Des lecteurs de CO2 toujours pas calibrés
Les délais pour équiper les classes encore prolongés
Jérémy Bernier
Alors que l’installation de lecteurs de CO2 dans les écoles est loin d’être complétée, des enseignants qui en ont reçu dans leur classe devront quand même patienter avant d’utiliser les appareils qui ne sont toujours pas fonctionnels.
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C’est notamment le cas au Centre de service scolaire (CSS) de la Moyenne-Côte-Nord où l’on a constaté que les lecteurs qui ont été installés étaient inutilisables pour le moment.
« Suite à une rencontre avec le ministère de l’Éducation, nous avons été informés que les [appareils] prennent quelques semaines avant d’être bien calibrés », indique-t-on dans un courriel envoyé aux employés de l’organisation, vendredi.
Présidente de syndicat
On y mentionne que le taux de rafraîchissement des lecteurs est excessivement lent. Ils peuvent mettre de 20 minutes à deux heures avant de donner la mesure exacte de CO2 dans une classe, « contrairement à ce qui avait été demandé au fabricant, soit [...] 5 minutes ».
« L’école recommence [demain], c’est inquiétant. On s’attendait à ce que ce soit déjà fonctionnel ! » lance la présidente du Syndicat de l’enseignement de la région du Fer, Monica Chiasson.
Manque d’efficacité
La même problématique est observée au CSS des Premières-Seigneuries, à Québec, où des enseignants ont soulevé des doutes sur le fonctionnement des appareils avant d’apprendre qu’ils n’étaient pas calibrés.
Au CSS de la Capitale, des enseignantes ont testé les variations de CO2 à l’ouverture et à la fermeture des fenêtres. Les capteurs fournis par Québec mettaient au moins une demi-heure à s’ajuster, tandis que leur appareil personnel « AirQ » obtenait la donnée en quelques minutes à peine.
« Si ça prend jusqu’à deux heures pour avoir la donnée exacte, ça ne sert pas à grand-chose. On est censé s’y fier ! » peste Daniel Gauthier, président régional du Syndicat de l’enseignement.
Une concentration « impossible »
On se pose aussi des questions sur la calibration de certains appareils qui affichent une concentration de moins de 400 ppm de CO2 dans des classes non aérées quand la moyenne dehors est de 415 ppm, selon Environnement Canada.
« C’est quasiment impossible. Pour obtenir des taux comme ça à l’intérieur, il faudrait revenir à l’époque préindustrielle », affirme la physicienne et coordonnatrice scientifique du collectif COVID-STOP, Nancy Delagrave.
Pour l’instant, Le Journal a seulement pu constater ces problématiques dans l’Est-du-Québec, dont les appareils sont fabriqués par Nova Biomatique. Le ministère de l’Éducation n’a pas été en mesure de répondre à nos questions à ce sujet samedi.