Les actions baissent, les taux se tendent avec la Fed
AFP
Un possible resserrement monétaire agressif de la Réserve fédérale américaine fait craindre un ralentissement économique aux Bourses mondiales, qui se repliaient nettement mercredi.
• À lire aussi: EN DIRECT | 42e journée de l'invasion russe
• À lire aussi: L'économie russe commence à se fissurer sous le poids des sanctions
La Bourse de New York a ouvert en baisse: vers 14H15 GMT, le Dow Jones cédait 0,77%, le S&P 500 1,27% et le Nasdaq, à forte coloration technologique, 2,37%.
Après des premiers échanges proches de l'équilibre, les marchés européens ont basculé nettement dans le rouge, avec Londres qui reculait de 0,86%, Francfort de 2,51%, Milan 2,83% et Paris de 2,78% à 14H15 GMT.
Les investisseurs digéraient encore les propos plus durs que prévu d'une gouverneure de la Réserve fédérale, Lael Brainard, mardi, pourtant connue pour ses positions accommodantes sur la politique monétaire.
Elle a assuré que la Fed était prête à «agir plus fortement» contre l'inflation, notamment par la vente d'actifs financiers, dès sa prochaine réunion monétaire de mai.
«La question la plus cruciale pour les opérateurs est liée à la réduction du bilan de la Fed», une mesure qui serait un «un geste fort et significativement agressif» et un message «que la +fête est peut-être terminée+», souligne Pierre Veyret, analyste d'ActivTrades.
Cette perspective d'un resserrement monétaire agressif fait craindre aux analystes de la Deutsche Bank une récession économique aux États-Unis d'ici à la fin de l'année.
Le compte-rendu de la dernière réunion du comité de politique monétaire de l'institution, attendu après la clôture des marchés européens, permettra aux acteurs du marché d'en savoir plus.
Les taux d'intérêt continuaient leur ascension: celui pour l'emprunt américain à 10 ans s'établissait à 2,599%, au plus haut depuis 2019. Ceux en Europe se tendaient également nettement, le 10 ans allemand montant à 0,647%.
La publication de la Fed ne fait pas non plus oublier aux marchés le conflit ukrainien. L'Union européenne devra prendre «tôt ou tard» des sanctions sur le pétrole et le gaz russes, a déclaré le président du Conseil européen, alors que les Ving-Sept discutent actuellement de nouvelles sanctions sur le charbon et les investissements dans le pays.
Le ministère des Finances russe a annoncé mercredi avoir réglé en roubles une dette en dollars à la suite du refus d'une banque étrangère d'effectuer le paiement en dollars, ce qui l'expose à un risque de défaut, un des signes que l'économie russe commence à se fissurer sous le poids des sanctions occidentales.
Le conflit, les difficultés d'approvisionnement ou encore la reprise des contaminations de COVID-19 pèsent sur l'activité économique ailleurs dans le monde. Notamment en Chine, où l'activité dans les services a plongé en mars à son plus bas niveau depuis début 2020, et en Allemagne qui a connu une forte baisse des commandes passées à l'industrie en février.
Face à la hausse des taux d'intérêt sur le marché obligataire, les valeurs de la technologie reculaient. Elles ont besoin de taux bas pour financer leur croissance et pour la valorisation de leurs bénéfices à long terme.
À New York, les géants Apple (-1,98%), Alphabet (-2,43%), Meta (-2,65%), Amazon (-2,92%) et Microsoft (-2,42%) étaient tous dans le rouge. Les entreprises chinoises cotées aux États-Unis cédaient également du terrain, comme Alibaba qui perdait 3,53% ou JD.com 3,55%. En Europe, Capgemini (-5,05%), Darktrace (-2,33%) ou encore HelloFresh (-8,62%) souffraient aussi.
Encore plus exposés, les fabricants de semi-conducteurs souffraient des tensions internationales et des mesures de restriction en Chine. Infineon reculait de 5,26%, ASML de 5,06%, STMicroelectronics de 4,60%, Nvidia de 2,73%, AMD de 1,99%.
Les prix du pétrole étaient en petite baisse mercredi, en attendant les stocks de brut américains.
Le baril de WTI à échéance, mais perdait 0,64% à 101,30 dollars, alors que le Brent de mer de Nord, la référence européenne, pour livraison, mais cédait 0,31% à 106,32 dollars vers 14H00 GMT.
Sur le marché des devises, le rouble est temporairement revenu au niveau auquel il avait clôturé le 23 février (81,16 roubles pour un dollar), avant l'invasion russe de l'Ukraine. Vers 14H00 GMT, il s'échangeait à 83,4472 roubles pour un dollar.
L'euro restait faible (+0,04% à 1,0910 dollars), face au billet vert, galvanisé cette semaine par la politique de la Fed.
Le bitcoin reculait de 3,73% à 44.140 dollars.