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L'article provient de TVA Sports
Sports

Hockey Québec s’éloigne de Hockey Canada

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Photo portrait de François-David Rouleau

François-David Rouleau

2022-10-05T12:56:40Z
2022-10-06T03:53:20Z
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«On ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs.» Voilà comment le président de Hockey Québec a expliqué la décision de sa fédération de suspendre ses cotisations à Hockey Canada. Claude Fortin espère maintenant qu’il ne sera pas seul à tourner le dos à l’organisme national.

Voyez, en vidéo principale, les explications de Claude Fortin, président du Conseil d'administration de Hockey Québec. 

L’homme à la tête du conseil d’administration de Hockey Québec depuis juin souhaite un grand changement dans la culture de Hockey Canada. Et d’après lui, le personnel en place ne démontre pas les valeurs recherchées pour cette refonte majeure.

C’est pourquoi il a décidé que sa fédération n’enverrait pas, pour l’instant, la somme de 3 $ par frais d’inscription de ses quelque 80 000 joueurs et joueuses vers les coffres dorés de l’organisme national. Il gardera ces fonds à l’abri dans une fiducie au Québec.

Que représente cette décision, outre un geste symbolique fort puisque la cotisation des membres d’un océan à l’autre représente 2 % des revenus de l’organisme national? Environ 120 000 $.

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Le premier des deux versements est dû pour le 1er décembre, selon les règlements administratifs de Hockey Canada. L’autre montant de 120 000 $ doit être acquitté le 1er avril. Un défaut de s’y conformer entraînerait des conséquences, dont la perte des droits de vote.

Les yeux sur l’assemblée

L’assemblée annuelle des membres de Hockey Canada est prévue à Ottawa à la mi-novembre. De grosses décisions devraient y être prises, notamment envers la haute direction et le CA Hockey Québec, la deuxième plus grosse fédération au pays, compte cinq votes, comme celle de l’Ontario. Elle espère obtenir des appuis autour de la table.

«Nous sommes prêts à affronter les répercussions que notre décision pourrait occasionner. Mais on espère que Hockey Canada ne nous prendra pas en otages», a signalé le président du CA de Hockey Québec, mercredi en entrevue avec «Le Journal».

La stratégie du CA pourrait changer d’ici là, car les «jeunes sont au centre des décisions», a-t-il ensuite nuancé, sans dévoiler ses cartes.

Faire tomber les dominos

D’ici l’assemblée, d’autres chapitres devraient s’ajouter aux scandales qui secouent Hockey Canada. Les dominos ne devraient pas tous tomber au moment opportun.

L’ancien juge de la Cour suprême Thomas Cromwell devrait rendre son rapport de révision de la structure et de la gouvernance de l’organisme. Il faut rappeler que ce rapport «indépendant» est commandé à grands frais par le conseil d’administration de Hockey Canada. Selon des informations recueillies par «Le Journal», ce rapport pourrait ne pas être achevé à temps.

La semaine dernière, le comité des candidatures a ouvert sa boîte aux lettres afin de pourvoir des sièges au conseil d’administration. Le nouveau CA ne sera finalisé qu’au 17 décembre lors d’une assemblée virtuelle.

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Et selon d’autres sources qui suivent de près le dossier explosif, d’autres révélations sont attendues. Les amateurs de hockey et le peuple canadien n’auraient entrevu que la pointe de l’iceberg jusqu’à présent.

L’ancien chef de la direction de 1998 à 2014, Bob Nicholson, devrait comparaître prochainement au Comité du patrimoine canadien.

Alors rien pour ramener la confiance des membres des 13 divisions au pays, dont Hockey Québec, qui a totalement perdu confiance envers l’organisme national.

Une demande, pas une action

La fédération de la Belle Province fait figure de pionnière dans sa décision. Rien n’indique toutefois que ses collègues emboîteront le pas. Mercredi, la Fédération de hockey de l’Ontario a fait savoir qu’elle a réitéré sa demande à Hockey Canada de ne pas prélever les frais d’inscription de 3 $ pour la saison en cours.

Une nuance sur la décision de Hockey Québec qui a décidé de suspendre carrément son paiement.

«Nous ne sommes pas dupes, nous savons que les membres des 12 autres divisions nationales n’auront pas tous le même courage de leurs convictions au fil des prochaines semaines», a affirmé M. Fortin, qui n’a discuté du sujet ni avec ses homologues ni avec Hockey Canada.

«On va voir ce que les gens vont faire, a-t-il enchaîné. Nous serons peut-être seuls dans notre coin à cette assemblée, ce qui ne m’étonnerait pas, car de ce qu’on me dit, ils ne parlent pas de ça ailleurs au pays. Mais chez nous, on défend nos valeurs et nos principes.»

♦ En soirée mercredi, la chaîne de restauration Tim Hortons, l’un des cinq principaux partenaires de Hockey Canada, a annoncé qu’elle retirait ses commandites de tout le programme national masculin cette année, tout comme la Banque Scotia.

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PAS DE CONTRIBUTION AU SECOND FONDS

Les Québécois n’auraient pas contribué au Fonds national d’équité dévoilé lundi, selon les propos du président de la fédération, Claude Fortin.

Mis sur pied dans le milieu des années 1980, ce deuxième fonds aurait servi à couvrir des réclamations non assurées à une époque où Hockey Canada et ses membres étaient assurés par eux-mêmes. C’est ce que la présidente par intérim du conseil d’administration de l’organisme national, Andrea Skinner, a essayé de faire avaler, sans grand succès, aux parlementaires du Comité du Patrimoine lors de l’audience de mardi.

En désaccord

Le quotidien torontois «The Globe and Mail» avait dévoilé qu’il avait plutôt servi à des règlements liés à des cas d’abus sexuels.

Les membres de la fédération québécoise n’y auraient jamais versé un sou, a précisé M. Fortin.

«On était sorti du programme d’assurances de Hockey Canada à cette époque-là, car on était en désaccord avec celui-ci», s’est souvenu l’homme qui œuvre dans le monde du hockey fédéré depuis plus de 40 ans, dont 20 ans dans les hautes sphères de l’organigramme de Hockey Québec.

«On s’était organisé par nous-mêmes. On s’était ensuite aperçu que ça coûtait vraiment plus cher en assurances. Nous avions rejoint le programme après un certain temps.»

En exprimant son désaveu envers la fédération nationale, M. Fortin est abasourdi par les révélations concernant Hockey Canada. Il regrette que l’organisme n’ait pas répondu sérieusement aux demandes formulées par Hockey Québec.

Les fleurs et le pot

Par ailleurs, le député de Marquette qui était le porte-parole de l’opposition officielle en matière de sport à la fin de la dernière législature, Enrico Ciccone, a salué le courage de Hockey Québec.

«Je suis content que le Québec ait agi. La culture du hockey va changer quand les dirigeants vont changer. Acheter le silence ne protège jamais. En se posant en victime, Hockey Canada fait preuve d’un pathétisme consommé», a tonné en entrevue téléphonique celui qui a été réélu dans sa circonscription, aux élections provinciales de lundi.

Du même souffle, l’ancien joueur de la LNH a aussi applaudi la fermeté et la position de la ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge. Celle-ci souhaite des démissions dans la haute direction.

«Elle démontre beaucoup de leadership. Le gouvernement fédéral a une vraie ministre des Sports.»

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