La débrouillardise... selon Korine Côté

Je suis débrouillarde. J’ai le système D de trois scouts attachés ensemble. Bon, j’ai l’air de ne pas me prendre pour un 7up flat de dire ça, mais c’est une compétence qu’il faut arborer fièrement, parce que la débrouillardise, ça s’acquiert et c’est vraiment pratique. Et j’adore les choses pratiques!

Je suis le genre de personne qui demande un couteau suisse à 32 fonctions pour Noël et qui a toujours des sangles à cliquet et une nouille de piscine coupée en deux sur le long dans sa valise d’auto. On ne sait jamais quand on va passer à côté d’une gigantesque radio des années 70 abandonnée sur le trottoir et qui n’entre pas dans le coffre. Parce que, pour se débrouiller, il faut quand même être préparée. Ne se défend pas d’un ours à main nue qui veut; ça prend au moins un crayon et un élastique à cheveux.

Qu’est-ce qu’il faut pour être débrouillarde? Une tête, un tournevis multifonction et Internet. Dès qu’on a une connexion de base, on n’a pas d’excuses pour ignorer comment faire quoi que ce soit. On est à une vidéo YouTube de pouvoir aller dans l’espace avec un dedans de laveuse et un briquet à BBQ. Il faut aussi apprendre à regarder les objets d’un autre oeil. Je vous donne un exemple: je devais me faire une fausse barbe pour une capsule Web, mais j’avais oublié mon maquillage. J’ai brûlé un bâton pour brasser la peinture, et je me suis dessiné la face avec le bout brûlé. (À ceux qui voudraient avoir recours à cette astuce, n’oubliez pas: 1) de vous assurer qu’il n’y a pas de peinture au bout du bâton; 2) de laisser refroidir le bâton avant de vous le mettre dans la figure.)

La récupération est une bonne façon de stimuler la débrouillardise. Non seulement ça vous force à vous creuser les méninges pour trouver une deuxième utilisation à votre cossin, mais, en plus, la planète est de bonne humeur et vous fait un petit bec en pincette pour vous remercier de ne pas avoir garroché vos bas-culottes troués dans sa cour. Qu’est-ce qu’on peut faire avec de vieux bas-culottes? De la corde douce et flexible pour attacher les plantes à des tuteurs, des mangeoires d’oiseaux, des tresses d’oignons et des vols de banque. Faites juste attention de ne pas mettre les mailles du côté de votre face: on risquerait de vous reconnaître.

Ça fait cinq ans que je n’ai pas acheté d’emballage cadeau. Et non, je n’emballe pas mes boîtes tout croche avec un vieux sac de beignes torchonné que j’ai trouvé dans le fond de mon auto. Je garde tous les rubans qui me tombent sous la main. D’ailleurs, le Noël passé, j’ai décoré un cadeau avec des rubans que j’ai coupés d’un g-string jamais porté que j’avais reçu à la blague d’une amie. La destinataire dudit cadeau ne le sait pas (je salue ma cousine, mais je ne dis pas laquelle).

Je ne perds presque jamais de nourriture. Je n’aime pas manger de restants, alors je fais de nouveaux repas avec. Cette semaine, j’ai fait des croquettes avec une moitié de burger au saumon du resto, cinq ou six frites de patate douce, un fond de potage et des légumes. Tu lances tout ça dans le robot culinaire, tu ajoutes un oeuf: ne reste plus qu’à faire cuire dans la poêle. Des légumes sautés on the side avec une petite sauce au yogourt, et hop! Ça fait chic. Un petit rire en cul-de-poule avec un fun fact sur les talents équestres du duc de Cambridge et on se croirait dans la royauté.

Faites-vous confiance et débrouillez-vous. Au pire, il y a toujours Google.

En plus d’être humoriste, Korine Côté est auteure pour le gala Les Olivier. On la retrouve aussi sur les ondes de CKOI chaque jour, de 11 h 30 à 13 h. Elle participera également aux galas ComediHa!, diffusés au courant de l’année à ICI Radio-Canada Télé. Finalement, Korine Côté reprendra sa tournée dès que le contexte le permettra. Tous les détails au korinecote.com.

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