Réforme du système de la santé: l’environnement pourrait aider à désengorger nos hôpitaux
Élizabeth Ménard
Pour désengorger les hôpitaux, il faut améliorer l’environnement dans lequel on vit. Cet aspect important de la prévention a toutefois été ignoré dans le plan de réforme du système de santé présenté hier, déplore une médecin de famille.
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Chaque année, 4000 personnes décèdent prématurément à cause de la pollution atmosphérique au Québec, martèle la Dre Claudel Pétrin Desrosiers, médecin de famille et présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME).
«Tu améliores la qualité de l'air, tu réduis certainement les problèmes de santé qui pourraient être développés ou aggravés par la pollution», souligne-t-elle, mentionnant qu’il en coûte 30 milliards $ par année aux Québécois en soins de santé, consultations médicales et absentéisme dûs à la pollution seulement.
Les grands absents
Cette pression de l’environnement sur le système de santé n’est pas reconnue dans la réforme présentée hier.
Les mots «changements climatiques» et «environnement» y sont absents (sauf pour parler d’environnement de travail).
Pour Mme Pétrin-Desrosiers, c’est une occasion manquée.
«Le système de santé, c’est une machine. On peut essayer d’améliorer son efficacité, mais si on ne joue pas sur les causes, on va se retrouver avec les mêmes problèmes dans trois à 10 ans», dit-elle.
Surtout que les changements climatiques, qui vont augmenter et s’intensifier au cours des prochaines années, vont ajouter à la pression, déjà grande.
«Les problèmes les plus fréquents et qui engorgent le système sont dûs au fait qu'on a une proportion de plus en plus élevée de gens qui vivent plus longtemps, ce qui est une excellente chose, mais qui ont souvent plus de problème de santé chroniques et multiples. On sait que ces personnes-là sont parmi les plus vulnérables face aux événements climatiques extrêmes», explique la spécialiste qui complète bientôt une maîtrise en environnement.
Les vagues de chaleur, par exemple, viennent toujours avec une augmentation des consultations à l’urgence, souligne-t-elle. On connait pourtant bien les solutions pour lutter contre les îlots de chaleur.
«Si on continue de nourrir les changements climatiques comme on le fait à coups de 3e liens et d'agrandissements d'autoroutes, on va continuer d'augmenter la pression sur les services de santé dans les événements climatiques extrêmes», lance-t-elle.
La médecin qui pratique dans le quartier Hochelaga, à Montréal, reconnaît toutefois qu’il y a «de belles choses» dans le plan du ministre Christian Dubé, notamment le changement de ton face aux médecins de famille.