500 milles de Daytona «Je n’ai aucune raison de lever le pied» -Jacques Villeneuve
Louis Butcher
Certains diront que d’avoir un enfant pourrait inciter les pilotes de course à changer leur façon de se comporter sur un circuit. Ce n’est certes pas le cas de Jacques Villeneuve.
À 50 ans, le champion du monde de Formule 1 en 1997 a toujours le feu sacré. Sans cette passion, il n’aurait d’ailleurs jamais accepté cette invitation de participer à la célèbre épreuve des 500 Milles de Daytona.
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Il tentera demain soir de s’y qualifier pour la première fois de sa carrière après une tentative infructueuse en 2008.
Malgré son âge vénérable (il est le deuxième plus vieux inscrit cette année à Daytona après Greg Biffle), le physique tient le coup.
« Ça fait 30 ans que je fais de la course et je ne vois pas de changement si ce n’est que quelques malaises au dos parfois, a-t-il raconté en entrevue au Journal. On m’a toujours dit qu’à 45 ans, tu vas te fatiguer. Alors je ne sens aucune différence. J’ai couru en série NASCAR en Europe [et gagné une épreuve l’an dernier]. Alors, pourquoi abandonner ?
« Quand mon corps ne suivra plus et que je réaliserai que c’est trop éprouvant, je vais accrocher mon casque. Si je m’aperçois aussi que la prise de risque est trop élevée, j’arrêterai. Mais ce jour n’est pas encore arrivé. »
Bien entouré à Daytona
Pour une rare fois, ses deux plus vieux enfants, Jules et Joakim, accompagnent leur père sur un circuit de course. Ils sont accompagnés du tout dernier (et de son cinquième garçon), Gilles, né il y a deux semaines à peine, que lui a donné Marra, sa nouvelle conjointe qui a également fait le déplacement en Floride.
Cette notion du risque est revenue à quelques reprises pendant notre conversation.
« Le risque fait partie de la course, explique Villeneuve. Quand tu arrives dans un virage qui exige de rouler le pied au plancher, tu le fais, car ça peut faire une différence. Courir, c’est mon métier, enchaîne-t-il. Quand je m’installe dans la voiture, je ne pense pas aux enfants et il ne faut pas le faire. Je n’ai aucune raison de lever le pied. Rendu au cinquième [enfant], j’aurais changé ma façon de me comporter bien avant.
« Je suis très vivant quand j’ai un volant dans les mains, avance-t-il. Et je n’ai pas l’impression de prendre des risques dans une voiture de course.
« Tant et aussi longtemps que je serai heureux à faire mon travail, je ne vois pas la fin de ma carrière. Mais, en contrepartie, je ne sauterais pas des rochers en skis... »
« La vie est dangereuse »
On lui a évidemment rappelé qu’il pratiquait un sport dangereux, même si la sécurité a fait des pas de géant au fil des ans. Les pilotes ne sont jamais à l’abri d’accidents sérieux. Rappelez-vous l’embardée terrifiante de Ryan Newman il y a deux ans ici même à Daytona. On parle d’un véritable miraculé.
« Oui, c’est vrai, rétorque Villeneuve, mais la vie est dangereuse. Si tu commences à penser de cette façon, aussi bien rester à la maison et ne pas en sortir.
« La course, c’est plus dangereux qu’une promenade au parc, mais on est quand même sous contrôle et en partie maître de notre destin. C’est à nous de décoder, en tant que pilote, la quantité de risques à prendre. »
Clin d’œil à papa
Il aura fallu la naissance d’un cinquième garçon pour que Jacques Villeneuve décide de le baptiser Gilles, le prénom de son célèbre père.
« Ce n’est pas quelque chose de léger, affirme-t-il. Je n’étais pas à l’aise avec ce prénom. J’avais franchi une étape quand mon quatrième (Henri) est né. Il porte le deuxième prénom de Gilles.
« Mais là, le moment était favorable. Je ne peux vraiment pas dire pourquoi j’ai attendu aussi longtemps. Gilles n’était pas un père présent. J’avais peut-être des choses à comprendre ou à digérer. »
Déjà 40 ans
Le 8 mai 2022 marquera le 40e anniversaire du décès tragique de son père au circuit de Zolder, en Belgique. « J’imagine que je vais recevoir beaucoup d’appels ce jour-là, avoue Villeneuve. C’est une date qu’on me rappelle constamment, mais que je ne retiens pas. Il y a des anniversaires qu’on veut garder, d’autres pas. »