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L'article provient de TVA Sports
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Le Canada muselle les Américains

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Photo portrait de Dave Lévesque

Dave Lévesque

2022-01-30T22:04:46Z
2022-01-31T04:20:11Z
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Le Canada ne cesse plus de surprendre lors des qualifications pour la Coupe du monde 2022. Dimanche, devant 12 000 spectateurs qui semblaient plus nombreux que ça dans les gradins du Tim Hortons Field de Hamilton, les Rouges ont défait les États-Unis 2 à 0.

Les Canadiens demeurent la seule équipe invaincue (6-0-4) du tournoi et demeurent au premier rang avec 22 points. 

Cette victoire a surtout permis aux Canadiens de prendre une avance de quatre points sur les Américains (18 pts) pendant que le Mexique (17 pts) a pris du retard en se contentant d’un verdict nul de 0 à 0 contre le Costa Rica malgré un match joué à domicile.

La dernière victoire canadienne contre les États-Unis remontait au 15 octobre 2019 au BMO Field de Toronto. Lors de leur premier affrontement du tournoi, les deux équipes avaient fait match nul 1 à 1 à Nashville en septembre dernier.

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Frapper tôt 

Dans une température de -5 °C lors du coup d’envoi, le Canada a ouvert la marque dès la 7e minute à la suite d’un bel échange entre Cyle Larin et Jonathan David qui a permis à Larin de se retrouver seul face au gardien Matt Turner qu’il a battu d’un tir haut.

Il s’agissait pour Larin d’un 23e but avec l’équipe nationale, ce qui lui a permis de devenir l’unique détenteur du record de la sélection. Il partageait auparavant le titre avec Dwayne De Rosario.

Lancé par un dégagement de Kamal Miller, du CF Montréal, Sam Adekugbe s’est défait d’un défenseur en milieu de terrain pour filer seul vers Turner, le battant d’un tir de loin pour sceller l’issue du match dans le temps ajouté (90+5).

Le Canada doit disputer un dernier match dans cette fenêtre internationale face au Salvador, mercredi prochain.

Les Rouges ont déjà réalisé deux blanchissages lors de cette fenêtre et une réussite au Salvador pourrait pratiquement assurer sa qualification pour le Qatar l’automne prochain.

Encore Borjan 

Pour un second match de suite, le gardien Milan Borjan a récolté un blanchissage et il a une fois de plus réalisé un miracle en étirant la main pour dévier un ballon sur une tête de Weston McKinnie en fin de première demie.

«Milan n’a pas été très occupé, mais il avait un très gros arrêt à faire et il l’a réalisé », a noté l’entraîneur-chef John Herdman.

Le principal intéressé a toutefois refusé de prendre toute la gloire.

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«Sur le plan défensif, nous avons été incroyables. Il n’y a pas seulement mes arrêts.»

Son homologue américain, Matt Turner, a lui aussi réussi un petit exploit en stoppant coup sur coup Jonathan David et Cyle Larin avec une vingtaine de minutes à jouer.

Dominant 

Malgré la défaite, les États-Unis ont offert une solide prestation et ont dominé dans la plupart des colonnes statistiques.

«Nous avons offert une très grosse performance collective, a insisté le sélectionneur Gregg Berhalter. Je n’ai pas souvenir d’avoir été aussi dominant dans un match à l’étranger sans ramener la victoire.»

Les Canadiens n’ont pas hésité à profiter d’un petit terrain pour jouer de façon robuste, mais Berhalter estime que son équipe a aussi dominé cet aspect du jeu.

«Ils n’ont pas été en mesure de contenir notre jeu physique, on courait d’un bout à l’autre du terrain. Je pense qu’on s’en est bien tirés à cet égard.»

Moins de buts 

Ce qui étonne chez le Canada, c’est la qualité de son jeu défensif qui a longtemps été déficient par le passé. La mentalité a changé.

«Nous voulons être l’équipe de la CONCACAF qui va accorder le moins de buts. Nous savons que si nous maintenons le jeu blanc, nous avons assez de qualité devant pour marquer des buts», a souligné l’arrière Sam Adekugbe, auteur du second but.

Pour le moment, les Canadiens n’ont accordé que cinq buts en dix matchs et sont effectivement premiers à ce chapitre et le tout avec des joueurs en début de saison.

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«Plusieurs joueurs, dont Kamal Miller et Alistair Johnston n’avaient pas encore joué de minutes en saison et ils savaient qu’ils allaient devoir déployer un énorme effort», a fait remarquer John Herdman.

Un changement de culture qui marche 

John Herdman est arrivé à la barre de l’équipe nationale masculine en 2018 après avoir connu beaucoup de succès avec la formation féminine.

Depuis, un changement de culture s’est opéré et l’équipe a connu une progression fulgurante au point d’être au premier rang du tournoi de qualification de la Coupe du monde devant des puissances comme le Mexique et les États-Unis.

«Quand je suis arrivé, on s’est dit si on parvenait à se qualifier, on pourrait changer le visage du soccer au pays pour toujours», a expliqué Herdman très affable après le match.

«Je crois que ces hommes savent qu’ils peuvent laisser un héritage indélébile sur la culture du soccer au pays.»

Ses joueurs le lui rendent bien. Quand on a demandé au gardien Milan Borjan pourquoi l’équipe progressait aussi vite, il a été clair : «Ça se résume à deux mots, John Herdman».

Pays de foot 

Et le changement ne s’opère pas que sur le terrain. Lors de l’arrivée de l’équipe canadienne au Tim Hortons Fields, des centaines de partisans étaient massés. Ils chantaient, dansaient et tenaient de fumigènes tandis que l’autobus américain a été accueilli de la plus canadienne des façons, avec des balles de neige.

«La foule était si dense à notre arrivée que l’autobus avait du mal à se frayer un chemin. C’est la première fois que j’avais l’impression de vivre dans un pays de foot.»

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Parmi les nombreux partisans, il y avait Jason Botelho, un Ontarien qui s’était déplacé pour l’occasion.

«C’est incroyable de voir l’équipe atteindre cette étape dans les qualifications. Ce n’est pas quelque chose que je pensais voir de mon vivant.»

Redonner 

Enroulé dans un drapeau canadien, Milan Borjan a passé une partie de son adolescence à Hamilton où ses parents, arrivés de Serbie en 2000, vivent toujours.

«Je suis arrivé ici à l’âge de 13 ans. Le Canada a tout donné à ma famille, une meilleure vie et de meilleures écoles. C’est ma façon de redonner au Canada», a soutenu le gardien qui a offert tout un cadeau à son père dont c’était l’anniversaire.

«Nous voulons réaliser notre rêve qui est d’atteindre la Coupe du monde et permettre au Canada d’obtenir le respect qu’il mérite», a-t-il ajouté.

Respect 

Le changement s’opère donc rapidement, mais Herdman ne fait pas renier le passé du programme.

«Il y a beaucoup de travail qui a été fait avant nous, mais ce groupe a la chance de jouer un rôle de pionnier pour la suite. On bat de nouveaux records et ça fait partie de ma philosophie d’être les premiers quand nous pouvons l’être.»

Et il y a la fierté aussi. L’équipe était souvent prise de haut alors que maintenant, elle inspire le respect.

«Maintenant, quand nous affrontons les États-Unis et les autres pays, ils ont peur, ce qui n’était pas le cas avant. C’est un nouveau Canada», a insisté Borjan.

Durable 

Ce que souhaite John Herdman, un Anglais d’origine, c’est que le changement qui s’opère débouche sur une situation durable.

«Je suis un immigrant ici, on a beaucoup d’immigrants qui viennent de pays de foot et il y a donc beaucoup de gens qui se trouvent une niche avec notre équipe.»

Et au-delà des partisans, il souhaite que les succès de l’équipe provoquent une réflexion chez les jeunes joueurs qui détiennent deux passeports et qui doivent choisir quel pays ils représenteront sur la scène internationale.

«On commence à provoquer une réflexion chez les joueurs internationaux qui possèdent la double citoyenneté et ça pourrait nous permettre d’établir quelque chose de durable en plaçant le Canada dans le top 20 ou le top 30 [de la FIFA].»

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