Le procès «n'atténuera pas ma douleur», dit la mère d’une victime tuée au Bataclan
Agence France-Presse
Cristina Garrido est habillée de noir et porte un ruban autour du cou sur lequel est inscrite la date du 13 novembre, ainsi qu'un petit pendentif contenant une partie des cendres de son fils Juan Alberto, fauché à 29 ans par une rafale de kalachnikov au Bataclan.
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Cette Madrilène est venue à Paris pour le début du procès historique des attentats du 13 novembre 2015, mais elle sait que la justice ne pourra jamais «atténuer sa douleur».
Comment vivez-vous l'ouverture de ce procès ?
«C'est revivre encore une fois toutes ces choses, mais j'ai besoin d'être ici à Paris. Je viendrai pour les audiences que mon avocate considère comme les plus importantes pour nous. Ce seront des semaines difficiles, mais il n'y a pas d'autre choix.
Nous pouvons avoir accès à une aide psychologique mise en place par la mairie de Paris.
Il est difficile de passer par des endroits parisiens où nous sommes déjà allés avec Juan Alberto. Mais pour sa mémoire, je dois être ici, je dois connaître les arguments que les responsables de la sécurité nationale donneront, es responsables politiques qui expliqueront pourquoi ils ont laissé l'attentat se produire et voir si des mesures sont prises pour que cela ne se reproduise pas, en France, en Espagne ou dans tout autre pays européen.»
Qu'attendez-vous de ce procès ?
«À titre personnel, je souhaite que le terroriste qui a perpétré les attentats soit condamné à la peine maximale de prison à vie, qu'il ne puisse jamais marcher dans les rues, car je ne pardonnerai jamais aux terroristes les meurtres des 130 personnes qu'ils ont commis en une seule nuit.
Je sais aussi que la sentence que prononcera le tribunal n'atténuera pas ma douleur. Je souffrirai et Juan Alberto me manquera jusqu'à ma mort.»
Êtes-vous retournée au Bataclan ?
«Quand Juan Alberto est mort, je me suis dit que je ne reviendrais jamais à Paris. Mais en fait je viens tous les ans aux commémorations du 13 novembre. Hier, lorsque nous avons terminé les formalités ici au tribunal, nous sommes également allés déposer des fleurs au Bataclan.»
Si vous aviez la possibilité de parler aux accusés, en particulier à Abdeslam, que leur diriez-vous ?
«(Secondes de silence). Assassin. Que vous souffriez ce que nous souffrons depuis le jour où vous avez assassiné Juan Alberto et les 129 autres personnes. Et que votre âme ne trouve jamais la paix. Que vous n'ayez jamais la paix, parce que vous avez tué 130 personnes pour rien.
Parce qu'au final, (les attaquants) n'ont rien obtenu, rien de plus que de détruire 130 familles.»