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L'article provient de Le sac de chips

Le Bloc Pot existe encore même si le pot est légal et on a parlé à son chef pour savoir pourquoi

Daniel Blackburn, chef du Bloc Pot
Daniel Blackburn, chef du Bloc Pot
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Photo portrait de Frédéric  Guindon

Frédéric Guindon

2022-09-15T19:29:15Z
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Croyez-le ou non, mais le Bloc Pot est la 4e plus vieille formation sur la scène politique provinciale.

En effet, parmi les 27 partis politiques autorisés par Élections Québec, seuls le Parti libéral du Québec, le Parti québécois et le Parti marxiste-léniniste du Québec ont vu le jour avant lui.

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Depuis sa fondation en mars 1998, le parti qui lutte pour mettre fin à la prohibition du cannabis a participé à six élections québécoises, sans toutefois réussir à faire élire de député.

Et à la suite de la légalisation du cannabis au Canada, le 17 octobre 2018, on aurait pu croire que le parti allait se dissoudre puisqu’il avait atteint son but.

Pourtant, il n’en est rien.

Le Sac de Chips s’est entretenu avec Daniel Blackburn, qui est chef de la formation depuis décembre 2020, afin de connaître ce qui le motive à poursuivre l’oeuvre du Bloc Pot, malgré la légalisation du cannabis.

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«On est dans une prohibition 2.0. La légalisation, je te cacherai pas que ce n’est pas la légalisation que nous, on espérait» nous dit celui qui a commencé à militer pour le cannabis en l’an 2000, parce qu’il était un consommateur qui voulait se protéger en connaissant la loi, si jamais il lui arrivait quelque chose. 

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Blackburn en a notamment contre le durcissement des peines liées à la production et à la possession de cannabis.

«Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, tu faisais plus de prison si tu te faisais prendre avec du cannabis qu’avec un gun illégal. Trudeau vient de le monter, mais c’était 10 ans pour les armes prohibées et 14 ans pour le cannabis. Mais comme je te dis, ça a changé avec ce qui se passe à Montréal. Il y a deux mois, ils ont aussi monté ça à 14 ans», explique le militant.

À son avis, plusieurs incohérences sont présentes dans la loi actuelle, comme par exemple l’interdiction de consommer dans des lieux publics même lorsque l’on possède une prescription de cannabis médical.

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«On est 400 000 au Canada a en avoir une. Mais au Québec, c’est interdit de consommer partout à l’extérieur. Dans la rue, sur le trottoir, dans le parc, partout. Le seul endroit où t’as le droit de consommer de façon légale du cannabis médical, c’est chez vous quand tu es propriétaire. Encore là, faut que tu sois propriétaire d’une maison unifamiliale, parce que si t’es propriétaire d’un condo, ça se peut que ton syndicat de condo ait voté contre.»

Ce que le Bloc Pot demande, c’est donc que la loi qui encadre le cannabis soit calquée sur celle sur le tabac, c’est-à-dire que l’usage soit interdit seulement à moins de 9 mètres des portes des édifices.

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«Un médecin et son patient ont choisi ce traitement-là, qui est légal et approuvé par Santé Canada, mais on interdit de le prendre», insiste Blackburn qui, pour étoffer son point, nous a raconté l’histoire d’une personnes qui a failli perdre son emploi parce qu’elle a été surprise en flagrant délit de consommation et d’une autre qui n’a pas pu récupérer son enfant à la garderie parce que les éducatrices trouvaient qu’il sentait le cannabis.

«Là, il se retrouve avec la DPJ chez lui, parce qu’il a une prescription, un traitement approuvé par son médecin. C’est ça les enjeux!», peste le chef du Bloc Pot, qui dénonce aussi l'espèce d'hypocrisie dans le contraste entre la perception du cannabis et de l’alcool qu’ont les gens.

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«J’ai un fils de 3 ans. Le vendredi soir, je peux pas aller m’acheter du cannabis à la SQDC parce qu’il peut pas rentrer. Faut que je le fasse garder ou que j’envoie quelqu’un d’autre. Mais je peux aller à la SAQ, l’asseoir dans le fond du panier, le remplir de Jack Daniels, prendre une photo, mettre ça sur les réseaux sociaux, écrire “Yeah! Gros vendredi soir” et tout le monde va trouver ça ben drôle...».

Celui qui en est à sa 8e élection, parce qu’il s’est aussi présenté au fédéral (avec le parti Marijuana) et au municipal, déplore aussi que la légalisation a divisé sa communauté.

«Avant, on était une communauté solidaire. Que tu sois un consommateur ou un producteur, on était tous des criminels. Et tsé, le cannabis, c’est les hippies. On n’est pas une communauté violente ou agressive. On est une communauté de partage. Quand on se rencontrait, tout le monde était fin avec tout le monde parce qu’on était tous dans le même bateau. On partageait l’information sur la culture, on se donnait des trucs. Depuis 2018, elle est séparée en deux.»

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En effet, comme le mentionne le chef du Bloc Pot, les données de l’Institut de la statistique du Québec montre que 50% des utilisateurs choisissent la marijuana légale, tandis que 50% continuent de faire confiance au marché «alternatif» (le terme privilégié par Blackburn, qui trouve que le «marché noir» est trop péjoratif).

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«Quand je fais des publications Facebook sur la page du parti pour parler d’un papier à rouler québécois qui est en vente à la SQDC, la moitié du monde me traite de capitaliste et de liche-cul de l’industrie. De l’autre côté, si j’écris que sur le marché alternatif (Oka, les sites internet), on trouve des bons produits de qualité et qu’on n’a pas besoin d’avoir un monopole d’état comme la SQDC, l’autre moitié m’envoie promener sous prétexte que je fais la promotion des criminels.»

Quand on lui demande si son parti a un programme axé sur d’autres enjeux que le cannabis, Blackburn est fier de dire: «Ça fait une heure qu’on parle. On a parlé d’environnement, de santé, d’économie, d’éducation, des aînés. Je t’ai parlé de tous les thèmes de tous les partis, mais toujours par l’angle du cannabis.»

Si vous êtes un consommateur de cannabis et que, comme Daniel Blackburn, vous envisagez souvent les différents aspects de la politique à travers ce prisme, vous considérez peut-être mettre un X à côté du candidat du Bloc Pot dans votre circonscription.

Vous pouvez le faire, y’a pot problèmes!

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