Des médecins exigent la carboneutralité dans le système de santé d'ici 2040
Guillaume Cyr
«Diminuer la taille des bureaux», «ambulances électriques», «enlever le papier des tables d’examen», «déplacements du personnel» : il existe un «monde de possibilité» pour diminuer les gaz à effet de serre (GES) dans le système de santé, estime une association de médecins qui exige la carboneutralité du réseau d’ici 2040.
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À cet effet, une pétition a été lancée sur le site de l’Assemblée nationale du Québec il y a quelques semaines par plusieurs associations œuvrant dans le milieu de la santé. Plus de 1 500 personnes ont signé la lettre pour l’instant.
«On [veut] qu’on accorde enfin un intérêt aux enjeux environnementaux dans le système de santé, que ce soit pour son empreinte environnementale, mais aussi à sa préparation face aux changements climatiques», lance l’initiatrice de la pétition, Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME).
«Je trouve cela ironique de travailler dans un système de santé qui, finalement, contribue au fardeau de maladies liées au climat», ajoute-t-elle. «Je crois que nous avons une responsabilité professionnelle (et même déontologique!) d’oeuvrer à améliorer la santé de tout le monde, et ça passe, entre autres, par un virage environnemental dans le réseau.»
Elle souhaite que le Québec se dote d’un plan à l’échelle provinciale. Pour l'heure, les établissements de santé comptent seulement sur des initiatives locales pour réduire les GES, sans visée commune.
On devrait s'inspirer du Royaume-Uni, premier pays à avoir un objectif de carboneutralité pour son système de santé, d'ici 2040, estime Dre Claudel Pétrin-Desrosiers.
Le virage vert et les mesures d’hygiène ? Compatible.
Mais le virage vert n’est-il pas «moins compatible» avec des mesures d'hygiène de qualité?
Vraiment pas, selon Dre Pétrin-Desrosiers, qui évoque une panoplie de solutions pour repenser un fonctionnement plus vert, sans perdre la qualité des soins prodigués.
Par exemple:
- Diminuer le papier qu’on met sur la table d’examen qui pourrait être remplacé par du désinfectant (lorsque possible).
- Éteindre les lumières lorsqu’on ne les utilise pas.
- Diminuer le déplacement du personnel et des patients et l’utilisation de certains équipements.
- Des ambulances électriques.
«C’est la question qui revient tout le temps, la stérilité. [...] mais il y a un monde de possibilités [environnementales] », juge-t-elle, sans diminuer les services fournis.
Cartographier les GES au Québec
Mais avant tout, Dre Pétrin-Desrosiers mentionne la nécessité de cartographier, et ce rapidement, les GES émis par le système de santé québécois, d’un point de vue global par rapport aux émissions totales du Québec. «Il n’y a pas de données», indique-t-elle.
En 2019, selon la revue scientifique The Lancet, le secteur canadien des soins de santé était responsable d'environ 4 % des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) du pays.
On y indique aussi que le Canada se classait au troisième rang pour ce qui était des émissions par habitant sur 47 pays.
D’ailleurs, à la COP26, une cinquantaine de pays, dont les États-Unis et l’Allemagne, se sont engagés à concevoir des systèmes de santé résilients aux changements climatiques avec de faibles émissions de carbone.