Équipe Canada junior: un scénario parfait pour Shane Wright
Kevin Dubé
Un premier but dans la LNH, face au Canadien, l’équipe qui l’a ignorée au dernier repêchage, tout juste avant d’être prêté à Équipe Canada junior : le scénario n’aurait probablement pas pu être plus parfait pour l’attaquant du Kraken de Seattle, Shane Wright.
En plus, tout juste avant d’inscrire son premier filet en carrière, l’attaquant ontarien venait de réussir son très court séjour de cinq matchs dans la Ligue américaine de hockey avec les Firebirds de Coachella Valley, avec qui il avait inscrit quatre buts en cinq parties.
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Wright s’est donc présenté à Moncton, où le camp d’ÉCJ s’est officiellement mis en branle aujourd'hui, en pleine confiance. Et pas déçu, bien au contraire, puisqu’il avait su avant même de quitter pour Coachella Valley que le Kraken avait l’intention de lui permettre de vivre l’expérience du Mondial junior. Surtout que, l’an dernier, il avait vu ses rêves de médaille d’or être anéantis lorsque la COVID-19 avait forcé l’annulation du tournoi après trois jours.
Puis, l’été dernier, le Kraken avait préféré ne pas le prêter à ÉCJ pour la reprise du tournoi, préférant qu’il se prépare en vue du camp d’entraînement de l’équipe.
Mais bref, le revoilà finalement.
«J’ai le sentiment du devoir non accompli après ce qui s’est passé l’an dernier. J’ai envie d’être ici et j’ai envie de faire partie d’une équipe championne de la médaille d’or. Nous pensons avoir une équipe pour le faire», a mentionné celui qui se veut déjà un candidat de choix pour être le capitaine canadien.
Un meilleur joueur
Évidemment, il a coulé de l’eau sous les ponts depuis la dernière fois que Wright a enfilé le chandail d’Équipe Canada.
«J’ai beaucoup grandi et gagné en maturité depuis l’an dernier. J’ai plus confiance en mes habiletés et j’ai traversé beaucoup d’adversité. Je n’ai pas joué autant que je l’aurais pensé à Seattle, puis je suis retourné à Coachella Valley, et j’ai finalement marqué mon premier but à mon retour, ce qui m’a redonné une grosse dose de confiance. Maintenant, je viens ici pour aider le Canada à gagner l’or et je veux retourner à Seattle non seulement pour prouver que je peux rester dans la LNH, mais aussi pour démontrer que je peux y avoir un impact.»
Ce qui le pousse à croire qu’il pourra prendre son envol dans la LNH, c’est qu’il se sent déjà plus confortable et à sa place dans la meilleure ligue au monde.
«Au début, j’étais un peu impressionné de voir les joueurs que j’affrontais. Maintenant, je m’y suis habitué. Sidney Crosby a été le joueur qui m’a le plus intimidé. Il a toujours été mon joueur favori, et de le voir de l’autre côté, c’était un sentiment difficile à décrire.»
Un trio de pros
Les dirigeants de Hockey Canada ne sont pas tombés en bas de leur chaise quand ils ont appris que Wright, Dylan Guenther et Brandt Clarke avaient été prêtés par leur équipe de la LNH à ÉCJ. Ils étaient au courant depuis un certain moment.
Et l’entraîneur-chef Dennis Williams n’a pas l’intention d’avoir entre ses mains trois joueurs qui joueront les prima donna ou qui auront la tête ailleurs.
«À la lumière des conversations que j’ai eues avec eux, ce n’est que du positif. Chaque occasion de représenter ton pays est excitante et je sens que les trois sont très contents d’être ici. Sur la glace, aujourd’hui, on voyait déjà leur leadership. Ils fonçaient au filet, leur exécution était à point. Ils ne réalisent pas à quel point ils ont la capacité de mener par l’exemple.»
Chose certaine, le prêt de ces trois joueurs de la LNH fait en sorte qu’il y a encore moins de postes disponibles avec ÉCJ cette année.
«On aura des décisions difficiles à prendre, mais c’est ce que tu veux en tant que personnel d’entraîneurs. [...] Le poste de personne n’est acquis. C’est la raison pour laquelle nous sommes ici. Le groupe de gestion a fait un bon travail pour nous fournir les meilleurs joueurs disponibles et maintenant c’est à nous de mettre la meilleure équipe possible sur pied. Pas une équipe d’étoiles, mais une équipe gagnante.»
«Il a géré ça comme un pro»
Brennan Othmann connaît Shane Wright depuis longtemps. Il a vu la déception dans son visage, le 7 juillet dernier, quand trois équipes, dont le Canadien, l’ont ignoré alors qu’il était considéré depuis des années comme le meilleur de son groupe d’âge.
Les deux hockeyeurs se connaissent depuis les rangs mineurs et patinent ensemble chaque été. Outre la déception, c’est davantage la façon avec laquelle Wright a géré toute l’attention portée sur lui qui a impressionné Othmann.
«Il a dû gérer la pression médiatique ainsi que celle venant avec le fait d’être étiqueté premier au total depuis qu’il a 12 ans. D’être vu comme le premier et de finalement sortir quatrième, j’ai trouvé qu’il a géré ça en vrai professionnel. J’étais tellement content de le voir marquer son premier but. La veille, mon père avait appelé le sien pour lui dire qu’il avait un pressentiment et que Shane allait marquer contre Montréal.»
Et, en toute honnêteté, croit-il son ami quand il dit que le match contre le Canadien était un match comme un autre ? Avant de répondre, il esquisse un sourire.
«Un peu, lance-t-il. Shane, c’est Shane et il garde certaines choses pour lui, mais c’est un gars très fort mentalement. Personnellement, je pense que ce match l’a motivé un peu plus que les autres.»
Quoi qu’il en soit, Othmann estime que le Kraken a fait toute une prise en choisissant son bon ami avec la quatrième sélection.
«Je pense que Shane sera un excellent joueur dans la LNH, je pense qu’il va y jouer 1000 matchs et qu’il va être le capitaine de son équipe un jour. Alors, qu’il soit sorti premier ou quatrième, ça ne changera rien. La LNH est une ligue difficile et il y joue déjà à 18 ans.»
Chimie évidente
D’ailleurs, Othmann avait un message plus ou moins subtil à lancer au personnel d’entraîneurs d’Équipe Canada junior: il aimerait jouer sur le même trio que Shane Wright durant le tournoi.
«Si on est jumelés, je sais qu’on va produire beaucoup d’attaques. Notre chimie est déjà établie et on se lit bien sur la patinoire. Nous patinons ensemble durant l’été, donc la chimie ne s’en ira pas. Je pense que si on joue sur le même trio, ce sera mortel.»
En 2018-2019, Othmann et Wright portaient les couleurs des Flyers de Don Mills, au niveau M16. Cette année-là, ils n’avaient pas perdu un seul match en temps réglementaire et avaient uni leurs efforts pour 296 points en seulement 72 matchs.
À noter que le défenseur Brandt Clarke, prêté par les Kings de Los Angeles à ÉCJ, avait récolté 113 points cette année-là.