La meilleure équipe féminine de tous les temps
François-David Rouleau
Le dernier cycle olympique n’aura pas été de tout repos pour le monde du sport.
C’est d’autant plus vrai alors que l’équipe canadienne a surmonté les embûches lancées sur sa route olympique par la pandémie. Cette médaille d’or signifie davantage pour les filles, qui n’ont jamais lâché.
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De surcroît, battre les Américaines 3 à 2 en pulvérisant des records triple leur bonheur.
En marquant 57 buts dans ce tournoi, le Canada a amélioré sa marque datant de 2010. Dans la conquête de l’or à Vancouver, la formation nationale avait inscrit 48 filets.
La troupe de Troy Ryan, unie et rodée au quart de tour, n’a jamais regardé derrière. Dans les sept victoires, elle a dévié du chemin une seule fois. C’était contre les Américaines au tour préliminaire.
Ann-Renée Desbiens et Marie-Philip Poulin avaient pris les choses en main pour limiter les dégâts et éviter la défaite. À part ce petit accroc, les Canadiennes ont joué avec plaisir, inspiration et motivation.
Elles n’avaient aucune peur au ventre. Peu importe l’erreur, ce n’était pas grave.
Cette nouvelle philosophie instaurée dans cette année olympique aura porté ses fruits. On a vu une explosion de créativité menant à une avalanche de buts.
Jouer pour le plaisir
Toutes ont pu célébrer, des gardiennes aux attaquantes. Et les 10 recrues ont largement coopéré.
Du nombre, on n’a qu’à penser à Sarah Fillier, qui a marqué huit buts et amassé 11 points.
Au sein d’une brigade défensive encore verte, Claire Thomson s’est signalée tant dans sa zone qu’à l’autre bout de la patinoire en totalisant 13 points à ses premiers Jeux.
C’est là une partie de la preuve de cette domination canadienne. La meilleure équipe féminine de tous les temps selon les vétéranes qui en ont vu d’autres.
Témoin du développement des jeux devant elle, la gardienne Ann-Renée Desbiens a bien résumé l’état d’esprit de son groupe.
«On ne jouait pas pour les records. On jouait pour le plaisir en y mettant tout l’effort possible. Tout le monde a contribué, même les filles qui ont moins vu de temps de glace. On était toutes dans le même bateau.»
Avant même de se réunir au centre national d’entraînement de Calgary à la fin de l’été, les membres de l’équipe étaient sur la même page.
Elles se rencontraient virtuellement et multipliaient les discussions au fil des annulations d’évènements internationaux.
Retardé et finalement disputé en août, le Championnat du monde aura servi de pierre d’assise.
Les Canadiennes avaient mis fin à une disette de neuf ans sans toucher l’or, l’arrachant à leurs éternelles rivales américaines. Les bases de la formation olympique avaient ainsi déjà pris solidement forme.
Unies dans l’aventure
À force de bûcher, de s’affronter, de s’entraîner et de vivre ensemble durant plus de six mois, les filles ont formé une famille.
«Il y a tellement de fierté dans cette conquête. Le travail pour y arriver est si grand. Les gens voient le produit fini, mais ne voient pas tout le travail accompli derrière», a soutenu l’entraîneur-chef Troy Ryan, qui a pris la barre de l’équipe olympique après les Jeux de 2018.
«Nous avons surmonté tous les obstacles de la pandémie, a-t-il enchaîné en applaudissant le caractère des siennes dans l’adversité. Nous avons fait preuve de résilience. C’est vraiment impressionnant. Je dis souvent que les bonnes choses attendent les bonnes personnes. Les filles méritent totalement cette médaille d’or. Elles y ont cru tout au long du processus.»
Ce groupe a traversé les hauts et les bas du cycle, ensemble. Il aura mis, ensemble, le plus beau des points d’exclamation à l’aventure en ramenant une cinquième médaille d’or au pays.