Maxence Parrot : une médaille qui vaut de l'or
Mathieu Boulay
Les skieurs et les planchistes étaient nombreux, lundi, sur les pistes de Bromont. En discutant avec eux, on a senti de la fierté et de l’admiration envers leur héros local : Maxence Parrot.
En attendant leur tour au remonte-pente, ils pouvaient revoir la descente qui avait permis au planchiste québécois de gagner l’or dans l’épreuve de slopestyle aux Jeux de Pékin.
«Tout le monde est très content de la performance de Maxence, a mentionné le directeur marketing de Bromont, montagne d’expériences, Marc-André Meunier. On attendait ce moment-là. Quand ça s’est concrétisé, nous étions très excités. Nous sommes très fiers de Maxence.»
«À sa dernière visite, il était déterminé à aller chercher l’or. C’était son objectif et toute sa concentration était là-dessus», a-t-il poursuivi.
Une fête sera organisée en l’honneur de Parrot dès qu’il remettra les pieds à Bromont.
De l’admiration
Le Journal est allé à la rencontre de jeunes planchistes qui ont eu la chance de voir la descente de Parrot. Ils étaient impressionnés.
«Le dernier saut était insane, a mentionné David Poirier. Je commence à faire de la planche à neige. Je suis en train d’apprendre quelques trucs, mais je ne serai jamais capable de me rendre à son niveau.
«Il y a tellement de travail là-dedans. C’est mon inspiration aujourd’hui.»
C’est aussi le cas de Léo, qui a veillé jusqu’au petit matin pour ne rien manquer des descentes de son favori.
«Sa performance était malade, a affirmé le jeune autiste avec les yeux brillants. Il a réussi à vaincre le cancer. Sa médaille d’or est la cerise sur le sundae. J’aime Max parce qu’il est charismatique et qu’il a une bonne énergie.»
Médaille qui vaut de l’or
Parrot a des ententes avec une dizaine de commanditaires, dont Petro-Canada, Sobeys, Sports Experts et la Banque RBC. Avec sa conquête, d’autres entreprises voudront s’associer avec lui.
«On s’attend à conclure de nouvelles ententes dans les semaines à venir. Il est aussi possible qu’on renégocie nos partenariats actuels, a mentionné Karim Leduc, PDG de Dulcedo, qui s’occupe de la gestion d’image et des partenariats du champion olympique. Les compagnies auront un bon retour sur leurs investissements.»
Grâce à sa médaille d’or olympique, Parrot empochera plusieurs bonis de la part de ses commanditaires. Une clause est prévue dans ses ententes pour un tel scénario. Et c’est la même chose pour ses titres aux X-Games.
Parrot est l’un des athlètes les mieux payés de son sport selon Leduc. Toutefois, l’argent n’a pas changé le Bromontois. Il n’a surtout pas oublié ses racines. Et cette valeur vaut aussi de l’or.
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Une médaille et du champagne
Yves Mailhot, le préparateur physique de Maxence Parrot, est passé par toute la gamme des émotions lors de la finale de l’épreuve de slopestyle, lundi. Après la nervosité, il a laissé couler quelques larmes après avoir vu son protégé des 11 dernières années remporter la médaille d’or.
«C’est le deuxième plus beau jour de ma vie après la naissance de ma fille», a indiqué Yves Mailhot au Journal.
Après avoir raté la première ronde de la finale, il a pu voir l’excellente descente de Parrot qui lui a valu un pointage de 90,96. Un score qui l’a fait monter sur la première marche du podium une heure plus tard.
«Je n’ai plus beaucoup de cheveux sur la tête. J’étais en train de m’arracher les derniers. Je tournais en rond comme si je nettoyais la pièce. Je n’étais pas capable de demeurer en place.»
Un coup dur
Toutes les émotions des dernières années sont remontées à la surface. Lorsque Parrot lui a annoncé qu’il avait un lymphome de Hodgkin, le préparateur physique avait mal encaissé la nouvelle.
«J’ai eu de la misère à passer à travers. Je suis tellement content qu’il soit vivant. S’il n’avait pas été là, il n’aurait pas pu l’avoir, sa médaille.»
Durant ses traitements, Mailhot respectait les limites de son athlète. Parrot allait quand même au gymnase plusieurs fois par semaine afin de demeurer actif.
«Dès qu’il était fatigué, on arrêtait. Je voulais qu’il garde son jus pour ses prochains traitements. Il était positif même s’il trouvait cela très dur.»
Une promesse
Durant la dernière période des Fêtes, Parrot et sa copine sont allés chez Mailhot pour leur traditionnelle soirée de fondue.
«Pour l’occasion, Max avait apporté une bouteille de champagne, a-t-il raconté. Je lui dis que je ne buvais pas depuis un certain temps.»
«Il m’a répondu : “Parfait, je ne l’ouvre pas. On va l’ouvrir et la boire lorsque je reviendrai avec ma médaille d’or.”»
Parrot a tenu promesse lundi soir en gagnant son épreuve. La célébration est prévue pour le retour de l’athlète dans la région.
Mailhot avait une autre anecdote savoureuse au sujet du nouveau champion olympique.
«Au gymnase, je me suis toujours amusé à lui lancer des défis. Je lui disais : “Je ne sais pas si tu es capable de réussir cet exercice avec cette charge-là”. S’il réussissait, je lui payais un repas au St-Hubert».
«J’ai arrêté cela assez vite. Ça me coûtait trop cher!»
Ce qu’il apprécie de Parrot, c’est son humilité. Une valeur qui peut se perdre lorsqu’un athlète connaît du succès sur la scène internationale.
«Lorsqu’on regarde les photos du podium, tu vois qu’il a un sourire sympathique. Ce n’est pas de l’arrogance. S’il avait eu la grosse tête à un moment donné, je ne serais plus son entraîneur.»
Un voisin d’abord
Avant de travailler ensemble, Mailhot et Parrot étaient voisins sur la même rue.
«Je l’avais reconnu dans mon gymnase et je lui avais demandé la raison pour laquelle il s’entraînait, a raconté Mailhot. Je lui avais offert mon aide et son objectif était d’aller aux X-Games en snowboard.»
«À 16 ans, il m’avait dit que son plus grand rêve était d’aller aux Jeux olympiques. Je ne l’avais pas pris au sérieux sur le coup. Aujourd’hui, on en rit», se souvient-il.
Peu de temps après, la mère de Parrot lui a donné le mandat de s’occuper de la préparation physique de l’athlète. Une décision qui a ouvert la porte à une longue collaboration.
«Je me suis fait un devoir de respecter ma parole et de l’aider en tant qu’entraîneur, mais aussi en tant qu’être humain», a souligné Mailhot avec des trémolos dans la voix.