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Culture

Malgré ses grands succès, Marthe Laverdière reste dans la naïveté

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Samuel Pradier

2024-08-13T10:00:00Z
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En quelques années, Marthe Laverdière est devenue une incontournable du jardinage et distille ses conseils avec son franc-parler, son naturel et son humour si particulier. Marthe Laverdière est aussi autrice de romans historiques et elle poursuit en plus la tournée de son spectacle d’humour. Rencontre avec une femme vraie, authentique et multitalentueuse.

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Le bonheur semble indissociable de Marthe Laverdière, qui répond à notre appel avec un grand sourire dans la voix. La vie paraît belle pour elle, malgré les hauts et les bas de l’existence, et elle la savoure pleinement. Elle est d’autant plus excitée, en ce début du mois d’août, car elle vient de publier La Delle: Antonin, le deuxième tome de sa nouvelle saga, lancée en mars dernier. Le premier roman parlait notamment des filles-mères, qui étaient obligées de se débarrasser de leur enfant. «La thématique de ce deuxième livre est le combat d’Alvina, à savoir si elle va réussir à garder son enfant proche d’elle sans que les gens le sachent. Elle a réussi à le placer chez la voisine, en faisant croire que son propre enfant était mort. Alvina est une femme intelligente, qui avait de l’argent, et qui a pu acheter le silence de l’un et de l’autre, et qui a surtout pu garder un oeil sur son enfant, toute sa vie, sans qu’il sache qu’elle était en fait sa mère.» Même si Antonin est aussi le vrai prénom de son père, ce n’est toutefois pas son histoire qu’elle raconte dans son livre. «Je voulais faire un clin d’oeil à mon père, parce qu’il a été quelqu’un de très important dans ma vie. Je trouvais que c’était une façon de lui rendre hommage.»

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L’acte d'écriture 

Authentique dans toutes les sphères de sa vie, Marthe explique qu’écrire est assez naturel pour elle. «Pour La Delle, le fond de l’histoire est vrai. C’est une fille-mère qui a eu un enfant et qui a vécu en tant que voisine, à côté de lui, sans que l’enfant le sache, jusqu’à l’ouverture du testament, où il a découvert qui était sa mère. C’est quelque chose qui s’est passé dans mon patelin. Ensuite, je dirais que tout le reste du roman s’est fait presque tout seul.»

L’autrice n’a pas nécessairement de plan, de fiche de personnages ou de stratégie établis d’avance. «Je commence à écrire, et c’est comme si l’histoire venait d’elle-même, comme si les personnages prenaient vie et agissaient tout seuls. Parfois, je reste même surprise, et après, je me dis: “Coudonc, il est arrivé ça!” L’histoire se fait toute seule. Au début d’un roman, je connais le début, l’histoire de fond et la fin. Le reste arrive au fur et à mesure.»

Les recherches historiques se font en amont, notamment à travers des photos anciennes des villages qu’elle réussit à retrouver. «C’est plus facile pour reconnaître les lieux, savoir combien de temps ça va prendre pour aller d’un endroit à un autre, par exemple. Avec les photos, on voit aussi des gens. Dans mon livre, il y a le curé Brau. L’histoire est romancée, mais cet homme a véritablement vécu à Saint-Damien. Il y a fait des choses extraordinaires; c’était un curé colonisateur, qui a eu son importance. Il y a aussi eu une congrégation des Soeurs de Notre- Dame-du-Perpétuel-Secours dans le village. Mais à côté de la vérité historique, je rajoute du crémage, assez pour pogner le cholestérol!»

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Un style original

Quand on lit les romans de Marthe Laverdière, on a parfois l’impression d’entendre sa voix, qu’elle nous raconte son histoire. Ce style très oral n’est pas le fruit du hasard. «D’abord, par exemple, c’est important pour moi d’écrire les dialogues en joual, parce que c’est important de se rappeler comment parlaient nos grands-parents, leurs tournures de phrases, les mots qu’ils utilisaient. En plus, j’adore ça, je suis très attachée au vieux français. Et ça ne serait pas crédible qu’ils parlent dans un français correct.» Mais Marthe a aussi une façon particulière d’écrire. «Je me dis l’histoire à voix haute, comme si je me la racontais à moi-même, et ensuite, je me mets à l’écriture. Pour donner cette impression que je vous raconte l’histoire en la lisant, je dois faire comme ça.»

Si Marthe écrit des romans dont l’histoire est située dans le passé, c’est d’abord et avant tout parce qu’elle aime ça. «On doit se souvenir des gens qui sont passés avant nous. Ce qu’ils ont vécu dans le temps, ce sont des choses qui ne doivent pas se perdre. J’ai très fort en moi cette mémoire, celle de mes ancêtres. J’ai besoin qu’on n’oublie pas ça, ce qu’ils ont vécu, leur façon de vivre, ce qu’ils mangeaient, comment ils cultivaient... J’ai besoin de faire perdurer ça dans un livre pour que les générations suivantes se souviennent. J’aime beaucoup le passé. “Quand tu sais d’où tu viens, tu sais où tu vas”, disait mon père.»

Une frénésie créative 

Seulement cinq mois séparent la sortie du premier tome et du second, et on se demande où Marthe trouve le temps d’écrire, en plus des autres projets qu’elle mène de front. «J’écris beaucoup la nuit, parce que je ne dors pas beaucoup. Je trouve aussi que c’est un moment où rien ne peut me déranger. Antonin m’a pris 36 jours d’écriture, et le premier, Alvina, 34 jours. Ça va quand même vite, parce que j’ai l’impression que l’histoire est déjà dans ma tête. Quand je me mets à l’ordinateur, ça coule tout seul. Je n’ai pas le syndrome de la page blanche.»

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Elle reconnaît que si elle dort peu, c’est notamment parce qu’elle est hyperactive. «Mon cerveau est toujours en effervescence, mais je n’ai jamais voulu être médicamentée. Quand j’étais petite, mon cerveau voulait aller trop vite. En arrière de chez nous, il y avait un petit ruisseau avec de l’eau très froide. Quand ça allait trop vite dans ma tête, j’allais me la mettre dans le ruisseau pour essayer d’arrêter ça. Mon père m’avait dit: “Ça ne marche pas de même. Canalise ça pour être productive, et ne dérange pas les autres.”»

Marthe travaille actuellement sur un nouveau projet de livre pour le printemps prochain. Ce sera un genre hybride, avec du jardinage, mais aussi d’autres thématiques.

Retour à la télé 

Preuve de son succès, son émission Planter avec Marthe, diffusée à TVA, vient d’être renouvelée pour la saison prochaine. «C’est juste du plaisir, cette émission. Comme je dis toujours: “Si jardiner te stresse, ne jardine plus, t’es pas obligé.” Il faut que ça soit plaisant, et ne pas se mettre de contrainte. Jardiner, c’est de l’apprentissage, de la curiosité, et ça vient avec des réussites et des échecs, pour moi comme pour les autres. La nature est en mutation constante et il y a toujours de nouvelles choses qui arrivent.»

Même si l’émission se veut légère et drôle, elle diffuse beaucoup d’informations pertinentes pour les jardiniers en herbe. «Je dis toujours aux gens qu’on va apprendre en riant. Si on se trompe, ce n’est pas grave, et si tu ne comprends pas, ce n’est pas grave non plus.»

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Chaque épisode demande quand même un sacré travail pour Marthe et son équipe. Le tournage d’une émission se déroule sur trois, quatre heures, mais il y a aussi la préparation en amont, avec le choix du thème, le repérage sur le terrain et le choix des plantes, avec l’approbation de l’artiste... «Ils ont tous embarqué dans ma folie. On a appris ensemble, on a ri ensemble et on a sué ensemble.»

Pour la prochaine saison, elle aimerait mettre l’accent sur la manière dont nos aïeux travaillaient la terre, en ramenant davantage de trucs de grand-mère qui ne coûtent quasiment rien. «La nature fait ça toute seule. Il suffit juste de l’accompagner, sans vouloir la diriger. On va essayer d’aller dans cette direction-là.»

En attendant le tournage de cette seconde saison, elle poursuit sa tournée du Québec avec son spectacle, Marthe Laverdière fait son show, dont les dates s’étalent jusqu’en juin 2025. «Je suis très contente et je n’aurais jamais pensé que ça soit possible. La vie est bonne avec moi, et tout le monde embarque dans mes folies. Voir le monde rire et oublier leurs tracas pendant une heure et demie, ça fait du bien, autant à moi qu’à eux. J’ai un fun noir à le faire.»

Un succès transversal

Quoi qu’elle touche, Marthe Laverdière semble le transformer en succès. «Quand on a dépassé les 125 000 billets vendus, je trouvais ça ben normal. Je pensais que ça arrivait à tout le monde. Il n’y a rien qui me surprend dans ce milieu, je pense que tout est normal, parce que je ne sais pas vraiment comment ça fonctionne. Je reste un peu dans la naïveté. Je ne me pose pas trop de questions, je ne suis pas une personne qui analyse tout.»

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Reste que son élan créatif et son envie de faire plein de choses différentes poursuivent un seul but: amasser de l’argent pour sa fondation afin de créer une maison de répit pour les enfants handicapés. Cet engagement, Marthe le fait avant tout pour sa petite-fille, Jeanne, qui est atteinte du syndrome de Rett. «Quand ça va arriver, qu’on aura cette maison de répit, vous allez me voir beaucoup moins, parce que je veux aller faire du bénévolat et aider ces enfants-là. J’ai besoin d’être avec eux, je les adore. Ils nous donnent tellement, tellement d’amour, même s’ils ne parlent pas, ne marchent pas. Ce qui se dégage d’eux, c’est de la pureté. Ils sont dans l’amour, tout le temps.»

Le livre La Delle, T. 2: Antonin sera disponible en librairie à compter du 7 août. Planter avec Marthe est diffusée le lundi, à 19 h, à TVA, et disponible en rattrapage sur TVA+. Toutes les dates du spectacle Marthe Laverdière fait son show sont disponibles sur marthelaverdiere.ca. Toutes les infos sur la fondation au fondationmarthelaverdiere.com.

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