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«J’avais une chance sur deux de mourir dans le train»

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TVA Sports

2022-03-02T00:40:34Z
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Fraîchement revenu d’Ukraine où il évoluait dans la meilleure ligue au pays jusqu’au déclenchement de la triste guerre sévissant là-bas, le hockeyeur québécois Eliezer Sherbatov a généreusement accepté de venir raconter à «JiC» tout ce qu’il avait vécu ces derniers jours. 

Et l’athlète de 30 ans a connu l’horreur.

Voyez la totalité de ce touchant entretien en vidéo principale.  

«À cinq heures du matin, mercredi dernier, toute l’équipe est à l’hôtel situé à Marioupol (ville située aux abords de la mer d’Azov et à moins de 100 kilomètres de la frontière avec la Russie). Soudain, j’entends un énorme "BOUM!", puis toute l’équipe s’est alors réveillée. Tout tremblait autour de nous. J’ouvre les rideaux et je vois une lumière qui fonce vers ma fenêtre. Je commence à être très nerveux, puis j’entends une autre déflagration. Là, tu comprends que c’est sérieux.»

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«L'équipe s’est à ce moment réunie dans le lobby et notre entraîneur nous a regardé droit dans les yeux, puis a lancé : "la guerre est commencée. Je vous conseille de rester, mais vous pouvez aussi partir. C’est à votre guise." 

«Mais tu ne peux pas partir! À gauche, c’est les Russes et à droite, les Ukrainiens. Nous sommes entourés de tanks et de militaires. Il n’y a juste pas de place pour circuler!»

Sherbatov enchaîne ensuite avec une phrase extrêmement révélatrice.

«Je n’ai pas dormi pendant trois jours. En fait, tu refuses de dormir, car tu ne sais pas si tu vas te réveiller...»

À bord du «train de la mort»   

Heureusement, le hockeyeur a eu l’immense chance de pouvoir sauter dans un train quelques jours plus tard. Ce train allait finalement constituer la première étape d’un retour à une vie normale. 

Mais jamais, lance Sherbatov avec colère, l’ambassade canadienne n’a fait quoi que ce soit pour lui prêter main forte.

«Le train se dirigeait vers Lviv, une ville ukrainienne où se trouve l’ambassade israélienne. J’ai dû me tourner vers cette option, parce que l’ambassade canadienne n’a absolument rien fait! J’étais quand même un citoyen canadien au beau milieu de la guerre... J’ai envoyé un courriel et appelé l’ambassade, puis tout ce qu’on m’a offert en guise de réponse a été un courriel de type "copié-collé" où me demandait d’aller me réfugier dans un abri anti-bombe.»

L’ancien joueur du Junior de Montréal dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) s’arrête alors un instant. Puis, clairement secoué par les souvenirs qui regagnent son esprit, reprend. 

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«Si j’avais écouté l’ambassade, j’aurais été pris sans eau et sans nourriture en route vers... la mort. Je suis extrêmement déçu du gouvernement canadien.»

Eliezer Sherbatov un (ancien joueur de la LHJMQ) est de retour d'Ukraine Laval, Québec, Canada. Le mardi 1er mars 2022 PHOTO: MARTIN ALARIE / AGENCE QMI / JOURNAL DE MONTREAL
Eliezer Sherbatov un (ancien joueur de la LHJMQ) est de retour d'Ukraine Laval, Québec, Canada. Le mardi 1er mars 2022 PHOTO: MARTIN ALARIE / AGENCE QMI / JOURNAL DE MONTREAL MARTIN ALARIE / AGENCE QMI / JOURNAL DE MONTREAL

Sherbatov, également détenteur d’un passeport d’Israël, a finalement été contacté par l’ambassade Israélienne, qui l’a alors mis sur la piste du fameux train. 

«Je suis parti juste à temps, parce que c’était le seul train qui se rendait à Lviv. Mais on a quand même dû passer à travers Kiev. Il y avait un grand danger. Monsieur Lajoie, je dois vous avouer que j’appelle ce train-là le "train de la mort". 

«L’appareil était arrivé en retard de quatre heures et deux heures avant de monter à bord, un militaire est venu me dire que tous les trains ukrainiens se faisaient mitrailler. On m’a dit que j’avais une chance sur deux de mourir dans le train. J’ai un ami qui a choisi de demeurer sur place et de ne pas monter. Pour ma part, je suis embarqué, mais ce fut le plus long 24h de ma vie. Merci à la vie de s’être rangée de mon côté.»

En charge d’un groupe de 17 personnes    

Finalement arrivé à Lviv, Sherbatov est monté à bord d’un autobus en compagnie de 17 autres Israéliens. La voiture a amené le groupe en Pologne, où l’athlète s’est vu confier la charge du groupe en entier. 

«L’ambassade d’Israël n’a pas été en mesure d’envoyer quelqu’un nous rejoindre, donc on m’a donné la mission d’aider les femmes, enfants et personnes âgées à traverser la frontière. C’est finalement en Pologne qu’on a pu prendre un vol, mais on a auparavant dû attendre de longues journées dehors, au grand froid.

«Aujourd’hui, je me rends compte que les astres se sont alignés pour moi et ces 17 autres personnes. Je les considère toutes comme étant des membres de ma famille, maintenant.»

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