Des mois plus tard, les récalcitrants viennent chercher leur première dose
Des récalcitrants souhaitent pouvoir retourner au resto et voyager
Patrick Bellerose
Ils ont résisté par conviction, par crainte ou simplement parce qu’ils ne se sentaient pas concernés. Mais des milliers de Québécois reçoivent ces jours-ci leur première dose du vaccin contre la COVID-19, dans l’espoir de retrouver un peu de liberté.
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Dans la salle des Chevaliers de Colomb de L’Ancienne-Lorette, mardi dernier, les jeunes non vaccinés côtoyaient les aînés venus chercher leur troisième dose pour prolonger l’efficacité du vaccin. «Ça va nous permettre de “tougher” plus longtemps », a lancé une octogénaire au moment de sortir dans le froid mordant de novembre.
Un autre aîné s’étonnait de voir autant de gens recevoir une première injection. «J’en ai compté environ sept sur une dizaine autour de moi», a-t-il déclaré au Journal.
La campagne de vaccination massive est terminée depuis la fin août, mais entre 1 500 et 2 500 personnes reçoivent encore chaque jour leur première dose du vaccin contre la COVID-19.
«Pression sociale»
À L’Ancienne-Lorette, les non-vaccinés étaient principalement des adolescents et de jeunes adultes.
Tous ont expliqué que les contraintes sur les loisirs les ont finalement convaincus de venir se faire vacciner. «Pour moi, c’est juste la pression sociale, rien d’autre», dit Dave, 33 ans. Comme les autres personnes rencontrées, il ne souhaite pas être identifié.
Il raconte que sa copine souhaite retourner manger au restaurant et «sortir plus», alors que le Québec se déconfine graduellement. Dave, lui, s’accommodait de se faire livrer des repas à la maison.
Quelques minutes plus tôt, Jérôme, 22 ans, tenait un discours similaire. Comme plusieurs personnes interrogées, il pouvait vivre avec le passeport vaccinal, mais l’attrait des voyages a eu raison de ses appréhensions. «Je veux pouvoir sortir du pays pour aller profiter du temps chaud, plutôt que le temps maussade qu’on a présentement», confie-t-il.
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Ni exaltés ni complotistes
Sur la dizaine de personnes rencontrées à L’Ancienne-Lorette, aucun ne tenait un discours exalté contre le vaccin ou aux accents complotistes.
«Je n’en avais pas de besoin. Vous faites-vous vacciner contre la grippe chaque année? Non, pourtant il y a du monde qui meurt de la grippe», résume Dave.
Plusieurs ont également dit avoir été d’abord inquiets face à un vaccin développé rapidement. «C’était surtout l’inconnu qui me faisait peur», confie une jeune femme de 23 ans. Pleinement vaccinée depuis deux semaines, elle accompagnait son amie qu’elle a convaincue de recevoir sa première dose. «Quand tu l’as fait, c’est juste une piqûre», souligne-t-elle.
Seul Samuel, 15 ans, était vivement opposé au vaccin. Comme toute sa famille, il avait refusé jusqu’ici de relever sa manche. Mais l’ouverture prochaine des pistes de ski a finalement persuadé ce fan de snowboard. «T’as pu de vie, si tu ne l’as pas», dit-il, résigné.
Épidémie des non-vaccinés
Mercredi, le ministre de la Santé a rappelé que la hausse récente des cas de COVID-19 est surtout attribuable aux non-vaccinés. «Si j’ai une inquiétude, au Québec, ce sont mes régions de non-vaccinés», a dit Christian Dubé. L’Outaouais, l’Estrie et l’Abitibi-Témiscamingue sont particulièrement à découvert.
D’ailleurs, le Dr Gaston De Serres, médecin-conseil à l’INSPQ, affirme que les quelque 9% de Québécois de 12 ans et plus toujours non protégés vont forcément développer la maladie au cours des prochaines années. «Ces gens-là vont faire l’infection. La question n’est pas de savoir s’ils vont la faire, c’est à quel moment ils vont la faire», a-t-il expliqué cette semaine sur les ondes de LCN.
Et M. Dubé souligne que les ressources diminuent pour vacciner les retardataires. «Avec l’influenza, et les jeunes qu’on va faire très prochainement lorsqu’on va avoir l’autorisation, je peux vous dire que dans le mois de décembre je n’ai pas le même bassin de vaccinateurs que j’avais au plus fort de la crise cet été», a-t-il déclaré.
Des sous-groupes peu vaccinés*
TÉMISCAMINGUE
- 30-34 ans : 37 %
- 25-29 : 43 %
- 18-24 ans : 48 %
- 35 -39 ans : 51 %
KAWAWACHIKAMACH (terre réservée naskapie, Côte-Nord)
- 18-24 : 48 %
- 12-17 ans : 51 %
- 25-29 ans : 51 %
HAUT-SAINT-MAURICE
- 25 ans - 29 ans: 51 %
- 18 ans - 24 ans : 53 %
- 30-34 ans : 56 %
PONTIAC (Outaouais)
- 25-29 ans : 52 %
- 30 ans - 34 ans : 52 %
NORD-DU-QUÉBEC
- 18-24 ans : 53 %
BASSE-CÔTE-NORD
- 30-34 ans : 53 %
ASBESTOS (Estrie)
- 25-29 ans : 54 %
ETCHEMINS (Chaudière-Appalaches)
- 25-29 ans : 55 %
ARGENTEUIL (Laurentides)
- 30-34 ans : 55 %
HAUT-SAINT-LAURENT (Montérégie)
- 25-29 ans : 56 %
CÔTE-DES-NEIGES - MÉTRO - PARC-EXTENSION (Montréal)
- 12-17 ans : 57 %
*Par Réseau local de services (RLS)
Source : Ministère de la Santé et des services sociaux