Crise des opioïdes au Canada : certains partis promettent la décriminalisation de toutes les drogues

François Carabin
C'est impossible que les partis politiques ne soient pas au courant de la crise des opioïdes : 17 Canadiens sont décédés chaque jour d'une surdose en 2020 - dont une dizaine par semaine au Québec. Voici comment les quatre formations représentées dans notre province comptent s'y attaquer.
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Parti libéral : aider les provinces qui veulent décriminaliser

Le Parti libéral de Justin Trudeau considère la crise des opioïdes comme «un problème de société» et s’engage notamment à débourser plus de 500 millions $ dans les traitements et la sensibilisation.
La décriminalisation des drogues n’est pas exclue du programme libéral, mais le premier ministre sortant ne croit pas qu’il serait approprié pour le gouvernement fédéral d’en faire une solution mur à mur. Il offre plutôt aux provinces de les accompagner dans des démarches de déjudiciarisation ou de décriminalisation partielle par le biais d'exceptions dans la loi.
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C'est ce que demandait récemment la Colombie-Britannique au gouvernement fédéral. Aux yeux de la province de l'Ouest canadien, il est possible d’appliquer une décriminalisation à la province par le biais d’une exemption à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances.
«Nous avons vu plusieurs provinces, particulièrement la Colombie-Britannique, démontrer de l’intérêt à aller dans cette direction et nous sommes absolument ouverts à travailler avec elles», a souligné Justin Trudeau en début de campagne électorale.
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Parti conservateur : traiter plutôt que décriminaliser

Comme les autres partis représentés au Parlement canadien, le PCC traite maintenant la crise des opioïdes comme un «problème de santé».
«Nous pensons que les forces de l’ordre devraient se concentrer sur les trafiquants», précise le parti dans sa plateforme électorale.
Malgré ça, Erin O’Toole ne voit pas la décriminalisation de la consommation ou de la possession de drogue comme une solution. Son plan repose plutôt sur la mise sur pied d’un millier de places «de traitement» et d’une cinquantaine de centres communautaires afin d’aider les toxicomanes à guérir.
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Ce modèle serait répliqué dans les communautés autochtones, mais de façon «culturellement appropriée», par la mise en place de «programmes de traitement conçus et administrés par les communautés».
Bloc québécois : la décriminalisation à l'agenda

Le parti d’Yves-François Blanchet voit dans la décriminalisation de la possession simple une solution de premier ordre à la crise des surdoses, qui se sont comptées par milliers en 2020. «Le Bloc québécois souhaite étudier la meilleure façon dont la décriminalisation pour possession pourrait être implantée», nous a-t-on indiqué.
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Aux yeux de la formation souverainiste, cette décision législative doit être accompagnée d’une hausse substantielle des transferts en santé. Les sommes supplémentaires pourraient ensuite servir dans l’amélioration des «services de premières lignes».
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«La décriminalisation sera efficace seulement si elle est jumelée à des initiatives de première ligne qui permettront aux corps policiers de rediriger les consommateurs de drogues vers des ressources d’aide. Cela permet de désengorger notre système de justice et d’influencer positivement les consommateurs quant aux dangers liés aux drogues», a répondu le Bloc au 24 heures.
Nouveau parti démocratique : la décriminalisation à l'agenda

Selon le NPD, il y a «urgence». Le chef néodémocrate, Jagmeet Singh, croit d’ailleurs que la crise des opioïdes devrait mener au déclenchement d’une «urgence de santé publique».
La formation politique met la décriminalisation au premier rang de ses priorités. Dans son programme, elle s’engage à «mettre fin à la criminalisation» des drogues en plus de promettre qu’elle «sévira contre les véritables criminels», soit les trafiquants.
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Sans dire à quelle hauteur, le NPD promet de soutenir les sites de consommation supervisés. Ceux-ci se comptent sur les doigts d’une main au Québec, malgré les dizaines de décès constatés dans la province à chaque mois.
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