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L'article provient de Le Journal de Québec
Éducation

Encore des fenêtres ouvertes: les élèves gèlent dans des écoles en plein hiver

Ils gardent leur manteau et des profs apportent leur chaufferette car des fenêtres doivent être ouvertes pour aérer

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Photo portrait de Daphnée  Dion-Viens

Daphnée Dion-Viens

2022-01-21T05:00:00Z
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Pour maintenir une qualité de l’air acceptable à l’école, des enseignants doivent ouvrir les fenêtres si grandes que la température descend jusqu’à 13 degrés Celsius à certains endroits, forçant des élèves à porter leur manteau en classe.

• À lire aussi: Roberge demande aux enseignants de faire preuve de «discernement»

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La situation, jugée inacceptable par plusieurs, ne risque d’ailleurs pas de s’améliorer au cours des prochains jours, alors que plusieurs régions du Québec font face à un avertissement de froid extrême. Vendredi matin, Environnement Canada prévoit une température avec le refroidissement éolien de -38 degrés Celsius à Québec et de -29 à Montréal. 

Au cours des dernières semaines, des lecteurs de CO2 ont commencé à faire leur apparition dans les écoles québécoises : 42% des classes disposent maintenant d’appareils fonctionnels, qui indiquent le niveau de dioxyde de carbone, mais aussi la température et le taux d’humidité du local. 

Conditions d’apprentissage « frigorifiques »

Or depuis le début de la semaine, des températures aussi froides que 13 degrés Celsius en classe ont été rapportées au Syndicat de Champlain, qui représente des enseignants et du personnel enseignant scolaire en Montérégie.  

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« On vit perpétuellement avec des températures en dessous de 20 degrés parce que les systèmes de chauffage ne sont pas capables de prendre le dessus. Les élèves vivent dans des conditions d’apprentissage frigorifiques », affirme son président, Jean-François Guilbault. 

Dans certains locaux, il fait si froid que des profs vont même jusqu’à apporter leur propre chaufferette portative en classe, indique-t-il.    

  • Écoutez l’entrevue de Benoit Dutrizac avec Simon Landry, Enseignant au secondaire dans la région de Montréal sur QUB radio    

Des manteaux sur le dos

Plusieurs parents ont aussi raconté au Journal que leurs enfants avaient froid au point de devoir porter leur manteau en classe. 

Le fils de Véronique Ducas, qui est âgé de neuf ans, l’a eu sur le dos toute la journée mercredi. « Il m’a même demandé s'il pouvait apporter ses bottines de printemps parce qu'il avait les pieds gelés », raconte cette maman de Montréal. 

Les enfants «ont froid, ils ont du mal à se concentrer car ils pensent seulement à se réchauffer», affirme de son côté Sandrine Bourdon, une mère qui a fait parvenir une lettre ouverte au Journal à ce sujet. 

La situation est «insensée et intenable», affirme Deborah, qui habite sur la Rive-Sud de la métropole. Sa fille porte aussi son manteau dans sa classe de sixième année parce que les fenêtres sont ouvertes partiellement du matin au soir. 

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Le portrait est le même dans des écoles de la capitale. « Il fait incroyablement froid dans certaines classes. Des profs doivent ouvrir les fenêtres vraiment longtemps pour maintenir un niveau de CO2 acceptable dans les classes », affirme Daniel Gauthier, président du Syndicat de l’enseignement de la région de Québec.

  • Écoutez la rencontre des analystes politiques Elsie Lefebvre et Marc-André Leclerc

Pire que l’hiver dernier

La situation serait pire que l’hiver dernier, selon des syndicats d’enseignants.  

Des protocoles de ventilation existaient déjà dans les écoles mais l’ouverture des fenêtres se serait accentuée depuis l’installation des lecteurs de CO2, qui permettent maintenant aux enseignants de gérer l’ouverture des fenêtres en fonction des lectures obtenues.  

Un niveau élevé de CO2 dans un local indique un manque de ventilation, ce qui augmente les risques de transmission de la COVID-19. 

Olivier Drouin, parent et fondateur du site web covidecolequebec.org, n’est pas surpris par la situation. «Nos profs sont rendus des ouvreurs de fenêtres. C’était écrit dans le ciel», laisse-t-il tomber. 

Préoccupé par la qualité de l’air dans les classes, M. Drouin a développé une plateforme qui lui permet de recueillir de façon anonyme les mesures captées par les lecteurs de CO2 installés en classe, qui lui sont transmises par des enseignants. 

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Depuis lundi, plus de 120 mesures lui ont été transmises dont environ une dizaine qui font état de température en bas de 18 degrés Celsius. À deux reprises, des températures de 13 degrés lui ont été rapportées. 

Des écoles ouvrent des fenêtres pour aérer les classes en raison de la COVID-19, comme ce fut le cas jeudi à l’école primaire Les Monarques, à Montréal, alors qu’il a fait -26 degrés Celsius avec le refroidissement éolien en avant-midi.
Des écoles ouvrent des fenêtres pour aérer les classes en raison de la COVID-19, comme ce fut le cas jeudi à l’école primaire Les Monarques, à Montréal, alors qu’il a fait -26 degrés Celsius avec le refroidissement éolien en avant-midi. Photo Martin Alarie

Moyenne quotidienne

Au ministère de l’Éducation, on précise toutefois qu’il faut se baser sur «la moyenne quotidienne des concentrations mesurées durant les heures d’occupation du local» pour avoir un portrait juste. 

La concentration peut franchir « momentanément » le seuil de 1500 ppm, « voire de 2000 ppm », sans que la moyenne quotidienne dépasse le seuil acceptable pour l’ensemble de la journée, indique son porte-parole, Bryan St-Louis. 

« Il faut se fier aux données globales, vérifiées et réalistes que le ministère diffusera et non sur des données très sporadiques et non vérifiées », affirme-t-il. 

Le ministère ne sait pas encore à partir de quand et de quelle façon ces données seront diffusées. 

Lors d’une rencontre avec les médias la semaine dernière, Québec indiquait toutefois que le fait d’avoir une lecture « en continu » du niveau de CO2 permettra aux enseignants de faire «une gestion plus efficace» de l’ouverture des fenêtres, afin d’éviter de refroidir considérablement un local. 

Le ministère affirme maintenant que l’analyse des données obtenues, basée sur les moyennes quotidiennes, permettra aux écoles de cibler les locaux problématiques afin de réaliser des « travaux correctifs » comme l’ajout d’échangeurs d’air et « l’optimisation » du chauffage. 

– Avec la collaboration de Dominique Scali.

Pourquoi faut-il ouvrir les fenêtres en classe?                     

  • Afin d'améliorer la qualité de l’air et réduire les risques de transmission du virus, Québec a opté pour l’installation de 90 000 lecteurs de CO2 dans les écoles québécoises, soit un appareil par classe.           
  • Le niveau de CO2 jugé « acceptable » est de 1500 ppm (partie par million). Au-delà de ce seuil, la principale mesure recommandée par le ministère de l’Éducation est l’ouverture des portes et des fenêtres.          
  • S’il n’est pas possible de maintenir à la fois un taux de CO2 acceptable et une température d’au moins 20 degrés dans la classe, des « travaux correctifs » seront réalisés, assure le gouvernement.                  

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