«Il n’y a pas beaucoup de moyens d’arrêter les États-Unis», selon Pierre Marc Johnson
Olivier Boivin
Même si l’Europe et le Canada se mettaient ensemble pour lutter contre l’annonce que fera Donald Trump mercredi après-midi, il y a peu de chances qu’ils y parviennent, selon l’ancien premier ministre du Québec, Pierre Marc Johnson.
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En entrevue avec Mario Dumont, M. Johnson estime que le président américain gouverne selon une vision du monde qui tient peu compte des pays qui ont historiquement été des alliés des États-Unis.
«La réalité, c’est que même s’il ennuie tout le monde, il n’y a pas beaucoup de moyens d’arrêter les États-Unis, et particulièrement ce président, dit-il. Je pense que lui a une vision où il voit le monde comme étant dominé par trois puissances, soit les États-Unis, la Chine et la Russie, même si la Russie sur le plan économique est extrêmement affaiblie depuis quelques années.»
«Deuxièmement, il voit le monde comme étant un endroit où il a toujours des gagnants et des perdants, ajoute-t-il. Alors que la réalité du commerce international depuis la Deuxième Guerre mondiale, ce n’est pas ça. C’est de favoriser la prospérité pour le plus grand nombre.»
Donald Trump n’accepte pas la défaite, ce qui fait en sorte qu’il ramène le monde au 19e siècle, estime l'ancien premier ministre du Québec.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
«Ça donne ce que ça donne en ce moment, soit la démolition d’un système mis sur pieds il y a presque 80 ans et qui a permis qu’il n’y ait pas de guerre mondiale, qui a permis une prospérité [...] et un univers dans lequel les valeurs de liberté et les valeurs du marché comme étant libre ont été des portées par les États-Unis pendant près de 80 ans.»
«Il est en train de démolir ça, continue-t-il. On revient à 1890, à une époque où il n’y avait pas une dépendance énorme des pays les uns à travers les autres à cause des chaînes d’approvisionnement. Si l’on regarde un avion, ce sont des dizaines de milliers de pièces qui viennent de dizaines de pays.»
Une annonce favorable au Canada?
Concernant l’annonce du «Jour de la libération», Pierre Marc Johnson est d’avis que le président pourrait épargner quelque peu le Canada, étant donné qu'il s'en est déjà pris à lui de multiples façons au cours des derniers mois.
Il est toutefois difficile selon lui de prédire si M. Trump usera de quelque logique que ce soit lors de son annonce.
«Pour le Canada, peut-être que ça va être un peu plus tranquille, possiblement, et pour le reste du monde, ça va frapper dur», affirme-t-il. Il a commencé par taper dur sur le Canada, le Mexique et la Chine. Maintenant, normalement, la logique ce serait qu’il tape dur sur l’Europe.»
«Ce serait la logique, mais encore une fois, pour comprendre l’administration américaine, il faut comprendre un peu le personnage qu’est monsieur Trump, renchérit-il. En pratique, on est dans un univers un peu confus, donc il est très difficile de prévoir ce qui sera annoncé.»
Il estime que la conversation entre M. Trump et le premier ministre Mark Carney est de bon augure pour l’annonce, mais que les tarifs déjà annoncés sur l’acier et l’aluminium, notamment, ont un effet dévastateur à eux seuls.
«Ce qu’il faut voir, c’est est-ce qu’il va être cohérent dans son discours, est-ce qu’il va faire appel au mot collaboration, ou est-ce que ce sera juste du "je, me, moi" américain, explique-t-il. Si c’est du "je, me, moi" américain, ça annonce des temps difficiles pour beaucoup de gens.»
Ces temps difficiles pourraient également affecter les Américains.
«Ça a été joué comme une partie de dames au lieu d’une partie d’échecs, mentionne-t-il. C’est compliqué le commerce international. Il n’y a pas une mesure qui n’a pas au moins partiellement un effet domino, et le type de mesure que le pays est en train de prendre a des effets partout à travers le système économique. Et ça peut coûter cher aux États-Unis, autant que ça va nous coûter cher à nous.»
Voyez l’entrevue complète dans la vidéo ci-dessus