L’architecte modeste d’une dynastie
Jean-François Chaumont
Bill Torrey, Glen Sather et Julien BriseBois. À des époques différentes, les trois directeurs généraux ont construit des équipes championnes avec les Islanders, les Oilers et le Lightning.
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Dans les livres d’histoires de la LNH, ils ont également leur place comme les trois derniers DG qui ont conduit leurs équipes à trois finales lors de trois saisons consécutives.
Si Jon Cooper a comme message depuis le début des séries que le Lightning a la chance d’entrer dans l’histoire du hockey avec trois sacres d’affilée, BriseBois opte pour une approche plus à son image. L’homme de 45 ans reste plus calme, moins émotif et plus pragmatique.
«Tous les membres de l’organisation font des efforts pour ne pas penser à de telles choses aujourd’hui, a dit BriseBois en français lors de la journée consacrée aux médias au Ball Arena de Denver. Il y a encore trop de travail à accomplir. Nous avons un gros défi devant nous avec l’Avalanche du Colorado.
«Mais en même temps, il s’agit d’une occasion unique encore une fois. C’est difficile de se rendre en finale de la Coupe Stanley. Les joueurs ont fait énormément de sacrifices pour s’y rendre. Des sacrifices physiques, émotifs et financiers. Nous voulons saisir cette autre chance de gagner la coupe Stanley. Mais je ne prends pas le temps de penser à des choses comme ça [la dynastie]. Je garde ma concentration sur le travail devant nous.
«Dans dix ou vingt ans, je regarderai plus dans le passé, a-t-il poursuivi. Il y aura probablement des retrouvailles de l’équipe et on se retrouvera pour en parler. Aujourd’hui, on a l’Avalanche du Colorado et le défi devant nous.»
L’image finale
À Tampa depuis la saison 2010-2011 dans un rôle de DG adjoint à Steve Yzerman, BriseBois a pris le relais de l’ancienne gloire des Red Wings au mois de septembre 2018. En quatre ans seulement, il a déjà gravé son nom sur la coupe à deux reprises et il pourrait y arriver une troisième fois. Depuis le balayage en 2019 au premier tour des séries contre les Blue Jackets de Columbus, le Lightning a remporté onze séries d’affilée.
BriseBois a sacrifié des choix de premier tour pour amener le Lightning à la terre promise.
«Chaque année, c’est un casse-tête. Tu essaies de trouver les bons morceaux pour compléter ton image. Et l’image que tu veux à la fin, c’est ton capitaine qui est sur la glace avec la coupe Stanley au bout de ses bras, a-t-il imagé. Oui, nous avons perdu des morceaux importants l’été dernier. Mais c’est coutume. Il y avait aussi un repêchage de l’expansion et nous perdions assurément un joueur, comme toutes les équipes de la LNH.»
La confiance
BriseBois partageait le podium avec Jon Cooper après l’entraînement du Lightning. Le charismatique entraîneur a profité de cette tribune pour décrire l’impact de son DG.
Quand on lui a demandé de dire ce qui faisait de BriseBois un DG spécial au-delà des transactions, Cooper a offert une très longue réponse.
«Honnêtement, quand Jeff Vinik a acheté l’équipe, on est arrivés sur le tard. J’ai fait mon entrevue en août et je me disais clairement qu’ils n’avaient plus beaucoup d’options pour me passer en août. Le courant a bien passé pendant l’entrevue, au point où je devais prendre un taxi pour repartir, et Julien a offert de me ramener. Mais on s’est perdus, j’étais serré pour mon vol. Je pensais qu’il connaissait le coin, et je ne voulais pas lui dire, mais je me demandais: ‘‘pourquoi as-tu offert de me reconduire?’’J’ai fini par attraper mon vol de justesse. Mais la relation qu’on a bâtie, notre communication dans les mineures, ça s’est transféré dans la LNH.
«Pour se rendre ici, ça prend de la confiance, a enchaîné Cooper. Je gère les joueurs, mais pas l’équipe. Je dois avoir confiance que Julien fera la bonne chose. Dès le début, les joueurs qu’on a gardés dans les mineures, je savais que j’étais avec quelqu’un en qui je pouvais avoir confiance. En 2019, il aurait pu tout faire exploser, mais ça ne lui a pas traversé l’esprit. Ça prend du temps pour bâtir une telle relation. C’est un gagnant. Il a bâti des équipes gagnantes et je veux en faire partie. Ça m’a juste pris du temps pour comprendre comment m’arrimer à lui. La communication et la confiance sont les choses les plus importantes.»
Une machine
Ryan McDonagh et Anthony Cirelli, deux joueurs clés chez le Lightning, avaient aussi les yeux brillants en parlant de leur patron.
«On a un DG qui est prêt à prendre des risques pour ajouter des pièces importantes à l’équipe, a mentionné McDonagh. On a vu que ça a payé lors des deux dernières années. En plus, il amène des joueurs de caractère, des joueurs qui font passer l’équipe en premier.
«Julien est incroyable, a renchéri Cirelli. Il reste toujours présent pour ses joueurs. J’aime son côté humain. Mais j’aime aussi l’homme de hockey. Il a fait du Lightning une formidable machine.»