Suzuki, un Kovalev en version nettement améliorée
Jonathan Bernier
On reconnaît les grands joueurs à la capacité qu’ils ont de hausser leur niveau de jeu dans les moments cruciaux. On se doutait que Nick Suzuki était issu de ce moule, mais puisque le Canadien s’est toujours retrouvé en dehors du portrait des séries de bonne heure depuis son arrivée dans la LNH, ça restait à être prouvé.
C’est maintenant fait. Comme ça se produit pratiquement chaque soir depuis qu’il a demandé à Kent Hughes de garder la formation intacte à l’approche de la date limite des transactions, Suzuki, dans ce gain de 4 à 1 face aux Bruins, a participé au pointage.
La savante passe qu’il a servie à Cole Caufield lui a permis d’obtenir son 80e point de la saison (il en a ajouté un 81e en marquant dans un filet désert).
«Ce que je veux, c’est aider l’équipe à gagner, a soutenu le capitaine une fois de retour au vestiaire. Que ce soit en inscrivant le plus de points possible ou en jouant bien défensivement.»
Une saison de 80 points, ça ne s’était pas vu dans l’uniforme tricolore depuis les 84 enregistrés par Alex Kovalev, en 2007-2008.
Le Russe fut le joueur le plus excitant du Canadien jusqu’à l’émergence de ceux de la nouvelle génération. Par contre, il avait la réputation de se présenter un match sur quatre.
Ce n’est assurément pas le cas de Suzuki. L’attaquant de 25 ans joue avec la même intensité pendant 82 matchs. Au grand plaisir des partisans du Canadien, dont il est, évidemment, l’un des favoris.
«Les amateurs aiment voir de l’attaque. Plus on deviendra une bonne équipe, plus on aura de joueurs qui produiront», a-t-il soutenu.
Rare domination
En attendant, grâce à cette victoire face aux Bruins, la troupe de Martin St-Louis demeure la seule détentrice du huitième et dernier rang donnant accès aux séries éliminatoires dans l’Association de l’Est.
Le Tricolore a dominé ses ennemis jurés comme on ne l’avait pas vu faire depuis la Classique hivernale du 1er janvier 2016.
Au premier vingt, les visiteurs ont tenté d’échanger coup pour coup sur le plan des occasions de marquer. Mais ils sont tombés à plat dès le retour du vestiaire lorsque Christian Dvorak a ouvert la marque dès la quarantième seconde.
À partir de ce moment, le Canadien a perdu les Bruins dans la brume. Samuel Montembeault n’a pas vu passer beaucoup de jack-straps dans son demi-cercle tellement l’action se déroulait loin de lui.
En fait, il n’a senti que celui de David Pastrnak, couché sur lui pendant qu’Elias Lindholm logeait la rondelle dans un filet béant.
Méconnaissables, les Bruins
D’ailleurs, avez-vous été en mesure de reconnaître les joueurs des Bruins? Véritable exemple de stabilité au cours des 15 dernières saisons, les Bostoniens ont coupé les ponts avec Brad Marchand, Brandon Carlo, Charlie Coyle et Trent Frederic.
Ajoutez à ces départs les absences de Charlie McAvoy et d’Hampus Lindholm, blessés, et vous vous retrouvez avec une équipe sans trop d’âme et avec une défensive assez poreuse.
Ça donne ce qu’on a vu hier. Des sorties de zone coupées à la tonne et une enclave aussi peu surveillée que le chemin Roxham en 2022.
Pas surprenant que les Bruins aient perdu leurs 10 derniers matchs (0-9-1) et occupent le dernier rang de l’Association de l’Est pour la première fois depuis l’époque de Jozef Stumpel.
