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Culture

Francine Ruel révèle pour la première fois le décès de son père

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Jean-Marie Lapointe

2024-11-07T11:00:00Z
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Après nous avoir offert l’excellent roman Anna et l’enfant-vieillard, inspiré de sa relation avec son fils, qui vit en situation d’itinérance, puis Ma mère est un flamant rose, dans lequel elle rend hommage à son excentrique maman, qui a élevé seule ses cinq filles, Francine Ruel boucle la boucle en dessinant le portrait de son père, un homme qu’elle a peu connu, dans Mon père est un pigeon voyageur. Nous sommes allés à sa rencontre pour prendre de ses nouvelles et faire le point sur sa vie bien remplie.

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Parlons de ce qui t’occupe présentement. Tu viens de nous offrir Mon père est un pigeon voyageur. Est-ce une façon de boucler la boucle, de faire la paix avec ton passé?

Je pense que oui. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si j’ai attendu la mort de mon père pour me pencher sur l’écriture de ce livre. Il fallait que je sois prête. Dans Mon père est un pigeon voyageur, je ne cherche pas à régler mes comptes avec un père qui a été absent, je veux juste tenter de comprendre... l’incompréhensible.

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J’ai presque terminé la lecture du livre et il y a plein de petites perles qui m’ont beaucoup touché. Mon papa, Jean Lapointe, était alcoolique, toxicomane, homme à femmes... mais j’avais un lien très fort avec lui. Quand il partait, je craignais qu’il ne revienne pas. Toi, ton père est parti lorsque tu étais âgée de sept ans. Je peux à peine m’imaginer le cauchemar que tu as vécu!

Les premiers temps, mes soeurs et moi, on ne le réalisait pas, parce qu’il était commis voyageur. Maman disait «papa travaille», elle laissait ça ouvert. À sept ans, tu n’as pas vraiment la notion du temps. Ce n’est qu’après plusieurs mois que j’ai compris qu’il était parti pour de bon.

Et comme tu l’expliques dans le livre, ta mère a essayé de vous protéger le plus possible.

Effectivement. Elle parlait de lui avec élégance, avec humour, même! Elle le surnommait «cet adorable inconscient» au lieu de dire «ce chien sale» ou «ce trou du cul». Elle ne voulait pas élever ses filles dans la haine des hommes. Malgré ses efforts pour préserver son image, j’ai trouvé ça difficile. Il faut comprendre que je ressemblais comme deux gouttes d’eau à mon père. Pour une enfant, ressembler au salaud qui fait pleurer ta mère, ce n’est pas évident.

Tu sais que j’ai accompagné mon père en fin de vie et que j’ai partagé cette expérience dans le livre Notre dernier voyage, ce qui a été thérapeutique pour moi. Considères-tu aussi l’écriture de ton livre comme une thérapie?

Oui et non. L’écriture est un exutoire, mais ça ne règle pas tout. Pour Mon père est un pigeon voyageur, je ressentais l’obligation morale de raconter cette histoire, parce que je la porte en moi depuis longtemps. Je désirais aussi remettre les pendules à l’heure quant au départ de mon père. Combien de fois j’ai entendu à propos de mon histoire: «Votre père vous a abandonnée, c’est donc bien effrayant.» Mais je ne me suis jamais sentie comme une victime. J’ai compris assez tôt que, dans la vie, quand on a un malheur, on peut en faire quelque chose de positif.

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Cette résilience est tout à ton honneur! Ça me fait penser à une citation de Guy Corneau: «Lorsque nous mettons des mots sur les maux, lesdits maux deviennent des mots dits et cessent d’être maudits.»

C’est tellement vrai, et ça s’applique à tous mes romans! Cela dit, même si l’écriture est thérapeutique, comme tu dis, rien ne vaut une bonne thérapie. J’en ai fait une pour arrêter d’appeler mes amis en larmes, pour protéger mon entourage. Côtoyer quelqu’un qui a tout le temps de la peine et qui garroche toute sa souffrance sur les autres, ça draine de l’énergie... et je ne veux pas être cette amie-là.

On va se le dire: tu as eu ton lot d’épreuves dans la vie. Mais ce qui me fascine chez toi, c’est ta façon d’avancer et de garder le sourire, malgré les coups durs.

Quand j’ai appris le décès de mon père, j’ai poussé un soupir de soulagement. Nous vivions dans la même ville et j’étais toujours sur le qui-vive. Je craignais de le croiser. Je me demandais si j’allais le reconnaître, s’il allait me reconnaître, si on allait trouver quelque chose à se dire. Depuis qu’il est décédé, je ne vis plus avec cette peur de tomber par hasard sur lui.

Te souviens-tu de la dernière fois que tu l’as rencontré?

Bien sûr. C’était il y a longtemps, dans un enterrement. Toute sa famille nous avait reniées, sauf un oncle. Nous étions donc dans un coin avec cet oncle, sa femme et ses enfants. À quelques mètres de nous, dans le même salon mortuaire, il y avait notre père. Il n’est jamais venu nous voir. À un moment donné, quelqu’un lui a dit: «Tu n’as pas envie d’aller voir tes filles?» Il a répondu: «C’est à elles de venir me voir.» C’est là que j’ai compris que tu ne peux pas t’accrocher à quelqu’un qui te tire toujours vers le bas. Entoure-toi plutôt de personnes qui te tirent vers le haut!

Pour lire notre entrevue au complet, procurez-vous la plus récente édition du magazine La Semaine en kiosque dès maintenant ou en ligne juste ici.

Le récent livre de Francine Ruel, Mon père est un pigeon voyageur, est désormais disponible. 

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