«Jeune personne» aux «épaules frêles»: Robert Poëti s’en prend à une experte en environnement
Élizabeth Ménard
L’ancien politicien et actuel président-directeur général de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ) Robert Poëti s’en est pris à une experte en environnement d’Équiterre sur les ondes du 98,5, accusant l’organisation de faire reposer sur «une jeune personne» aux «épaules frêles» sa récente campagne publicitaire anti-VUS.
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Appelé par l’animatrice Nathalie Normandeau à réagir à une campagne de publicité anti-VUS de l’organisme Équiterre lancée lundi matin, M. Poëti s’en est pris à la représentante de l’organisme, Andréanne Brazeau, qui était au micro juste avant lui, et à sa directrice Coleen Thorpe.
«Mme Brazeau repose sur ses épaules frêles l’ensemble des orientations de sa directrice générale Mme Coleen Thorpe, Mme Bergeron [Marilène, gestionnaire de projet mobilité], de son conseil d’administration», a lancé l'ancien député libéral.
«Ils envoient cette jeune personne-là qui, évidemment, a un vécu qui va avec son âge, qui ne connaît pas l’histoire, qui ne s’est pas informée à travers les années, qui a une vision à la longueur de son nez et là ça commence à aller vraiment trop loin.»
Ce matin, après une entrevue sur la campagne #pasdeVUSpourmoi au @le985fm, Robert Poëti de la @CCAQ s'en est pris personnellement à moi. C'est inacceptable.
— Andréanne Brazeau (@andreannebraz) May 9, 2022
On peut ne pas être en accord, mais il faut débattre avec respect.
L'extrait est à 25:10 👇 https://t.co/USYQvriWwL
Mme Brazeau détient un bac en études internationales, un diplôme d'études supérieures spécialisées en gestion de l'environnement obtenu avec mention d'excellence et termine une maîtrise en études politiques appliquées, cheminement en environnement, cette année. Après un passage à ENvironnement JEUnesse, elle a été consultante en environnement, auxiliaire de recherche pour la chaire UNESCO-PREV de l'Université de Sherbrooke et consultante en politiques publiques, entre autres. Elle est chez Équiterre depuis deux ans où elle occupe présentement le poste d’analyste politique en mobilité durable.
Elle était au micro de L’effet Normandeau lundi matin pour défendre la campagne «Pas de VUS pour moi».
«On souhaite communiquer les conséquences réelles de la multiplication des gros véhicules sur nos routes, a-t-elle expliqué. On se base sur la science qui nous montre qu’il y a un problème. Les émissions de GES en transport continuent d’augmenter à cause de cette tendance-là, et étant donné que l’industrie automobile prend une très grande place dans les médias, on essaie de venir faire un contrepoids.»
L’électrification des transports
M. Poëti en avait particulièrement long à dire sur la question des VUS électriques, affirmant qu’Équiterre s’y oppose.
«Il est 100% zéro gaz à effet de serre, un [VUS] électrique, mais ils sont contre», a-t-il dit.
En réalité, les voitures électriques ne sont pas zéro GES puisque leur production en induit. Une voiture électrique de taille moyenne doit avoir parcouru 85 000 km avant d’être à parts égales, en termes d’émissions, avec une voiture à essence de taille similaire.
«Quand tu as un gros truc [comme un VUS], il y a beaucoup de ressources qui sont mises dedans pour pouvoir le produire. Le nombre de kilomètres que tu dois rouler avec de l’électricité avant d’avoir atteint la même part qu’un petit véhicule à essence, ça doit être assez astronomique», avait estimé l’expert en mobilité durable et professeur à l’Université Laval Dominic Villeneuve dans une entrevue accordée le mois dernier sur l’arrivée du Hummer électrique.
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M. Poëti s’en est ensuite pris à la directrice d’Équiterre, Coleen Thorpe.
«Mme Thorpe, dans ma première rencontre avec elle, m’a dit tout à fait candidement: mon conjoint a un gros véhicule parce qu’il trouve ça pratique. J’aimerais ça qu’il s’en débarrasse», a-t-il lancé avant que l’animatrice l’invite à ne pas personnaliser le débat.
«Mais je suis obligé, a-t-il répliqué, parce que ces gens-là nous attaquent sur une base personnelle.»
Entre 1990 et 2018, le nombre de VUS sur les routes du Québec a bondi de 306%. Leurs émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 161% durant la même période.