, Tadoussac, ils se trouvent en région... ils sont denses... développés, et très agréables à parcourir! Faire les boutiques à pied dans une petite rue où le piéton est roi attire beaucoup plus les habitants et les touristes qu’une virée au centre d’achat, concept qui malheureusement prédomine en Amérique du Nord, et où les commerces locaux sont peu mis en valeur. 

Je comprends que tous n’ont pas la possibilité ou les moyens d’habiter dans une ville dense, où il est possible de tout faire à pied. Mais si on aménageait les régions et les banlieues pour que ceux qui ont les capacités puissent se déplacer... à vélo, partout, du moins pendant la saison chaude?

Imaginez: des pistes cyclables sécuritaires qui abondent dans les régions du Québec, reliant chaque secteur d’une ville à son centre, où se trouve tout ce dont ses habitants ont besoin. C’est un peu ça, le concept de la ville 15 minutes: chaque citoyen pourrait faire ses courses et travailler à moins de 15 minutes de chez lui, sans avoir à prendre son véhicule. 

Parce que c’est ça, le nerf de la guerre: couper le cordon avec notre véhicule. Pas qu’on devrait tous l’abandonner sur le bord de l’autoroute, mais on devrait au moins repenser sa place dans notre vie, dans notre société. La vraie liberté, elle ne se trouve pas à bord d’un VUS dont on est dépendant pour aller chercher une simple pinte de lait, elle se trouve dans une ville à échelle humaine où on peut respirer le parfum des lilas et saluer ses voisins en se rendant sur notre lieu de travail, et ce, sur deux roues... sans jamais avoir à subir de trafic!

Lorsqu’on offre à un citoyen la possibilité de se rendre du point A au point B facilement autrement qu’en voiture, son mode de vie change, et la vision qu’il a de sa ville également. Son sentiment d’appartenance décuple, et son envie de s’impliquer et d’encourager les petits commerces de proximité également. En gros, la densité, et le fait de propulser le transport actif, ça permet à une ville de se développer économiquement et sainement, de façon pérenne. 

Mais pour ça, il faudrait que la densification, ça devienne une tendance à long terme, et non une mode. 

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