L'espoir intrigant du CH
Jean-François Chaumont
«Je dois parfois me pincer pour réaliser que je suis un étudiant et un joueur de hockey à Harvard. Je pratique mon sport et j’étudie dans l’une des meilleures écoles au monde. Il y a des étudiants incroyablement intelligents ici. J’ai travaillé fort au secondaire pour obtenir de bonnes notes.»
Sean Farrell sortait d’un entraînement avec les Crimson de Harvard. On entendait encore des rondelles frapper contre la baie vitrée quand le jeune homme originaire du Massachusetts a rappelé «Le Journal».
- À lire aussi: CH : une triste première depuis 1998-1999?
- À lire aussi: CH: la suspension des activités prolongée
Pour l’école, Farrell étudie en économie à Harvard. Pour le hockey, il est un ailier gauche et un moteur offensif de l’équipe de Ted Donato.
«C’est parfois un défi de jongler entre les études et le hockey, réplique-t-il. Je découvre le campus, c’est une nouvelle réalité. Mais les joueurs plus vieux m’ont aidé à choisir mes cours et à gérer mon temps.»
«J’ai cinq cours par session. Je suis heureux de mes notes. J’ai obtenu de bons résultats. Je n’ai pas la pression de finir mes études en quatre ans. Je peux toujours partir et retourner dans quelques années. C’est aussi possible de terminer les cours durant l’été. Il y a des joueurs pros qui le font.»
17 points en 12 matchs
Farrell pourrait représenter un bel héritage de l’époque de Trevor Timmins. Repêché au quatrième tour (124e) en 2020, l’Américain s’est rapidement adapté au niveau de jeu de la NCAA.
Il se retrouve au deuxième rang des meilleurs pointeurs de son équipe avec 17 points (7 buts, 10 passes) après 12 matchs. Nick Abruzzese, un choix de 4e tour des Maple Leafs en 2019, domine l’équipe avec 18 points.
«Je m’attendais à obtenir une assez bonne production. J’ai toujours eu confiance en mon jeu, surtout offensivement. J’avais comme but de générer plusieurs chances de marquer pour mon équipe. Il y a des matchs où ça clique vraiment offensivement. Nous pouvons marquer plusieurs buts et gagner de gros matchs.»
«Je réalise un de mes objectifs en jouant dans la NCAA, a-t-il poursuivi. J’y pensais depuis que j’étais tout jeune. Je suis heureux de faire mes premiers pas à ce niveau. Depuis le début de la saison, je dirais que je me sens de plus en plus confortable. J’ai trouvé mon rythme et je suis heureux de mon jeu. Nous avons déjà joué près de la moitié de la saison.»
S’il parle d’une progression dans son jeu, le petit ailier gauche de 5 pi 9 po et 175 lb n’a jamais mis de temps à s’imposer avec sa nouvelle équipe. À ses trois premiers matchs à Harvard, il a récolté 9 points (5 buts, 4 passes). Il a également produit à un rythme élevé à ses deux dernières sorties avec cinq points (2 buts, 3 passes).
«Je peux l’utiliser à toutes les sauces, il joue autant en avantage numérique qu’en désavantage numérique et il peut même se retrouver au centre et à l’aile droite, a affirmé Ted Donato, l’entraîneur en chef à Harvard depuis la saison 2004-2005. Sean est un jeune homme très intelligent et très compétitif. Nous lui faisons vraiment confiance et il a gagné notre confiance. Il n’est pas juste bon offensivement.»
Joueur de l’année dans la USHL
L’an dernier, Farrell avait également attiré les regards en remportant le titre de joueur de l’année dans la USHL avec une campagne de 101 points (29 buts, 72 passes) en 51 matchs. Les chiffres offensifs ont capté l’imaginaire, mais Farrell y apporte aussi un bémol.
«Je devais jouer dans la NCAA la saison dernière, mais avec la pandémie, j’ai changé de plan, a-t-il précisé. Je pouvais retourner avec le Steel à Chicago. J’ai adoré ma saison. Ils font un bon travail pour développer leurs joueurs. J’ai appris énormément de ma dernière saison.»
À Harvard, Farrell a retrouvé son coéquipier des deux dernières saisons avec le Steel, Matt Coronato, un choix de premier tour des Flames de Calgary en 2021.
Le rêve de la LNH
Joueur au petit gabarit mais intense dans tous les aspects du jeu
Sean Farrell aime son aventure à Harvard, mais comme bien d’autres joueurs talentueux de la NCAA il pourrait aussi sortir de l’école avant la fin de son baccalauréat en économie.
Quand on lui demande où il jouera l’an prochain, l’Américain hésite avant de répondre à la question.
«Je ne sais pas encore, a-t-il affirmé. Je me concentre sur ma saison à Harvard. J’aime cette université et je veux accomplir plusieurs choses avec mon équipe. En même temps, j’ai comme rêve de jouer dans la LNH et je souhaite y arriver le plus rapidement possible.»
Pas encore de plan
Farrell pourrait toujours parapher son premier contrat professionnel avec le Canadien à la fin de la prochaine saison, mais il n’y a pas d’urgence dans son cas. Le CH regardera ce qu’il y a de mieux pour son développement, un concept parfois difficile à saisir.
L’ailier gauche ne connaît pas encore les intentions de Jeff Gorton, le nouveau patron hockey à Montréal.
«Non, je n’ai pas encore parlé à Jeff Gorton, a précisé Farrell. Je parle régulièrement avec Rob Ramage. Il me texte souvent pour obtenir des nouvelles. Il m’a aussi visité deux fois à Harvard. J’aime toujours lui parler et savoir ce qu’il pense de mon jeu et ce que je dois améliorer.»
Gorton, le vice-président des opérations hockey, a encore des dossiers plus prioritaires sur son bureau que celui de Farrell. Mais le temps viendra où il rencontrera son jeune espoir, surtout que les deux sont originaires du Massachusetts.
Une motivation de plus
Au repêchage de 2020, Farrell a glissé jusqu’au 4e tour (124e) même s’il était répertorié comme le 62e meilleur espoir en Amérique du Nord. Sa petite taille a probablement fait peur à plusieurs équipes.
«J’avais un esprit ouvert pour le repêchage. J’avais connu une bonne saison, mais il y avait eu des hauts et des bas. Le repêchage avait été repoussé à l’automne. Après le repêchage, j’étais juste heureux d’avoir été choisi par une équipe avec une riche histoire et de très bons partisans. Maintenant, je dirais que je peux me servir du fait que j’ai été repêché assez loin comme une motivation. Je veux atteindre la LNH un jour et avoir un impact.»
«Sean n’est pas le plus gros joueur, mais il est intense et il est fort pour protéger la rondelle, a renchéri Ted Donato, l’entraîneur en chef des Crimson. Il a aussi plusieurs outils, il est intelligent, il fait de bonnes lectures et il est bon défensivement. Le Canadien a fait un bon choix avec lui à la fin du 4e tour. Il est encore trop tôt pour prédire s’il sera un joueur dominant dans la LNH, mais il a les qualités comme joueur, mais aussi comme personne, pour y arriver.»
Si le Canadien reste un projet encore à long terme, Farrell a bien hâte de découvrir l’environnement de l’équipe rivale de son équipe d’enfance.
«J’ai grandi comme un partisan des Bruins. En vieillissant, j’ai appris à aimer l’histoire du hockey. Je ne vois pas juste le Canadien comme les rivaux des Bruins. J’ai hâte de découvrir la ville de Montréal. J’ai visité Montréal une seule fois, mais c’était pour un tournoi de hockey et j’avais dix ans. Je n’ai pas beaucoup de souvenirs.»