Le CH engage Chantal Machabée
Jean-François Chaumont
Chantal Machabée représentait l’image de RDS. Elle avait participé à la naissance de cette chaîne sportive en 1989 pour la faire grandir au fil des ans. La journaliste de métier deviendra maintenant un visage fort de l’équipe qu’elle couvrait, le Canadien de Montréal.
Geoff Molson n’a pas encore engagé le prochain directeur général du CH, mais il a frappé un gros coup avec l’embauche de Machabée au poste de vice-présidente aux communications.
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«Je ne veux plus qu’on soit les ennemis. Ça n’avait pas de sens. Ça changera. C’est important pour moi, mais tout aussi important pour le Canadien. C’est important pour Geoff Molson et pour France Margaret Bélanger.»
Par déformation professionnelle, la belle Chantal, comme le disait Jacques Demers, a parlé comme si elle faisait partie encore des médias en entrevue téléphonique au «Journal».
À ses premiers pas avec l’organisation, elle cherchera à diminuer le fossé créé avec les années entre l’équipe et les médias. Une philosophie qui cadre avec les propos de Geoff Molson quelques jours après les congédiements de Marc Bergevin, Trevor Timmins et Paul Wilson.
Carte blanche
Le CH a rapidement cogné à la porte de la dame de RDS. Le 30 novembre, soit deux jours après le départ de Wilson au poste de VP des communications, France Margaret-Bélanger l’a courtisée.
«J’ai eu plusieurs rencontres avec France et Geoff, a précisé Machabée. J’ai aussi parlé avec Jeff Gorton. J’ai fait mes devoirs avant de me lancer. Je suis très en paix et très heureuse de mon choix.»
«Je précise que je deviens la VP aux communications hockey. Je n’aurai pas le même boulot que Paul Wilson. D’ailleurs Paul a pris le temps de me téléphoner pour me féliciter. Ça m’a vraiment fait chaud au cœur. C’est un rôle différent. Je me concentrerai sur le Canadien, le Rocket, les Anciens du CH et la Fondation. Je travaillerai avec le DG, avec Jeff Gorton, le coach et les joueurs. Je resterai présente au quotidien, je voyagerai avec l’équipe.»
Dans ce changement de carrière, Machabée a confiance de rester fidèle à elle-même.
«Le Canadien me voit un peu comme la "chief of staff" (chef de cabinet), comme à la Maison-Blanche. Je ferai le pont avec les médias, mais je pourrai aussi donner des informations sur l’équipe avec les nouvelles du jour. Le Canadien a moulé le poste à mes compétences et à mes forces. Dans un sens, j’aurai carte blanche pour ma façon de travailler. Je communiquerai avec France Margaret qui est ma boss, mais aussi avec Geoff Molson. Mais Geoff sait aussi que j’ai des idées et il veut les entendre. Il m’a dit que je pouvais penser "outside de box", je peux proposer des choses qu’on n’a jamais faites.»
L’équipe de Guy Lafleur
Pour dire oui à la proposition du Tricolore, Machabée a pensé à une personne marquante dans sa vie.
«La première personne à qui j’ai pensé, c’est Guy Lafleur, a-t-elle répliqué. La première chose que j’ai dite à France Margaret quand elle m’a fait l’offre, je suis partie à rire et j’ai répondu que c’était l’équipe de Guy Lafleur. Guy est la raison pourquoi je suis devenue une journaliste sportive. Je l’ai toujours dit. Maintenant, je me retrouve avec l’équipe de Guy. Je suis maintenant un membre du Canadien de Montréal. J’en parle et je deviens émotive. Guy a une immense symbolique dans ma vie. Ça vient me chercher.»
Un long chapitre
Chantal a essuyé quelques larmes en parlant du numéro 10. Mais des larmes, il y en a aussi plusieurs qui ont coulé sur son visage au cours des derniers jours. Elle a fait un trait sur une immense portion de sa vie en partant de RDS.
«J’ai pleuré ma vie. Je resterai honnête, je dors mal depuis un mois. Quand j’ai rencontré Charles Perreault ce matin à RDS, j’étais très émotive. Je pleurais comme un bébé. Je trouve ça difficile. Le boulot m’intéressait énormément, mais c’est de m’arracher à RDS que je trouvais difficile.»
«Je suis arrivée à RDS à 24 ans, célibataire et sans enfant. J’en ressors comme une mamie. Mon fils (Simon) attendra une petite fille au mois de juin. Ça donne une idée du chemin et du temps que j’ai parcourus à RDS.»
«J’ai vu tout le monde arriver à RDS, j’avais été la première personne engagée. J’aime tellement mes collègues et patrons. J’ai fini par partir de RDS après plusieurs larmes et des nuits blanches. Je ne cherchais pas à changer de boulot. Je disais souvent en riant que je voulais devenir la Jean-Paul Chartrand des femmes et rester à l’antenne jusqu’à 86 ans! C’était ça mon but. J’étais bien et heureuse. Mais France m’a surprise avec sa proposition.»
Pour ceux qui le connaissent moins, Jean-Paul Chartrand, né le 11 janvier 1931, reste encore descripteur de boxe à 90 ans.... Gentille de nature, Chantal l’avait rajeuni un peu.
Les chantiers de Chantal
Chantal Machabée décrit ses trois premiers gros chantiers dans son nouveau rôle avec le Canadien.
1. Les relations avec les médias
«C’est ma priorité. Je veux que l’on connaisse davantage les joueurs du Canadien. On ne les connaît pas. Je parlais de Guy Lafleur. Mais pourquoi tout le monde aime Guy? On connaît sa vie, on le suit, il est près des partisans. On a cheminé avec les années avec lui. C’est la même histoire avec Yvon Lambert. Il est proche des citoyens, il parle au monde. Montréal a besoin de héros. Mais pour avoir des héros, tu dois les connaître. Je veux faire connaître les gars.»
2. Ramener les anciens du CH
«J’ai le mandat de travailler avec les anciens du Canadien. À RDS, dans mes fonctions à "L’Antichambre", je croisais plusieurs anciens joueurs. Ils m’ont confié un paquet de choses. Ils ont été tassés dans les dernières années et je trouve ça dommage. Le Canadien a de l’histoire et il faut la connaître. Ce n’est pas normal qu’un joueur actuel de l’équipe ne soit pas capable de reconnaître Stéphane Richer, le dernier marqueur de 50 buts. Je veux corriger ça.»
3. Le lien avec les partisans
«C’est un autre gros mandat. Le Canadien doit se rapprocher de ses partisans. Le CH n’a jamais été aussi critiqué, par ses performances, mais aussi des maladresses. Ça doit changer. J’ai beaucoup de travail, mais j’ai des idées. Sur les réseaux sociaux, j’ai toujours pris le temps de répondre aux partisans. Je continuerai à le faire. Il faut de la transparence. C’est aussi le souhait de Geoff Molson.»