Publicité
L'article provient de 7 jours
Culture

Jonathan Roberge s’ouvre sur la santé de son fils qui a vécu trois récidives de cancer

Photo : Guy Beaupre / TVA Publi
Partager

Michèle Lemieux

2024-02-06T12:00:00Z
Partager

Parce qu’il a lui-même connu des périodes difficiles, notamment en raison de crises d’anxiété et d’angoisse, Jonathan Roberge a accepté d’être l’ambassadeur de la Semaine de prévention du suicide. Avec le recul, l’humoriste sait combien les heures les plus sombres finissent par céder la place à la lumière, et c’est avec conviction qu’il livre son message d’espoir.      

• À lire aussi: Jonathan Roberge a un immense nouveau tatouage qui passera difficilement inaperçu

Jonathan, vous avez des projets professionnels intéressants qui vous occupent?
Oui, un balado intitulé Instinct paternel sur OHdio avec Olivier Niquet, Mickaël Gouin, Xavier Watso et Guillaume Wagner. Nous abordons différents sujets concernant la paternité 2.0. J’anime Au-delà du sexe à Télé-Québec et La guerre du web sur Unis TV. Je donne aussi des conférences où je propose des trucs pour gérer les crises d’anxiété et les crises de panique. J’explique comment je gère moi-même ces enjeux au quotidien. Il y a 15 ans, j’ai fait deux dépressions. Ça ne me définit pas, mais ça fait partie de moi. 

Vous avez accepté d’être ambassadeur de la Semaine de prévention du suicide. Vous montrez que, malgré une personnalité pétillante, on peut aussi avoir des difficultés.
Exactement. Je ne suis pas triste au quotidien, mais il y a 15 ans, j’ai eu des idées noires. Dans mon cas, ç’a été pernicieux. Je faisais des crises d’angoisse et des crises de panique à répétition alors que j’avais tout pour être heureux. J’ai découvert que j’étais un anxieux. J’avais un bébé, j’étais fatigué, je venais de remporter un Olivier, j’étais stressé. Je ressentais une douleur physique. Malgré la dépression, j’étais capable de rire, de participer à un souper d’amis sans que personne ne se doute de quoi que ce soit. Je me souviens d’un jour où, sous la douche, je me suis dit que ça ne pouvait plus durer: il fallait que je mette fin à mes jours.

Vous éprouviez une trop grande souffrance?
Oui, et depuis un moment, je dressais mon plan. Un jour, je me suis assis à une table pour écrire une lettre et je me suis rendu compte de ce que je faisais. Encore de nos jours, il y a une pression énorme chez les hommes, et les statistiques le démontrent: au Québec, 75 % des suicides sont commis par des hommes. La tranche d’âge la plus touchée est entre 50 et 64 ans. On parle ici d’une génération à qui on n’a pas appris à exprimer ses émotions.

Qu’est-ce qui a changé la donne dans votre vie?
C’est l’addition de plusieurs choses. Des amis ont pris soin de moi. Ils m’ont aidé, parlé. Un jour, quelqu’un m’a offert des CD de méditation. Je n’en revenais pas! Sans pression, il les a laissés sur ma table en me disant: «Si ça te tente, tu essaieras...» Pour son premier anniversaire, mon fils a reçu une carte de fête dans laquelle une amie m’offrait une heure et demie de massage. Je ne comprenais pas. Elle m’a dit: «Je pense qu’un papa qui va mieux, c’est le plus beau cadeau que je puisse donner à ton fils...» Je me rappelle encore à quel point c’est venu me chercher. Une autre fois, quelqu’un m’a donné le numéro d’un psy. Ça faisait trois semaines que je ne sortais pas de chez nous et que je faisais des crises d’angoisse dans la douche... Mon entourage m’a beaucoup aidé. Parfois, il faut aussi accepter de prendre l’antidépresseur ou un autre médicament qui nous permettra de retrouver le bonheur de vivre.

Publicité

On voit comme chaque petit geste peut avoir un énorme impact dans la vie de celui qui souffre.
Effectivement. Un jour, j’étais dans le bureau de mon patron à la radio et je lui ai dit que j’étais à bout. Ça faisait trois ans que je me levais tôt. J’avais eu un bébé. Nous avions traversé des épreuves à la maison. J’étais brûlé. Je lui ai demandé si je pouvais prendre deux jours de congé et il m’a dit non... Il voulait que je prenne deux semaines! Je savais qu’à mon retour, j’allais encore avoir ma job. Je n’ai pas fait de tentative de suicide, mais j’ai vécu avec cette pensée. Avec le recul, je n’arrive pas à croire que j’aurais pu faire une chose pareille. Des années plus tard, je n’en suis pas revenu de voir tout ce qui m’était arrivé: un deuxième enfant, une deuxième femme, des voyages, tellement de belles choses. Chaque fois que je vis un moment heureux, je me dis que j’aurais manqué ça... J’aurais commis une gaffe!

Vous avez perdu des proches par suicide...
Tout le monde a perdu quelqu'un autour de lui. Nous avons tous un collègue de travail, un membre de notre famille, un ami qui s'est enlevé la vie. Personnellement, je connais plusieurs personnes qui se sont suicidées. À l'adolescence, j'ai perdu une amie, puis un collègue de travail. Il faut qu’on le dise haut et fort: c’est correct de parler de notre détresse. Ne pas en parler, c’est accepter qu’il puisse y avoir un éléphant dans la pièce. Le Québec est l’un des endroits où il y a le plus de suicides. Est-ce qu’on peut en parler?

Avec ce que vous avez vécu, diriez-vous que vous êtes devenu un père qui communique et encourage ses enfants à verbaliser leurs émotions?
Absolument. Nos enfants sont différents: l’un verbalise beaucoup ses émotions, l’autre non. Lorsque nous avons vécu des défis dans notre famille, mes enfants m’ont vu pleurer. Je veux être, pour eux, un modèle de père qui peut pleurer.

En terminant, donnez-nous des nouvelles de votre fils Xavier.
Ça va bien dans les circonstances. Xavier a eu un cancer, et trois récidives. En ce moment, il va bien, il va à l’école, joue au hockey, il est heureux, souriant. Il a des rendez-vous de suivi tous les trois mois. Nous avançons au jour le jour et nous profitons de chaque journée. 

La semaine de prévention du suicide se déroule du 4 au 10 février.
On s’informe sur l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS).
On peut obtenir de l’aide 24/7 par téléphone au 9-8-8 ou par SMS au même numéro.

Jonathan anime Instinct paternel, sur OHdio, Au-delà du sexe le lundi 0 h 30, à Télé-Québec, et La guerre du web, sur Unis TV.
Il donne aussi des conférences.

Publicité
Publicité

Sur le même sujet