Roman d’ici: que vous aimiez les chats ou pas, «Ils sont parmi nous» est à lire absolument!

Josée Boileau
Une écrivaine revisite ses nouvelles en leur ajoutant des chats (c’est vendeur!), prouvant ainsi qu’elle a toujours l’esprit malicieux!
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Suzanne Myre sait bien qu’un recueil de nouvelles n’a jamais droit au même statut que l’art du roman, qu’elle pratique aussi. Mais comme elle le souligne en préface, elle est si bien dans ses petites histoires!
Elle a donc décidé de remanier des textes publiés au fil des ans, dans différentes revues littéraires, en y mettant des chats partout où il n’y en avait pas déjà. Les gens les adorent, et elle aussi! Le clin d’œil du titre est donc assumé: Ils sont parmi nous.

La première nouvelle, Camus et son étranger, joue d’ailleurs sur cette thématique, puisqu’un chat en est le narrateur.
Poilu, rebaptisé Camus, aurait bien fini ses jours à paresser dans sa cage à la SPCA. Mais un aspirant écrivain a décidé de l’adopter – car «tout écrivain se doit de posséder son chat, c’est une question de vie, de mort, de réputation, d’inspiration». Le chat, lui, doit se comporter en mignonne bête à photographier. L’enfer!
C’est là l’approche du recueil: des histoires inusitées ayant pour cadre le quotidien le plus ordinaire et des personnages qui le sont aussi. Sauf que la vie leur réserve des surprises, racontées avec le sourire en coin.
Ici, un ballon qui a tout d’une tête de bonhomme va joliment sortir Clarisse de sa torpeur de nouvelle retraitée. Là, au contraire, la narratrice surprend son conjoint et sa meilleure amie dans une position dite «ce n’est pas ce que tu penses»! Elle aussi, sa vie va changer, mais non sans défoulement!
Observations comiques
Au fil des nouvelles, on rencontrera d’autres couples à la sexualité mal ajustée; encore des aspirants écrivains; et des gens laids (mais qu’est-ce que la laideur?). Des textes plus tendres font allusion au travail de Suzanne Myre dans la vie réelle: brancardière dans un hôpital.
Mais dans tous les cas, les observations comiques et les allusions cocasses (et les chats!) sont au rendez-vous. Même lorsque ça vire à la cruauté, l’ironie affleure. Par exemple, quand le protagoniste de Fiodor se découvre un destin de tueur en série, maman sera assassinée en lisant Le silence des agneaux!
Myre s’inclut dans ses moqueries. Dans La nouvelle dont vous êtes le héros, la narratrice cause d’une auteure qui lui ressemble drôlement et qu’il lui faudrait bien tuer afin «qu’elle cesse de [l’]empoisonner avec ses histoires courtes»! Suffirait ensuite de la découper en morceaux et d’expédier ceux-ci à «des gens qui ont parlé d’elle en bien ou en mal» - soit toute une liste de journalistes littéraires, dont l’auteure de ces lignes!
Que ce soit un procédé racoleur ou non, l’opinion de la chroniqueuse ne change pas: Suzanne Myre a l’esprit fin et la plume pétillante. Et que cela tienne nouvelle après nouvelle – une vingtaine dans ce recueil-ci –, c’est un ravissement.
Ils sont parmi nous
Suzanne Myre
L’instant même
200 pages
2025