La faune marine est de retour dans les eaux de New York
Anne-Sophie Poiré
La faune marine est de retour dans les eaux qui entourent la ville de New York. Des baleines, des requins, des dauphins, des phoques et même des hippocampes ont été observés en grand nombre cet été, un signe que les décennies d’efforts de préservation commencent à porter leurs fruits.
Le port de New York n’a jamais été aussi propre depuis la guerre de Sécession – qui a pris fin en 1865 –, selon la Ville.
Le Clean Water Act adopté par le Congrès en 1972, la loi américaine sur les espèces menacées de 1973, la gestion des eaux de ruissellement et les nombreuses initiatives pour éliminer les industries le long de la côte new-yorkaise et dépolluer les eaux de la ville la plus peuplée des États-Unis ont permis le regain des écosystèmes.
Si bien que New York est à nouveau un garde-manger pour les mammifères marins, confirme une étude de l'Université de Columbia et de la Wildlife Conservation Society.
Les dauphins, les baleines et les requins reviennent pour se nourrir de poissons, de crustacés ou de mollusques qui, comme leurs prédateurs, n'avaient pas envie de nager dans les eaux polluées de la métropole américaine.
Des huîtres pour filtrer l’eau
Depuis 2014, la Ville a entrepris de réintroduire des huîtres dans le fleuve Hudson, autrefois présentes en grande quantité. Elles constituaient par ailleurs un élément de base du régime alimentaire de la population new-yorkaise, avant que la pollution ne devienne trop importante.
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Le commerce de ce fruit de mer a été interdit par la Ville en 1916 après une épidémie de typhoïde liée aux huîtres contaminées, selon le Gotham Center.
Quelque 100 millions de ces coquillages ont jusqu’ici été réintégrés dans la baie de New York par le Billion Oyster Project, qui vise le milliard d’ici 2035. Une seule huître peut filtrer en moyenne 190 litres d’eau par jour.
En plus d’offrir un habitat aux poissons et aux mollusques – de la nourriture de choix pour les mammifères marins de grande taille –, les récifs d’huîtres agissent comme une barrière freinant les vagues des tempêtes qui causent entre autres des inondations.
Les populations de poissons sont ainsi en plein essor dans le port de New York.
Observer les baleines à partir de Brooklyn
Neuf baleines à bosse y ont récemment fait surface ensemble, racontait The Economist en septembre. Des rorquals communs et des baleines noires ont également été aperçus en grand nombre, de même que des dauphins, des requins-tisserands et des requins-marteaux, des phoques, des crabes bleus et des hippocampes.
Entre les gratte-ciel, la population new-yorkaise se réapproprie également les eaux de sa ville en planche à pagaie et autres embarcations. Et elle fait des excursions pour observer les baleines à Brooklyn.
«C'est incroyable», confiait à The Economist Howard Rosenbaum, le directeur du programme Ocean Giants, de la Wildlife Conservation Society, basée au zoo du Bronx. Il a grandi à New York à l'époque où l'observation d'une seule baleine au large de la pointe éloignée de Long Island était un événement majeur.
Il y a quelques semaines, M. Rosenbaum se trouvait sur un bateau de 11 m pour observer une baleine à bosse près du pont Verrazzano, qui relie Brooklyn à Staten Island, lorsqu’une chose noir et blanc de la taille du bateau remonta vers la surface. Il a mis un moment à réaliser – puis à accepter – qu'il voyait une raie manta.
La bonne nouvelle selon lui: le travail pour améliorer la qualité de l’eau porte ses fruits malgré la menace des changements climatiques.