Désinformés, des gens refusent de se faire intuber
TVA Nouvelles
Médecin aux soins intensifs de l’Hôpital Cité-de-la-Santé de Laval, le Dr Joseph Dahine a livré un témoignage percutant sur les tragédies humaines auxquelles il assiste au cours de cette quatrième vague de la pandémie, celle des non-vaccinés.
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En entrevue à Mario Dumont, il a insisté sur la dangerosité de ne pas être protégé, mais aussi les conséquences fatales de la désinformation et des théories complotistes.
«Il y a des gens qui pensent que je suis un acteur, et que les hôpitaux c’est des décors de cinéma, ils vivent dans un monde parallèle, mais nous, on continue de faire notre travail et on va les sauver ces personnes-là autant que possible», a-t-il assuré.
Tous les non-vaccinés ne sont pas complètement déconnectés, mais se laissent convaincre par de fausses informations, qui leur coûtent la vie.
Il se souvient notamment de cet homme mort de la COVID, malgré l’insistance de sa conjointe pour qu’il se fasse vacciner.
«Il écoutait des podcasts qui l’on convaincu de ne pas se faire vacciner. Sa conjointe travaille dans la vaccination elle a tout fait pour le convaincre, elle n’a pas réussi, et là il est mort, s’attriste l’urgentiste. Ce sont des tragédies individuelles qui comme soignant nous bouleversent.»
«On a des pères de famille, une femme enceinte transférée hier pour potentiellement lui offrir de l’ECMO. Ça, c’est sortir le sang complètement de votre corps pour l’oxygéner dans une machine, et le ramener dans votre corps. Ce n’est pas banal de vivre ça pendant qu’on est enceinte», relate Dr Dahine.
«Ce qui est troublant, ce n’est pas nécessairement ce qui se passe avec le patient, c’est tous les gens autour d’eux, les gens qui les aiment. Quand j’appelle et que je dis à une mère que je viens d’intuber son fils, elle pleure au téléphone et me dit : ‘’faites tout pour le sauver’’. Quand j’ai la conjointe d’un père de famille qui se demande ce qui arrivera avec ses enfants s’il meurt... »
Si une chose que les gens peuvent faire pour se protéger et protéger la collectivité, c’est de se faire vacciner, insiste le Dr Dahine.
«On est habitué de traiter des gens non vaccinés, on l’a fait dans la première, deuxième, troisième vague, parce que le vaccin n’existait pas, mais là, il existe. De savoir que ces hospitalisations-là, ces décès auraient pu être prévenu, ça rend le tout encore plus tragique. »
Conséquences pour toute la vie
Le médecin a aussi tenu à dénoncer les propos qui circulent dans des cercles complotistes alléguant que c’est l’intubation qui tue les patients.
«On fait tout pour ne pas intuber les patients. J’ai eu un patient de 44 ans, on l’a gardé pendant une semaine sur oxygène à haut débit. Mais à moment quand il est rendu à 100% de concentration en oxygène et qu’il sature à 80% dans son sang, il faut l’intuber, c’est la seule chose qui peut nous acheter du temps pour que le corps combatte la COVID. On voit ça souvent dernièrement, on ne voyait pas ça dans les autres vagues, les gens refusent l’option de l’intubation. ‘’Je ne veux pas être intubé’’ nous disent-ils. ‘’Bien vous ne voulez pas mourir non plus?’’ Non, personne ne veut mourir. Fait qu’on les intube pour leur sauver la vie», détaille l’urgentiste.
Par ailleurs, un séjour aux soins intensifs a des conséquences sérieuses sur la vie des personnes qui s’en sorte, et elles restent marquées.
«Leur santé est compromise, pour la plupart, à jamais. Essoufflement, mais aussi tout le syndrome post-soins intensifs. Des problèmes de santé mentale, anxiété, perte de concentration, perte de libido, essoufflement, cauchemar, des symptômes de choc post-traumatique», met-il en lumière.
En date de jeudi, à la Cité-de-la-Santé de Laval, la grande majorité des soins intensifs est occupée par des moins de 55 ans. Sur sept patients aux soins intensifs, cinq ont moins de 55 ans, et des patients aussi jeunes que 22 ans sont hospitalisés à l’étage.
«À ceux qui se sont fait vacciner, merci!», conclut le médecin.