Mariana Mazza revient sur sa récente séparation
Patrick Delisle-Crevier
C’est l’une de nos humoristes les plus populaires. En prime, elle peint, joue pour le cinéma, a écrit un livre et rêve un jour d’ouvrir sa propre librairie. Une belle rencontre avec la charmante et colorée Mariana Mazza.
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Le moment présent
Mariana, comment vas-tu?
Je vais super bien! Je suis en meilleure forme que jamais. Je m’entraîne beaucoup et ça me fait du bien mentalement et physiquement. Je suis bien à la maison avec mes chiens et je prends du temps pour moi, avec mes amis et les gens que j’aime.
C’est donc une nouvelle vie pour toi après ta séparation d’avec ton conjoint?
Oui, effectivement, mais tout ça s’est fait doucement et d’un commun accord. Je pense que ça existe encore, des belles séparations, et qu’il y a des gens qui demeurent très proches même s’ils ne sont plus en couple. Je vis une séparation extraordinaire et je suis entourée d’amis extraordinaires. Je réapprends en ce moment à être en couple avec moi-même.
Tu as été pendant sept ans avec quelqu’un de connu et tu as toujours souhaité garder ça dans l’ombre. Pourquoi?
Je pense que les médias ont toujours été super respectueux. J’ai une bonne relation avec les journalistes, et ils ont gardé mon secret. Je n’ai jamais voulu le nommer parce qu’il avait déjà été en couple avec des filles connues et que la rupture avait été pénible à vivre publiquement. Il ne voulait pas être le «chum de» ni moi «la blonde de» dans nos carrières respectives. On tenait chacun à rester notre propre personne et non devenir «l’extension de l’autre». On avait donc décidé de ne pas afficher publiquement notre couple. Je suis convaincue que notre rupture est moins douloureuse parce que nous n’avons pas à la vivre dans l’œil du public.
Tu as deux chiens et tu me disais la dernière fois que vous tentiez la garde partagée. Ça fonctionne?
La vérité, c’est que les chiens sont chez moi et c’est lui qui doit venir les voir à la maison. Il n’est pas question que je me sépare de mes chiens. Ils sont comme mes enfants et ils sont toujours avec moi. Mon ex vient voir les chiens deux ou trois fois par semaine. Nous sommes en bons termes.
Tu m’as aussi dit, après ta rupture, que tu avais peut-être mis une croix sur l’homme de ta vie. Le penses-tu vraiment?
Le concept d’homme de ma vie était peut-être utopique dans ma tête. J’avais l’impression qu’il y avait peut-être une personne pour nous dans la vie. Je pense que ça existe, des couples qui sont faits pour être toute la vie ensemble. Mon ex correspondait à 95 % à ce que je voulais. Dans ce sens, je suis peut-être passée à côté de ça parce que je recherche le 100 %. C’est probablement difficile, voire impossible à trouver. C’est encore plus difficile dans mon cas, car je suis une fille qui réussit dans son domaine, qui est très populaire, en plus d’avoir une personnalité très forte et polarisante. Je ne fais pas l’unanimité et je suis aussi très indépendante. Je n’ai besoin de personne pour avancer et je n’ai pas besoin d’un homme pour m’émanciper. Donc, je ne pense pas que je dégage l’énergie d’une fille qui veut être en couple. Je suis peut-être pessimiste par rapport à l’amour.
Pourquoi?
J’ai l’impression que je fais peur aux hommes. Je me demande vraiment si je vais rencontrer un autre mec un jour. Quand je regarde dans mon entourage, je ne vois aucun potentiel et je ne vais pas me mettre sur des applications de rencontres.
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As-tu des attentes trop élevées?
Pas du tout. Mais depuis que je ne suis plus en couple, soit depuis huit mois, il n’y a personne qui flirte avec moi. Chaque fois que je sors, je tente de me mettre belle. Mais je ne tombe jamais sous le charme de quelqu’un. Je ne sais pas si je fais peur, mais je ne suis pas celle qu’on drague facilement. Au-delà de la façade que j’ai, je suis une fille très douce, très tendre et très connectée à ses émotions. Oui, j’ai une forte personnalité, mais je suis aussi une fille gentille.
As-tu peur de rester seule longtemps?
Ce n’est pas de la peur, je dois juste confronter ma réalité. Ça va peut-être être comme ça pour un bout. En ce moment, je suis très bien seule. J’étais très bien en couple aussi, mais j’aime être libre. Je suis bien dans ma maison de rêve que j’ai terminé de mettre à mon goût. Je me sens belle, je me sens forte, mon spectacle va bien, j’ai une équipe extraordinaire et ma carrière va bien, donc je suis mal placée pour me plaindre. Je me dis que s’il n’y a pas l’amour, il y a tout le reste.
Tu n’as pas grandi dans la richesse, mais aujourd’hui tu réussis bien. Dis-moi, quel est ton rapport à l’argent maintenant?
J’ai un rapport très sain avec l’argent et la réussite. Je suis très fière et bien consciente de la chance que j’ai. J’ai su saisir les opportunités qui se sont présentées et je suis arrivée au bon moment. J’ai aussi une équipe qui croit en moi. Je ne fais pas un projet pour l’argent, je le fais avant tout pour la passion. Je suis aussi très reconnaissante qu’il y ait des gens qui se déplacent à mes spectacles. Je réussis presque chaque soir à remplir mes salles. Je prends soin de moi et de mon entourage. Je ne tiens rien pour acquis. Mon rapport avec l’argent est beaucoup dans le partage. J’aime me gâter, mais j’aime aussi gâter les autres autour de moi. Je n’ai pas peur de manquer d’argent et je n’ai pas peur non plus de trop en faire. Je sais aussi que je ne vais pas en manquer, car je suis intelligente avec mon argent.
Quel est ton rapport à la popularité?
Depuis le début, je ne joue pas de game et je n’ai jamais été un personnage. Les gens connaissent la vraie Mariana. Je pense que j’ai toujours été transparente et honnête. Si on vient me demander de faire une photo et que ce n’est pas le bon moment pour une raison ou une autre, je vais le dire. Les gens comprennent ça.
As-tu l’impression que tu vas trop loin, des fois?
Non, jamais. Comme dirait Pierre Falardeau: «Je vais trop loin pour ceux qui ne vont nulle part.» Par exemple, dernièrement, on a fait toute une histoire parce que j’ai baissé mes culottes alors que j’étais sur scène avec Les Cowboys Fringants. Si Antoine Bertrand avait fait la même chose, ç’aurait été comique. Moi, je suis la «p’tite crisse d’haïssable». J’ai essayé d’expliquer plusieurs fois la situation et il n’y en a pas, d’explication. J’ai chanté avec eux sur scène, j’avais du fun et mes pantalons sont rendus grands parce que j’ai perdu du poids. Ils sont descendus, puis je les ai descendus au complet, pour finalement me retrouver en bobettes. Ce n’était pas de mauvais goût ou pour provoquer. Le monde a crié de surprise et on a bien ri. C’était un divertissement et rien d’autre. Pour moi, aller trop loin, ce serait de faire de la peine à quelqu’un ou rire de quelqu’un. Mais je suis une fille brillante qui aime divertir. De toute façon, il va toujours y avoir quelqu’un pour chialer.
Est-ce que les chialeux t’éloignent de tes réseaux sociaux?
Oui. Des fois, je trouve ça difficile, car quand je fais quelque chose, je le fais avec beaucoup d’amour. Encore dernièrement, il y a eu une blague sur mes toiles lors du dernier Gala Les Olivier. Il y a toujours des petits gags sur ce que je fais. C’est correct, parce qu’on rit tout le temps de ceux qui prennent plus de place. C’est toujours drôle, mais il y a aussi une petite pointe de blessure, parce que je suis une fille fière. J’aime essayer des affaires funky et m’amuser. J’aime essayer des choses, parce que les carrières qui stagnent, ça m’emmerde royalement. Je préfère vivre des montagnes russes d’émotions plutôt que de toujours faire la même affaire. J’aime y aller all in dans toute.
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Retour en arrière
Dis-moi, l’humour est arrivé quand dans ta vie?
Ce moment-là n’est jamais arrivé. Ce que je sais, par contre, c’est que j’ai rapidement aimé faire de la scène dès le secondaire. Je faisais de la danse, j’ai animé des Secondaire en spectacle et j’étais de toutes les soirées. J’ai toujours aimé ça. La vérité, c’est que je n’ai jamais vraiment voulu être humoriste. Je pense que ce que j’ai aimé de la vie d’humoriste, c’est la liberté d’être moi-même sur une scène et d’attirer l’attention.
Tu fais ce métier depuis 12 ans. Que retiens-tu de la Mariana des débuts, qui avait à peine 20 ans?
J’ai envie de lui dire bravo, parce que le chemin parcouru est malade et la carrière que j’ai aujourd’hui est celle que je voulais. Je le savais que j’allais l’avoir, parce que j’allais faire tout ce qui était en mon pouvoir pour y arriver. J’ai toujours eu un contact facile avec les gens. Je suis une fille qui aime profondément les humains. J’aime les taquiner, j’aime les faire rire et j’aime leur en donner pour leur argent. En même temps, je suis contente d’être arrivée dans l’industrie au moment où j’y suis arrivée. Je ne pense pas que ça pourrait fonctionner si je débarquais en humour maintenant.
Pourquoi?
Les choses ont changé. Je pense que pour dire les choses que je dis maintenant, il faut être établi. Aujourd’hui, le cadre est plus serré, et les gens sont rendus très réactifs à tout. Je ne pourrais pas arriver avec mes numéros de l’époque aujourd’hui. Ça passerait beaucoup moins.
Parle-moi de ton livre Montréal-Nord...
Ç’a été tellement thérapeutique de l’écrire! Là, je suis occupée à l’écriture du deuxième, qui va parler de mon adolescence. Il est beaucoup moins thérapeutique. Avec le premier, j’apprenais un nouveau métier. Le deuxième est beaucoup plus dans le travail et je sais un peu plus où aller. Je suis rendue à 120 pages.
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Cela t’a-t-il été difficile de te replonger dans ton enfance?
Pas du tout, mais j’ai réalisé cependant que l’enfant que j’étais a eu de grandes répercussions sur l’adulte que je suis aujourd’hui. Je pense que j’étais une petite fille heureuse, mais très troublée par les gens autour d’elle. J’étais très émotive. J’ai eu une belle enfance, parfois atypique aux yeux des gens, mais pour moi, elle était parfaite.
Comment va ta maman?
Elle va bien. En même temps, je sais qu’elle vieillit, et je croise les doigts pour la garder longtemps et pour qu’elle ne tombe pas malade. Je me suis beaucoup assagie par rapport à ma mère et je ne veux plus vivre dans la peur de la perdre. Je tente plutôt maintenant de vivre chaque moment avec elle. On s’en va en Italie ensemble cet été avec mon beau-père. Je lui parle tous les jours, et nous avons maintenant une relation très saine et très fusionnelle. Ça n’a pas toujours été le cas à l’adolescence.
Ton père a été absent durant presque toute ta vie. Est-ce que cette absence t’a affectée?
Ça m’a affectée pendant un bout et ça a expliqué beaucoup de réactions que j’avais en couple. Ça a aussi expliqué beaucoup de débordements d’émotions, des intensités et des peurs que j’ai eus dans ma vie. Mais c’est réglé, aujourd’hui. J’ai géré tout ça et je suis maintenant guérie.
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Droit devant
Qu’est-ce qui t’occupe, ces jours-ci?
Je tente de compartimenter mes choses. Chaque jour je lis, je fais une petite heure ou deux de peinture, je vais au parc avec mes chiens, je cuisine et j’écoute un épisode d’une série ou un film. Un jour sur trois, j’écris une page de mon livre et je fais aussi des spectacles. Donc, chaque jour, je tente d’avancer mes projets et j’aime ça comme ça. J’aimerais présenter mon livre à l’automne 2024. À l’automne 2023, il va y avoir une deuxième expo de mes toiles. Cette nouvelle série d’œuvres sera beaucoup inspirée de la cinématographie.
Commences-tu déjà à penser au prochain spectacle?
Oui, je suis en train de l’écrire. Je suis actuellement en mode de prise de notes. J’écris plein de choses qui me viennent en tête, des choses qui me font rire, des choses qui m’énervent et donc à l’hiver 2024, je termine ma tournée Impolie, ensuite je lance mon deuxième livre et, à l’hiver 2025, je veux sortir mon prochain spectacle. J’aime voir les projets à l’avance.
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Tu as déjà dit que tu ne voulais pas d’enfant. As-tu changé d’idée?
Non, je ne veux pas d’enfant. C’est pas mal clair pour moi. Je regarde mes amis qui ont des enfants et j’aime passer du temps avec eux. C’est fantastique et ils sont adorables, mais j’aime rentrer chez moi après. Je n’ai jamais eu cet appel, et je n’ai même jamais douté de cela. Des fois, je tente de m’imaginer avec un bébé et ce n’est pas moi. Mes chiens me comblent dans ce dont j’ai besoin pour satisfaire mon côté maternel, pour les bisous et pour l’affection. Je sais que ce n’est pas pareil, mais je n’ai pas besoin de plus.
Tu as fait du cinéma, tu as écrit, tu fais de la scène et tu peins. Dis-moi, comment vois-tu la suite?
Si j’ai de belles propositions, j’aimerais faire du cinéma, mais ce n’est pas non plus une priorité. Pour la suite, ce sera de continuer de faire ce que j’aime! D’ici mes 40 ans, j’aimerais avoir fait mon troisième spectacle, publié ma trilogie de livres et avoir eu trois expositions. Finalement, c’est le chiffre trois qui est à l’honneur dans les prochaines années. Plus tard, j’aimerais avoir une librairie. Ce serait mon début de retraite. J’aimerais jouer dans une série dramatique du genre Plan B. J’aimerais vivre un tel défi en tant qu’actrice. Je veux penser à plus tard et à ma carrière après l’humour. Je suis dans mes belles années et je sais que tout ça aura une fin. Je ne sais pas si c’est ce que je souhaite faire toute ma vie. J’ai tellement de passions en dehors de l’humour et j’ai envie de les vivre à fond.
Pour plus d’informations sur sa tournée.
Mariana a participé à la docusérie Comme des papillons, qui traite de santé mentale et qui est offerte sur Vrai depuis le 25 avril. Jérémy Demay, Marc Dupré, Louise Latraverse, Claude Legault, Jonathan Roy, High Klassified et Victoria Charlton font aussi partie du projet.