La quatrième vague frappe de plein fouet les soins intensifs
TVA Nouvelles
TVA Nouvelles a eu un accès exclusif jeudi à l’unité des soins intensifs de l’hôpital de la Cité de la santé de Laval ainsi qu’à l’unité «rouge» où sont traités les patients atteints de la COVID-19.
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Les personnes qui se trouvent aux soins intensifs sont de plus en plus jeunes. La semaine dernière, un homme de 39 ans, Stefanos Govas, en grande forme physique, non vacciné, est décédé dans cet établissement.
Cette semaine, Mébahel Desmornes-Métayer, 26 ans, est branché à une bonbonne d'oxygène. Il est non vacciné. Il a frôlé la mort et recommande fortement la vaccination.
«Je ne suis pas vacciné mais je vais aller le faire sous peu, à la sortie de l’hôpital», dit M. Desmornes-Métayer. «J’ai reçu un diagnostic positif, je suis tombé malade très, très vite. Je tente de garder malgré tout un bon moral. J’ai eu peur de mourir deux ou trois fois, je croyais que je m’en allais. J’ai pensé à ma fille, à ma famille, je pensais que c’était fini. Je tiens à envoyer un message aux jeunes qui hésitent à aller à se faire vacciner. N’hésitez pas, moi je suis passé au travers, mais ce n’est pas tout le monde qui a cette chance.»
Une quatrième vague qui frappe de plein fouet
Joanie Bolduc-Dionne, infirmière-chef des soins intensifs, explique que la quatrième vague frappe l’hôpital de plein fouet.
«Nous avons cinq patients atteints de la COVID-19», note-t-elle.
L'infirmière-chef explique que la majorité des patients, de 85 % à 90 %, sont non vaccinés.
Il y a deux jours, un patient d’une soixantaine d’années est décédé. Il se battait depuis trois semaines contre la COVID-19 et n’avait pas reçu de dose de vaccin.
«Ça été une situation très difficile cette semaine, il s’est battu toute la journée pour sa vie. À la dernière minute, au moment de l’intubation, il a dit, je regrette, j’aurais dû me faire vacciner», explique Mme Bolduc-Dionne.
En outre, une jeune femme enceinte d’une vingtaine de semaines a dû être intubée hier.
«Elle était aux soins intensifs depuis une semaine. Ça pourrait entraîner des conséquences sur son bébé», se désole-t-elle. «Elle a été transférée au CHUM. Je suis consciente qu’il y a des gens dans la population qui peuvent avoir des doutes sur la COVID-19 mais les effets sont dévastateurs autant sur les patients que leur famille.»
«Je suis consciente que des gens de la population qui n'ont pas eu la chance de voir ça peuvent avoir leurs doutes mais les effets sont dévastateurs. autant chez les patients que leurs familles», rajoute Mme Bolduc-Dionne.
La COVID longue inquiète
Le docteur Olivier Haeck, infectiologue et microbiologiste du CISSS de Laval, s'inquiète de plus en plus de la COVID longue.
«On n'en sait pas beaucoup à ce sujet, mais ce qu’on commence à voir n’est pas très encourageant», explique M. Haeck. «Ça peut toucher n’importe quelle personne, pas seulement celles qui ont eu la COVID sévère.»
Sébastien Rocheleau, directeur adjoint de la direction des soins infirmiers, CISSS de Laval, souligne que puisque les lits sont utilisés par la clientèle COVID, ils ne peuvent pas l'être pour la clientèle régulière.
«Ça des impacts sur notre urgence», dit-il. «On est parfois obligés de garder des patients plus longtemps au niveau de la salle d’urgence, alors qu’ils devraient avoir accès à un lit hospitalier. On a perdu pratiquement une unité au complet de 30 patients pour la dédier à la clientèle COVID.»
Des patients non-collaborateurs
M.Rocheleau ajoute que certains patients atteints de la COVID-19 donnent du fil à retordre au personnel médical pourtant là pour les sauver.
«Je vous avoue que c’est un peu difficile pour le personnel médical qui est là pour prendre soin de la clientèle», dit-il. «Parfois, on a des gens qui ne sont pas collaborateurs sur nos unités de soin. Ils ne veulent pas aider le personnel, ils sont parfois même arrogants, c’est très difficile et extrêmement frustrant. Malgré cela, les employés demeurent là pour les aider.»