Éric Lapointe s’ouvre sur sa vie amoureuse

Éric lapointe a sorti Obsession, son premier album, en mai 1994, et le succès ne l’a jamais abandonné depuis. Il a certes connu des hauts et des bas pendant ces trois dernières décennies. Ses abus l’ont entraîné dans des gouffres abyssaux et, au cours des dernières années, il a fait face à la justice avec dignité. Mais son public ne l’a jamais lâché, et c’est pour lui qu’il continue à faire ce qu’il aime le plus au monde: monter sur scène pour jouer de la musique.

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Éric Lapointe est actuellement en pleine forme, et ça se voit dès qu’on le rencontre. Même s’il y va pas à pas, il célébrera bientôt sa première année de sobriété. «Je n’ai pas été à jeun aussi longtemps depuis l’âge de 12 ans. J’apprends à vivre avec un homme que je connais peu, mais c’est une bonne personne. Chaque année, j’arrêtais quelques semaines, parfois quelques mois. J’en ai fait, des thérapies, mais je sais que l’alcool, c’est le combat de ma vie.» Depuis plusieurs mois, il n’a pas l’impression de devoir lutter férocement contre sa dépendance. «Il y a certains défis, mais je ne buvais pas pour le goût, je buvais pour l’effet. J’ai toujours été en amour avec l’effet de l’alcool. Mais ce n’est pas un gros manque par rapport aux nouveaux plaisirs que j’ai dans ma vie, comme ma relation avec mes enfants, qui s’est nettement améliorée.»

Après des années compliquées à la suite d’une accusation de voie de fait contre une femme, pour laquelle il a été absout par la justice, l’artiste est heureux de pouvoir continuer à faire ce qu’il aime le plus au monde: être sur scène, donner des spectacles et avoir une connexion avec son public. «Au quotidien, les gens viennent me parler, ils me disent qu’ils se sont ennuyés de moi. Je n’ai pourtant jamais arrêté de faire des spectacles. Pour une certaine partie des gens, j’avais disparu, mais le public a toujours été au rendez-vous, c’est juste que les médias n’en parlaient pas. Aujourd’hui, les radios recommencent à diffuser mes chansons, je fais une tournée de festivals et, sans vouloir paraître prétentieux, on a quasiment des records de fréquentation pour chacun de mes spectacles. J’ai l’impression que tout est en train de revenir à la normale après des années plus difficiles.»

Néanmoins, il comprend les réactions et la situation dans laquelle peuvent être plongés les organisations et les commanditaires d’événements lorsque son nom est proposé pour un spectacle. «Je comprends que certains ont des réticences, que des conseils de ville soient frileux. Mais en même temps, il y a des organisations et des salles qui ne m’ont jamais lâché. Je pense quand même avoir un bon contact avec le monde. Je n’ai pas senti de différence avec les gens qui me croisent dans la rue, leur attitude n’a pas changé envers moi.»

Ses spectacles s’articulent actuellement autour de son dernier album, Je marche dans ma vie, sorti l’automne dernier. Ce sont des chansons qu’il a écrites durant la crise médiatico-judiciaire des dernières années. «La pandémie et l’événement dont on parle ont entraîné une anxiété, une peur que tout le travail des 30 dernières années tombe dans l’oubli. Ça m’a plongé dans une espèce de bilan, de rétrospective et de réflexion sur l’ensemble de ma vie affective, de mon rapport avec les autres, avec mon entourage. Ça a soulevé beaucoup de questions. On est la somme de nos erreurs, et on regrette souvent celles qu’on n’a pas faites. Cet album, c’est un peu tout ça. C’est une réflexion sur ma vie, sur ma perpétuelle recherche d’amour et mon éternel mal de vivre.»

Trente ans de carrière

En mai, Obsession, son premier album, a célébré son trentième anniversaire. «Ça passe très vite. Je ne sais pas si c’est à cause des enfants qui grandissent ou de la cinquantaine, mais j’ai eu envie de me replonger dans mes souvenirs. J’ai enregistré un album qui s’appelle Entracte, dans lequel j’ai revisité mes vieilles chansons, mais de manière acoustique, afin de mettre les textes en évidence. On dirait qu’elles ont pris une autre dimension.»

En 1994, le chanteur avait enregistré son premier album avec une maison de disques, mais leurs relations se sont depuis distendues. «Les bandes originales de ce disque ne m’appartiennent pas. Mais pour marquer ses 30 ans, je voulais présenter un objet-souvenir et sortir les chansons en vinyle. J’ai donc réenregistré Obsession comme il y a 30 ans, avec les mêmes arrangements, les mêmes tonalités, dans le même ordre. Ç’a été un exercice super intéressant, parce que je me référais toujours à l’intention que j’avais à l’époque, quand j’avais 20 ans.»

Se replonger dans cet état d’esprit, même si sa voix a changé et que certaines notes étaient plus difficiles à atteindre, a réconforté l’artiste. «À l’époque, j’avais une espèce d’instinct, une rage de jeunesse qui est difficilement reproductible, mais j’ai fait du mieux que j’ai pu. En même temps, je n’ai pas voulu dénaturer ces chansons, parce que je sais qu’elles représentent un souvenir particulier pour les gens.»

S’il a eu beaucoup de plaisir à refaire ces chansons presque à l’identique, il y a une chose qu’il voulait absolument changer, et c’est la pochette de son disque. «C’est certainement, et de loin, la pochette la plus laide de l’histoire de la musique au Québec. J’ai bien l’intention de me reprendre là-dessus. On a un graphiste qui travaille sur le concept et on va présenter un bel objet, avec plein de photos souvenirs.»

La date de sortie de ce disque n’est pas encore arrêtée, mais des projets rattachés à ce trentième anniversaire de carrière sont en train de se mettre en place. Des annonces seront faites plus tard, mais le chanteur nous a toutefois donné quelques pistes. «Il y a plusieurs projets connexes, mais je peux te dire qu’on a commencé à booker des shows. Je vais faire deux tournées en parallèle: une tournée rock avec mon band au complet, et je vais aussi tourner avec un spectacle acoustique, avec une formation plus réduite, durant lequel je vais faire des chansons que je n’ai pas faites souvent sur scène, parce que je priorisais les succès radio. Je vais pouvoir explorer celles qui sont plus à textes, et qui sont d’ailleurs souvent les plus belles. Ça va aussi me permettre de parler davantage aux gens, de raconter l’histoire et le contexte autour des chansons. C’est quelque chose que je fais assez peu dans mes spectacles rock, parce qu’il n’y a jamais de temps morts.»

Tournée en famille

La date de sortie de ce disque n’est pas encore arrêtée, mais des projets rattachés à ce trentième anniversaire de carrière sont en train de se mettre en place. Des annonces seront faites plus tard, mais le chanteur nous a toutefois donné quelques pistes. «Il y a plusieurs projets connexes, mais je peux te dire qu’on a commencé à booker des shows. Je vais faire deux tournées en parallèle: une tournée rock avec mon band au complet, et je vais aussi tourner avec un spectacle acoustique, avec une formation plus réduite, durant lequel je vais faire des chansons que je n’ai pas faites souvent sur scène, parce que je priorisais les succès radio. Je vais pouvoir explorer celles qui sont plus à textes, et qui sont d’ailleurs souvent les plus belles. Ça va aussi me permettre de parler davantage aux gens, de raconter l’histoire et le contexte autour des chansons. C’est quelque chose que je fais assez peu dans mes spectacles rock, parce qu’il n’y a jamais de temps morts.»

Comme Éric est un artiste et un ami fidèle, ses musiciens, ses techniciens et la majeure partie de ceux qui l’entourent travaillent avec lui depuis plusieurs décennies. «Pour mes enfants, ce sont les mononcles. On est comme une grande famille. On a tous vu nos enfants respectifs grandir. C’est une grosse famille sur la route, on est plus d’une vingtaine à partir en tournée.»

Une rentrée attendue

Cet automne, le chanteur présentera un spectacle important à l’Espace St-Denis, à Montréal. «J’ai fait le MTELUS, l’automne dernier, avec un spectacle qui faisait office de lancement pour l’album. En faisant le décompte, je me suis aperçu que j’avais joué dans pas mal toutes les salles de Montréal, sauf au St-Denis (Espace St-Denis). Alors on s’est dit: “Pourquoi pas?”»

Ce spectacle, le 20 septembre, marquera donc sa rentrée montréalaise, une façon pour lui d’instaurer le retour à une normalité dans sa carrière. «Je recommence à être positif, je recommence à sourire. J’arrive à mettre mes angoisses et mon anxiété de côté, et à avoir simplement du plaisir à faire ce que je fais, sans être toujours en mode défensif. Je ne remercierai jamais assez le public pour les 30 années que j’ai passées avec lui. Il ne m’a jamais lâché. Durant la crise, il m’a appuyé, il m’a supporté, et c’est ce qui m’a aidé à passer au travers.»

Sur son dernier album, il a notamment repris une chanson de Jean-Pierre Ferland, À marée basse, qui exprime exactement ce qu’il a vécu et comment il s’est senti durant cette période. D’ailleurs, il confirme avoir été peiné de ne pas être invité aux hommages qui ont lieu en l’honneur de Jean-Pierre Ferland. «C’est un homme que j’adorais, j’aime son oeuvre en totalité. Je pense que c’était un ami. J’ai eu la chance de travailler avec lui, et j’ai repris plusieurs de ses chansons au fil du temps.»

En pause d'amour

Quand on lui demande s’il croit encore à l’amour, le chanteur botte en touche. «Je suis en amour avec deux petits bonhommes qui se lancent le ballon devant moi, avance-t-il. Je pense que je suis en pause de l’amour. Sur le plan affectif, je suis en train de replacer les morceaux. En fait, avec les enfants, avec la sobriété et le tri qui s’est fait naturellement dans mes amitiés, je suis en train de replacer ma vie en perspective. Je n’ai pas d’amoureuse, et je n’en veux pas pour le moment. L’amour avec un grand A, j’ai mis un frein là-dessus. Il faut que le nouvel homme trouve sa place dans tout ça, que je l’apprivoise et qu’il apprenne à se connaître un peu plus.»

Pour connaître toutes les dates de spectacles d’Éric Lapointe et ses futurs projets, rendez-vous au ericlapointe.com

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