Couches lavables: lente acceptation dans les garderies
Maxime Bilodeau
Des parents désireux de faire leur part pour l’environnement se butent souvent à un obstacle de taille : plusieurs milieux de garde n’acceptent pas les couches lavables. Mais à force de pourparlers et de sensibilisation, les choses sont en train de changer. On en a discuté avec des parents et des milieux de garde pour mieux comprendre ce qui freine le changement.
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« Il y a dix ans, on n’en entendait pas parler. Aujourd’hui, les couches lavables sont sur les lèvres de tous les parents », constate Krystel Langlois-Mailloux, une travailleuse sociale de Sainte-Angèle-de-Monnoir, en Montérégie. La trentenaire est bien placée pour se prononcer. Une décennie sépare très exactement sa fille âgée de 18 mois, qui fréquente le centre de la petite enfance (CPE) Mamie-Pom de Richelieu, de son fils de 11 ans.
Jusqu’à tout récemment, ce CPE aussi connu sous le nom de La Ribambelle ne recourait alors qu’aux couches jetables. Vendue aux couches lavables, Krystel Langlois-Mailloux a défendu son point auprès de l’éducatrice de sa progéniture. « Le dossier a été discuté à l’interne. La direction a finalement accédé à la demande », raconte-t-elle.
Elle n’est pas la seule. Plusieurs parents de jeunes enfants contactés par le 24 heures ont raconté avoir fait adopter les couches lavables par leur milieu de garde à la suite de demandes en ce sens. Il semble que ce soit avant tout la peur de bousculer des habitudes bien enracinées qui justifiait les réticences, si l’on se fie à leurs témoignages.
L’arrivée des couches lavables à la Ribambelle n’a toutefois pas révolutionné les manières de faire. De fait, seule une poignée de bambins sur les 75 qui fréquentent l’endroit sont abonnés aux lavables.
Quelques ajustements
À l’installation de Lasalle du CPE Pomme Soleil, à Longueuil, les couches lavables ont aussi fait leur entrée dans les derniers temps. Là-bas, la moitié des dix poupons âgés de 6 à 15 mois fonctionnent désormais aux couches lavables. L’expérience menée sous forme de projet pilote est assez concluante pour qu’elle soit pérennisée. « Les parents tripent. Et nos poubelles sont pas mal moins pleines qu’elles ne l’étaient auparavant », résume Julie Chagnon, qui dirige l’installation.
Une des clés du succès a été d’instaurer un contrat avec les parents d’enfants aux couches lavables. Ce document détaille les attentes de l’établissement en matière de nombre de couches à fournir au quotidien et d’entretien adéquat des kits souillés, entre autres lignes directrices. « L’idée était de s’assurer que les parents participent à l’effort. Les couches lavables demandent tout de même certains ajustements par rapport à leurs équivalents jetables », souligne-t-elle.
Les locaux du CPE étant trop exigus, il sera difficile de convertir l’ensemble de la clientèle aux couches lavables. « Elles s’ajoutent aux lingettes, crèmes, bavettes et débarbouillettes spécifiques à chaque enfant. Nos tiroirs sont pleins à craquer! », lance Julie Chagnon. « C’est dommage, parce que les nouveaux parents sont de plus en plus consciencieux vis-à-vis de l’environnement. Les milieux de garde n’ont pas fini d’entendre parler de couches lavables, bien au contraire. »
Impact énorme
Les CPE et garderies qui acceptent de relever le défi des couches lavables posent un geste tout sauf anodin sur le plan écologique. Au Québec, 167 000 tonnes de couches prennent chaque année le chemin des dépotoirs, estime Recyc-Québec dans une étude réalisée en 2019 et 2020. Équiterre, qui cite des données d’Environnement Canada, affirme que les Canadiens jettent aux rebuts plus de quatre millions de couches jetables par jour.
La production de 1000 couches jetables nécessiterait près de 20 000 litres d'eau, comparativement à 2500 litres pour laver autant de couches lavables, selon une étude de la National Association of Diaper Services.