Marie-Chantal Toupin s’ouvre sur le deuil de sa mère
Daniel Daignault
À 53 ans, Marie-Chantal Toupin estime avoir encore de belles années de carrière devant elle. La chanteuse amorce donc un virage important pour regagner sa place au soleil.
«J'ai décidé de me prendre en main», lance Marie-Chantal, qui prépare son grand retour sur scène. Elle a d’ailleurs commencé par établir ses priorités pour remettre sa carrière sur les rails. Entre autres choses, la chanteuse entend se faire plus rare sur les réseaux sociaux, et elle sera plus modérée lorsqu’il s’agira d’y partager ses opinions. Ses fans, quant à eux, attendent que la chanteuse recommence à présenter des spectacles, avec la volonté de réussir. Et ça, la chanteuse l’a bien compris.
D’ailleurs, elle est bien consciente de ne pas occuper la place qu’elle devrait avoir dans le milieu de la chanson. «On ne me la donnait pas, cette place, mais enfin, ça change. J’ai vécu beaucoup d’injustices. On m’a traitée de tous les noms, de sexiste à homophobe, et j’en passe, dit-elle. C’est vrai que les réseaux sociaux et mes publications m’ont nui, mais j’ai passé l’étape qu’il fallait que je passe. J’ai perdu ma mère en 2018, je me suis retrouvée orpheline — mon père est décédé lorsque j’avais 16 ans. Je n’avais personne à qui me raccrocher. Puis, la covid est arrivée et la seule place où je pouvais exprimer mes états d’âme, c’était les réseaux sociaux. J’ai appris que ça ne me donnait pas grand-chose. J’ai compris que je me nuisais, que ça ne m’aidait pas à réussir. Il n’y a pas d’âge pour apprendre! J’ai du chien, mais c’est comme si je ne l’avais pas placé à la bonne place. C’est sûr que ça m’a joué des tours.»
Un moment difficile
Le départ de sa mère a été une étape à franchir qui n’a pas été évidente pour Marie-Chantal. «Elle est morte de vieillesse. Elle était fatiguée, elle souffrait, entre autres, de rhumatismes. Je me suis rendue à son chevet quand on m’a appelée pour me dire qu’elle n’en avait plus pour longtemps. On lui avait donné du Dilaudid (un médicament utilisé pour contrer la douleur). Elle m’attendait, j’ai été à ses côtés pour ses derniers moments. Ma mère était ma meilleure amie. J’ai eu la chance de pouvoir lui poser toutes les questions que je voulais sur sa vie, sur mon père. On avait une belle relation, elle et moi. Elle voulait me revoir chanter à la télé avant de mourir, ce qui n’a pas été possible. Elle me disait que j’avais un talent gâché. Elle m’encourageait, elle me disait de me grouiller pour retrouver ma place.»
Cela dit, Marie-Chantal va bien. Elle est visiblement enchantée de voir le tournant que prend sa carrière. Grâce au renommé producteur Martin Leclerc (Les Productions Martin Leclerc), qui a décidé de la prendre sous son aile, elle aura l’occasion de renouer avec ses fans en se produisant dans de grandes salles. Le 8 mai 2025, elle sera sur scène au Cabaret du Casino de Montréal, puis le 15 mai au Théâtre du Casino du Lac- Leamy, à Gatineau, et le 22 mai au Théâtre Capitole de Québec. Bref, elle effectue son retour sur scène par la grande porte!
«Ça me donne des ailes de savoir qu’il y a quelqu’un qui croit encore en moi. J’ai fait plusieurs spectacles cet été, mais l’an prochain ils seront plus gros et plus publics, et ça, c’est excitant. J’ai hâte de renouer avec les gens», dit-elle. Le titre de son spectacle, qu’elle élabore présentement avec sa nouvelle équipe et son producteur, devrait être Je continuerai, qui est aussi le titre de son plus récent album.
«C’est carrément un nouveau cycle que j’amorce dans ma carrière et dans ma vie. Le passé est passé, et là, quand je pense au futur, je peux enfin voir la lumière au bout du tunnel. Il y a des gens du passé qui reviennent dans ma vie, c’est-à-dire les musiciens avec qui je travaillais et qui veulent de nouveau me suivre. Ça me fait une fleur. Finalement, je n’étais pas si pire! Le fait d’avoir une nouvelle équipe m’enthousiasme beaucoup et je veux saisir cette chance.»
Pour revenir à son plus récent album, il a subi les contrecoups de la pandémie, puisqu’il a été lancé en 2020. «Il est tombé entre deux craques de plancher, et on n’avait pas l’argent pour embaucher quelqu’un pour faire le suivi auprès des stations de radio (ce qu’on appelle dans le jargon du métier le tracking radio). Mais je suis fière de cet album, et quand j’interprète certaines des chansons qui y figurent, les réactions des gens sont très bonnes. C’est encourageant.» Or, durant la pandémie, Marie-Chantal s’était tout de même retroussé les manches. «Je me suis procuré un kit de son et des lumières, et j’ai fait un vidéo pour inviter les gens à m’engager pour que j’aille présenter un spectacle chez eux, avec un guitariste, tout en respectant bien sûr la distanciation. La réponse a été très bonne: j’ai fait 52 spectacles cet été-là, et 54 l’année suivante. J’ai adoré ça! J’en ai fait d’autres cet été. En plus, je suis maintenant célébrante, ce qui me permet d’unir des couples. Du même coup, j’offre la possibilité de faire un spectacle de 30 minutes. C’est une corde de plus à mon arc depuis un an, et j’aime ça. Je suis très pieuse et c’est une chance de vivre ces beaux moments et d’avoir l’occasion d’unir des personnes pour la vie.»
Emprunter le bon chemin pour être heureuse
La chanteuse, qui a connu de nombreux succès — on pense entre autres à Maudit bordel, Comment j’pourrais te l’dire, et Soirée de filles — dit avoir fait une introspection pour savoir où elle en était. «J’ai vieilli, j’ai mûri, et disons que je m’enfarge moins dans les fleurs du tapis maintenant. Je pense que c’est lorsqu’on lâche prise que tout vient. J’ai fait le tour de ma vie, j’ai réfléchi et j’ai établi mes priorités pour les mois, les années à venir. Mon nouveau Team MCT, que je surnomme affectueusement Mamie et Papi, et moi avons sorti la ligne de cosmétiques La Collection Angel 444, qui est un succès à ce jour. J’ai réalisé que je devais emprunter le chemin qui mène là où je me sens le mieux, c’est-à-dire sur scène.»
En ce sens, le titre de son album lancé en octobre 2020, Je continuerai, exprime bien son besoin profond de reprendre sa carrière en main. D’ailleurs, elle confie qu’elle a décidé de reprendre des cours de chant. «Ça me tente d’apprendre à aller chercher d’autres notes, d’explorer une autre technique de chant et de sortir un peu de ma zone de confort. Je pense que ça ne peut qu’être enrichissant.» Marie-Chantal n’a jamais vraiment pensé abandonner sa carrière, même si elle se dit épicurienne et curieuse. «J’ai touché à plusieurs choses. J’ai travaillé comme menuisière- charpentière et peintre en bâtiment. Je suis très manuelle — mon père travaillait dans ce milieu —, mais j’ai remarqué que je n’avais plus l’étoffe pour transporter mon coffre à outils en montant 10 étages! Mais j’aime ça, essayer des choses, sauf que quand on chante à temps plein, on n’a pas le temps de penser à faire autre chose. Et c’est ma priorité. Ma passion première demeure la chanson.»
Merci à la boutique de rallonges capillaires Extension Tania, à Saint-Eustache. On suit Marie-Chantal sur les réseaux sociaux ou sur son site, mariechantaltoupin.ca.
