Les tarifs de Trump sur les voitures vont faire très mal à tout un écosystème
Yannick Beaudoin
Les tarifs de 25% sur les voitures produites à l’extérieur des États-Unis, annoncés par Donald Trump mercredi, auront un impact majeur sur tout un écosystème implanté depuis plusieurs décennies à travers l’Amérique du Nord, clame l’économiste principal à la Corporation des associations de détaillants d’automobiles du Canada, Charles Bernard.
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En entrevue à l’émission À vos affaires, ce dernier a avoué être inquiet par l’aspect permanent de la mesure du gouvernement américain.
«Dans les derniers mois, on avait des discussions difficiles avec cette administration-là, mais on pensait que c'était plus un levier de négociation. Là, il semble que c'est vraiment intégré à une stratégie économique à long terme, une stratégie qui va venir être un frottement ou un facteur de changement dans une économie hautement intégrée qui va avoir un impact économique sur les consommateurs canadiens et sur les travailleurs canadiens – qui sont souvent les mêmes personnes – et les concessionnaires, évidemment», a-t-il expliqué.
La situation demeure frustrante pour plusieurs acteurs économiques canadiens.
«Dans les cinq dernières années, quand on a négocié l'accord en 2018, le but de l'accord était de protéger le marché nord-américain des dynamiques externes. Et si on crée un véhicule au Canada ou au Mexique, il y avait une quantité de valeur régionale américaine suffisante, mais le véhicule n'avait pas à être taxé d'une certaine manière. Donc, on avait déjà un peu établi ces balises-là pour créer un système qui fonctionnait bien. Et aujourd'hui, on apprend qu'on s'en va dans une direction différente qui va faire mal à beaucoup de gens», a soutenu Charles Bernard.
Celui-ci admet que les tarifs américains vont porter un dur coup à l’industrie automobile canadienne, en particulier celle du sud de l’Ontario.
«Cet écosystème-là a été intégré depuis les 40 dernières années à l'écosystème commercial en Amérique du Nord, où les compagnies, en s'installant en Amérique du Nord, bénéficient ou optimisent leur système de production à travers les avantages comparatifs des trois pays. Donc, nous, c'est la location, proximité avec les États-Unis, la qualité de nos travailleurs. Au Mexique, par exemple, le coût des investissements, la quantité des travailleurs, leur qualité aussi», a indiqué l’économiste.
Impacts au Québec
Le Québec ne sera pas pour autant épargné, puisque 60% de l’aluminium utilisé dans les véhicules américains provient de la Belle Province.
Par ailleurs, les consommateurs québécois seront eux aussi touchés au cours des prochaines semaines et des prochains mois, a noté M. Bernard.
«Il y a déjà des marques qui ont même dit à leurs concessionnaires, à leurs détaillants, qu'on n'a pas encore la géométrie de ces hausses-là, mais préparez-vous à avoir une volatilité dans les prix, parce qu'on travaille, on navigue à travers ces changements-là», a-t-il dit.
Néanmoins, il faut éviter de baisser les bras et de s’imaginer que la décision de Donald Trump est irréversible.
«Il faut retourner à la table et essayer de souligner à travers les leviers qu'on a au Canada, mais aussi les leviers américains, pour identifier et encore renforcer l'idée que c'est une économie intégrée. Le secteur automobile, lorsqu'il va bien, la santé économique américaine va bien», a clamé Charles Bernard.
Pour voir l’entrevue complète, visionnez la vidéo ci-haut.