Faut-il craindre les menaces nucléaires de Vladimir Poutine?
Félix Pedneault
Le président russe a menacé les pays qui tenteraient de lui mettre des bâtons dans les roues de leur faire subir des conséquences «jamais vues dans leur histoire», faisant clairement référence à l’utilisation de l’arme nucléaire. Poutine serait-il prêt pour autant à appuyer sur le bouton rouge?
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«Il fait monter la pression, peut-être pour inquiéter les Occidentaux, ce qui est tout à fait normal», nuance Julien Tourreille, spécialiste en science politique de la Chaire Raoul-Dandurand de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Selon lui, Vladimir Poutine cherche avant tout à intimider les alliés de l’Ukraine afin de briser la solidarité entre ces pays. «Il y a quelque chose qui se joue là qui est beaucoup plus important qu'un simple différend entre l'Ukraine et la Russie», puisque la réaction de tous les pays occidentaux à cette menace compte aux yeux du président Poutine, explique Julien Tourreille.
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Un mince équilibre des forces
Selon le Stockholm International Peace Research Institute, la Russie possède l’armement nucléaire le plus volumineux au monde, avec 6255 ogives (janvier 2021). Elle est suivie de près par les États-Unis, avec 5550 ogives. À eux seuls, ces deux pays détiennent plus de 90% de l’armement nucléaire mondial.
De nombreux observateurs internationaux estiment que la Russie serait en mesure de déployer 1600 de ces ogives à tout instant. «C'est beaucoup plus que ce dont vous avez besoin pour, insite Julien Tourreille. Je n'irai pas jusqu'à dire annihiler toute vie sur Terre, mais pour créer des dommages colossaux.»
Un «nouveau et dangereux chapitre de notre histoire»
L’élévation par la Russie de la menace nucléaire n’est pas à prendre à la légère, a pour sa part estimé l’ONU lors d’une réunion jeudi à Genève.
«L’attaque militaire de la Fédération de Russie contre l’Ukraine a ouvert un nouveau et dangereux chapitre de l’histoire mondiale», a déclaré la Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet.
«L’élévation du niveau d’alerte des armes nucléaires souligne la gravité des risques qui pèsent pour l’ensemble de l’humanité», a-t-elle ajouté devant le Conseil des droits de l’Homme (CDH) de l’ONU.
Les 47 États membres du CDH sont réunis pour un débat urgent sur la guerre en Ukraine, à la demande de Kyïv qui espère faire adopter, à l’issue des discussions, une résolution demandant une enquête internationale.
Ces débats qui doivent se poursuivre jusqu’à vendredi ont donné lieu à de vifs échanges entre Moscou et Kyïv.