Inondations meurtrières en Afrique du Sud: est-ce la faute des changements climatiques?
Anne-Sophie Poiré et Agence France Presse
L’Afrique du Sud a déclaré l’état d’urgence dans la région de Durban, frappée par de graves inondations la semaine dernière qui ont fait 448 morts et des dizaines de disparus. Est-ce une autre conséquence des changements climatiques?
Les pluies diluviennes et les glissements de terrain ont engendré le chaos autour de la ville portuaire de Durban, dans l’est de l'Afrique du Sud: routes défoncées, ponts effondrés, canalisations éventrées.
«Ce sont les pires inondations que nous n'ayons jamais vues», a déclaré la ministre chargée de la gestion des catastrophes, Nkosazana Dlamini-Zuma, en conférence de presse.
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Elles ont tué 448 personnes jusqu’à présent. Des hélicoptères survolent encore la ville à la recherche de dizaines de personnes toujours portées disparues.
Près de 4000 maisons ont été rasées, et plus de 13 500 ont été endommagées. Des habitants sont privés d’eau potable depuis huit jours, 80% du réseau de la ville a été touché.
Le président pointe la crise climatique
Il s’agit de la troisième inondation majeure à se produire au cours des cinq dernières années dans la région.
Et selon le président Cyril Ramaphosa, elles sont en lien direct avec la crise climatique.
«Cette catastrophe fait partie des changements climatiques», a-t-il déclaré lors d’une visite dans la région de Durban. «Nous devons accroître nos investissements dans les mesures d'adaptation au climat afin de mieux protéger les communautés.»
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Des centaines de millions de dollars seront nécessaires pour réparer les dommages. Une première estimation pour la restauration des infrastructures routières seulement est chiffrée à près de 482 M$.
D’autres facteurs aussi en cause
Le 11 avril, des précipitations de plus de 300 mm sont tombées en 24 heures sur la province côtière de KwaZulu-Natal, rapporte la BBC.
Cette quantité de pluie correspond à près de 75% des précipitations annuelles moyennes de l'Afrique du Sud. Elle aurait entraîné des inondations, peu importe, selon les experts interrogés par le média britannique.
Les infrastructures déficientes de la ville et les collines escarpées de la région de Durban propices aux glissements de terrain seraient aussi à blâmer.
Il ne serait donc pas tout à fait juste d'attribuer cet événement météorologique individuel à une tendance à plus long terme, comme le réchauffement climatique.
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Le Service météorologique sud-africain – et d'innombrables scientifiques – affirme tout de même que les phénomènes météorologiques extrêmes, comme ces inondations, sont toujours plus fréquents et agressifs en raison des changements climatiques.
«En d'autres termes, on peut s'attendre à juste titre à ce que des épisodes de fortes pluies se reproduisent à l'avenir et à une fréquence accrue», a indiqué l'agence à la BBC.