Les cinq erreurs de magasinage les plus fréquentes
Andréa Sirhan Daneau
Au secours, je n’ai rien à me mettre! C’est la phrase désespérée que toute femme a déjà prononcée, déclarant la défaite, en sous-vêtements devant une tonne de vêtements rejetés. Pourquoi n’avons-nous «rien à mettre»? Petite enquête.
Mercredi, 8 h 30. Je viens de changer de vêtements pour la sixième fois, mais quelque chose cloche encore. Et je suis en retard pour le bureau, maintenant! Chaque fois que j’essaie un ensemble, le miroir me renvoie une image inadéquate. Épuisée, je sors mes pièces préférées, celles qui m’ont déjà sauvé bien des matins de panique... mais en vain. À bout de nerfs, je m’assois dans l’amas de vêtements qui jonchent le sol et soupire. Je rends les armes: je n’ai rien à me mettre.
La situation vous est familière? Selon un sondage* effectué auprès de nos copines américaines, 60 % d’entre nous ont du mal à trouver quelque chose à porter chaque jour, et ce, même si nous dépensons en moyenne 125 000 $ en vêtements durant notre vie. Pire encore: 80 % d’entre nous n’auraient jamais porté plus d’un quart de sa garde-robe**. «C’est la motivation première de mes clientes lorsqu’elles font appel à un service de stylisme», affirme Karine Dubé, styliste pour femme chez Les Effrontés, à Montréal. «Ce sont des femmes qui ont beaucoup de vêtements, mais qui disent n’avoir rien à se mettre sur le dos.» Ce sentiment d’impuissance est donc généralisé dans la population féminine. Pourquoi sommes-nous insatisfaites des vêtements que nous avons personnellement choisis en magasin?
La mode à toute allure
Mesdames, préparez-vous à recevoir l’absolution (et à l’annoncer fièrement à vos conjoints): nous sommes victimes de notre inconscient! «C’est un problème d’ordre sociologique et psychologique», révèle Philippe Denis, enseignant du cours Psychologie du vêtement à l’École supérieure de mode de Montréal à l’UQAM. «L’industrie de la mode roule à un rythme effarant: les grandes chaînes font de plus en plus de vêtements et renouvellent continuellement leurs collections, de sorte qu’un vêtement acheté le lundi soir est déjà désuet le mardi matin. La femme n’arrive plus à suivre.» Bernadette Rey, anthropologue du vêtement, enseignante au Collègue LaSalle, et chargée de cours à l’École supérieure de mode de Montréal à l’UQAM, abonde dans le même sens: «Les systèmes de la mode nous bombardent constamment de nouvelles suggestions, dit-elle. Cela crée sans cesse de nouveaux besoins, ce qui fait qu’on a toujours l’impression d’être “affamées”.»
La satisfaction éprouvée après un achat ne dure pas très longtemps, c’est-à-dire que le sursis est bref avant qu’un autre besoin pressant ne se fasse ressentir. Un exemple? Rappelez-vous la dernière fois où vous êtes entrée dans un magasin de chaussures, avec un modèle bien précis en tête. En glissant votre carte de crédit, la satisfaction d’avoir enfin acquis cette paire de chaussures tant convoitée vous donne un frisson de plaisir. Mais, avant même d’être sortie du magasin, cette paire de bottes en cuir se met à vous faire de l’œil. Trop tard pour vous en sortir: un nouveau besoin vient de naître à votre insu. «Une fois qu’on croit avoir quelque chose de bien en notre possession, on voit autre chose qui le surpasse», résume Bernadette Rey. «C’est un constat d’échec: on ne correspond pas à l’image prescrite par la société. En fait, cet idéal change si vite qu’on ne sait plus lequel est bon, lequel correspond à nos besoins. Même si on a plein de vêtements, on a toujours l’impression de ne jamais atteindre cette image. Et, fondamentalement, on cherche à se conformer à cette image idéale parce qu’on veut plaire.»
Plus concrètement, Karine Dubé assure avoir mis le doigt sur le bobo: la femme magasine par coups de cœur, ce qui signifie une catastrophe assurée. «Elle va trouver un pantalon kaki style armée, comme montré dans son magazine, et hurler de joie. Elle a trouvé le morceau tant désiré, hyper-tendance, et néglige de vérifier si la coupe flatte sa silhouette, si elle a un haut avec lequel l’agencer et si le morceau pourra être porté au travail.»
Quoi faire, docteur?
Comme l’industrie ne cessera pas de nous aguicher à coups de short en cuir et de veste kimono, il ne tient qu’à nous de prendre le taureau par les cornes. En prenant un peu de recul, selon Bernardette Rey, on appréciera notre image telle qu’elle est: «Il faut être capable de se regarder froidement dans le miroir et de se dire qu’on est bien dans nos vêtements. Si on ne sait pas comment s’habiller pour un événement, parce qu’on ne connaît pas le code vestimentaire de ce groupe-là, il suffit de se renseigner. On peut appeler une amie ou un collègue pour confirmer notre choix: cette confirmation par des gens de confiance nous rassurera.»
Karine Dubé a plus d’une corde à son arc quand on parle de magasinage efficace. Parmi ses trucs pratico-pratiques, le plan d’achat est selon elle le plus important. «Avant le début de la saison, on essaie les vêtements de notre garde-robe. On identifie ce qui nous manque, on s’assure qu’un certain pourcentage est dédié à la couleur, on se débarrasse des morceaux qu’on ne porte plus depuis deux ans, et on vérifie que la règle de trois est respectée: pour rentabiliser l’achat d’un bas (pantalon, jupe, short), on doit avoir trois hauts avec lesquels l’agencer.»
Une fois en magasin, certaines règles s’appliquent aussi. «Lorsqu’on a un coup de cœur, le mieux est de le mettre de côté et de revenir plus tard. On peut alors évaluer, à la maison, si on a des vêtements avec lesquels l’assortir, et voir si l’envie est toujours présente le lendemain.» Et si on n’a rien qui «fitte» à la maison? «On achète l’ensemble suggéré en boutique ou on part magasiner avec le pantalon pour l’essayer avec des hauts en cabine.»
Les cinq erreurs de magasinage
1. Acheter un morceau qui n’est pas de la bonne taille.
«J’ai prévu de maigrir: je vais l’acheter quand même, parce que ça vaut vraiment la peine.» C’est surestimer notre capacité à résister aux fettuccinis Alfredo et à porter un vêtement qui ne nous va pas.
2. Sauter sur tout ce qui est tendance.
Les différentes modes ne conviennent pas à toutes: avec votre crop top, vous pourriez avoir l’air de ne pas savoir trier votre linge au moment de le mettre dans la sécheuse.
3. Faire une trop bonne affaire.
«Il fallait vraiment que je l’achète: ça valait 300 $ et je l’ai payé 90 $!» Peut-être, mais si on ne le porte pas, c’est tout de même 90 $ qui dort dans la garde-robe.
4. Ignorer «sa palette».
Orange est la couleur de l’automne? Peut-être pas pour vous. S’habiller, c’est comme peinturer: certaines teintes jurent lorsqu’elles sont juxtaposées.
5. Acheter sans essayer.
«Je vais le faire à la maison. De toute façon, c’est remboursable.» Qui essayez-vous de convaincre? Personne ne retourne se faire rembourser.
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