Les Québécois n’utilisent pas leur VUS à pleine capacité: pourquoi sont-ils aussi populaires?
Andrea Lubeck
Non seulement les véhicules utilitaires sport (VUS) sont néfastes pour l’environnement et sont coûteux, mais les Québécois ne les utilisent pas à leur pleine capacité, révèle un rapport d’Équiterre. Qu’est-ce qui explique qu’ils sont de plus en plus populaires?
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Moins de quatre propriétaires de VUS sur dix en utilisent tout l’espace de chargement au moins une fois par semaine, peut-on lire dans le sondage mené par le CIRANO auprès de 1020 conducteurs québécois. Ils sont autant à utiliser la majorité des sièges de leur véhicule au moins une fois par semaine.
Les trois quarts n’ont par ailleurs jamais de charge à tirer.
Malgré cela, nos routes se remplissent de plus en plus de camions légers, une catégorie qui comprend les VUS, les camionnettes (pick-up) et les fourgonnettes (minivan).
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Plusieurs facteurs expliquent cette tendance, notamment les efforts de l’industrie automobile pour faire «disparaître l’offre de petits véhicules au profit des camions légers», soutient Andréanne Brazeau, analyste des politiques climatiques chez Équiterre.
«L’effet que ça entraîne, c’est donc que l’industrie automobile va essayer de vendre les VUS qui sont maintenant une grande partie de ce que l’on retrouve sur le marché», poursuit-elle.
En effet, les VUS comptaient pour 71% des ventes de véhicules au Québec en 2021, selon des données de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal. On parle d’une hausse des ventes de 253% entre 1990 et 2021.
La publicité aussi en cause
Mais cette demande ne s’est pas créée toute seule, ajoute l’analyste. Elle s’est «fort probablement» formée «à grand coup de publicité» sachant que les répondants ont identifié le prix, la sécurité et le coût de l’essence comme les critères les plus importants à l’achat d’un véhicule.
Pourtant, les VUS se vendent environ 10 000$ plus cher que les berlines et consomment en moyenne 20% plus d’essence, selon des calculs d’Équiterre. Ils sont également impliqués deux fois plus souvent dans des collisions et sont plus mortels pour les piétons et les autres automobilistes.
«La popularité des gros véhicules est contradictoire avec les critères les plus importants pour les consommateurs», affirme Andréanne Brazeau.
Réflexion sur la sobriété
C’est pourquoi l’ONG a lancé lundi la campagne «Évaluez vos vrais besoins», qui permet de comparer l’impact sur l’environnement, le niveau de dangerosité et la différence de coûts de deux véhicules à l’aide d’un outil.
«La question n’est pas de faire la morale aux gens. Il est plutôt question de faire réfléchir sur la notion de sobriété en matière de transports», souligne Andréanne Brazeau.
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Elle avance que la réglementation est une solution efficace pour contrer le problème, tant du côté des constructeurs automobiles que chez les consommateurs. L’adoption de mesures d’écofiscalité, par exemple le système de bonus-malus à l’achat de véhicules polluants, en est un exemple.
Des véhicules polluants
Même si l’empreinte environnementale ne figure pas parmi les critères les plus importants dans le choix d’un véhicule, il faut savoir que les VUS sont responsables de 50% de la hausse des émissions de gaz à effet de serre (GES) au Québec.
D’ailleurs, si les VUS étaient un pays, ils arriveraient au sixième rang des plus grands émetteurs au monde: leurs émissions de carbone ont avoisiné le milliard de tonnes en 2022, a révélé l’Agence internationale de l’énergie dans un rapport publié à la fin février.