Le trophée de la résilience
Jessica Lapinski
C’est grâce à la force de caractère qui la caractérise depuis le début de sa carrière que Leylah Fernandez a remporté son deuxième titre de la WTA, dimanche. La Québécoise a dû effacer pas moins de cinq balles de championnat avant de pouvoir soulever à nouveau le trophée à Monterrey.
Cette victoire de 6-7 (5), 6-4 et 7-6 (3) aux dépens de la Colombienne Camila Osorio permet à la Québécoise de défendre ce titre acquis il y a un an et les précieux points au classement qui l’accompagnent.
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Mais comme l’indique le pointage, cette finale, disputée en près de trois heures, fut loin d’être une ballade dans le parc pour la championne défendante. À 6-5, manche ultime, Osorio a eu quatre occasions de mettre un terme à la rencontre. Elle en avait eu une autre un peu plus tôt, au neuvième jeu.
Cette cinquième balle de match, Leylah l’a d’ailleurs effacée dans d’étranges circonstances. L’intensité des lumières dans le stade mexicain avait subitement baissé au plein milieu de l’échange précédent.
La deuxième favorite a perdu le point, mais a plaidé sa cause à l’arbitre, demandant même à voir le responsable des officiels. Elle jugeait que ce changement de luminosité l’avait embêtée.
Sa requête fut veine et Osorio, classée cinquième favorite et 44e mondiale, a encore une fois eu le titre au bout de sa raquette. Il a fallu que Fernandez attende une vingtaine de minutes, le temps que l’éclairage revienne totalement, pour servir à nouveau.
Malgré l’attente, la joueuse de 19 ans n’a pas tremblé. Elle a remporté ce point, puis le suivant, transportant les deux joueuses dans un bris d’égalité qu’elle a dominé.
Une longue accolade
Très émue, la championne du jour a brandi le poing à plusieurs reprises une fois son sacre confirmé. Il y a un an, lors de son premier couronnement, la gauchère s’était dite attristée d’avoir gagné en l’absence de sa famille.
Mais cette fois, elle a pu grimper dans les estrades afin de retrouver son papa, Jorge, qu’elle a étreint longuement.
Leylah a d’ailleurs ravalé ses larmes quand elle a remercié son père, « son entraîneur et son meilleur ami », pour son soutien tout au long de la dernière semaine, lors de son discours sur le terrain.
Une allocution que la Québécoise a faite entièrement en espagnol, l’une des trois langues qu’elle maîtrise, avec le français et l’anglais.
Elle tirait de l’arrière
Ces cinq balles de championnat effacées n’ont pas été l’unique démonstration de la force de caractère de Fernandez dans cette confrontation. Une volonté de gagner que plusieurs ont découvert lors des derniers Internationaux des États-Unis, lorsque la Lavalloise d’origine a éliminé quatre favorites avant de s’incliner en finale.
Après avoir perdu une première manche qu’elle menait pourtant 4-1, la petite joueuse a rebondi au deuxième set. Elle a bien laissé filer un de ses deux bris d’avance, mais est cette fois parvenue à stopper l’hémorragie pour créer l’égalité dans le match.
Leylah a ensuite tiré de l’arrière 3-1, puis 4-2 dans cette manche ultime. Il faut dire qu’à l’instar de sa rivale du jour, Osorio, 20 ans, s’est aussi avérée être une tenace compétitrice. Elle s’est notamment offert 15 occasions de prendre le service de Fernandez et a réussi quatre fois.
Voilà donc Fernandez championne à nouveau, dans un tournoi qui, manifestement, lui sied bien. Ce titre lui permet de devenir la Québécoise la plus titrée dans l’histoire de la WTA. Aleksandra Wozniak (Stanford, 2008) et Eugenie Bouchard (Nuremberg, 2014) sont les deux autres joueuses de la province à y avoir été couronnées.
Il lui permet aussi de s’enrichir de quelque 40 000 $ et de demeurer 21e au classement mondial, très près d’une place parmi les 20 meilleures.
Mais surtout, il confirme que la bonne forme affichée pendant la quinzaine new-yorkaise, en septembre, n’était pas le fruit du hasard.
Fernandez and her fan club 🤳💯@leylahfernandez | #AbiertoGNPSeguros pic.twitter.com/euEKItws6r
— wta (@WTA) March 7, 2022