Qu’est-ce qu’une rivière atmosphérique, ce phénomène météo qui a ravagé la Colombie-Britannique?
Élizabeth Ménard
- Des pluies diluviennes ont provoqué des inondations et des glissements de terrain qui ont forcé l’évacuation de milliers de personnes en Colombie-Britannique.
- Elles sont dues à une rivière atmosphérique, un phénomène météorologique appelé à se reproduire plus fréquemment et de façon plus intense à cause des changements climatiques.
- C’est la cinquième rivière atmosphérique à s’abattre sur la Colombie-Britannique cette année, après un été de chaleur extrême.
Les intempéries des derniers jours en Colombie-Britannique sont dues à une rivière atmosphérique, un phénomène météorologique extrême appelé à se produire plus fréquemment et de façon plus intense dans les prochaines années à cause des changements climatiques. On fait le point.
Des pluies torrentielles ont provoqué des inondations et des glissements de terrain catastrophiques en Colombie-Britannique, forçant l’évacuation de milliers de personnes depuis lundi, dans un décor d’apocalypse.
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D’impressionnantes images de ces intempéries circulent sur les réseaux sociaux.
Nous sommes avec vous, Colombie-Britannique.
— Forces canadiennes aux 🇺🇸 (@FACauxEUA) November 15, 2021
pic.twitter.com/dpsfQ8muRe
#BCFloods #BCStorm #MerrittBC
— Jacqelyn Reid (@Deklin2828) November 16, 2021
Absolute devastation in Merritt, BC pic.twitter.com/fBoBpGVMAC
Un phénomène météorologique extrême
Cette pluie intense est due à un phénomène météorologique du nom de «rivière atmosphérique». Il s’agit d’un flux d’humidité linéaire, ressemblant donc à une rivière.
«Il y a un patron qui nous amène un flux qui provient des latitudes subtropiques. Dans cette région, on a plus de capacité à tenir beaucoup d’humidité dans l’air. Ça nous donne des quantités de pluie assez intenses», explique le météorologue d’Environnement Canada Amel Castellan.
«Et comme c’est linéaire, ça continue d’affecter une région [particulière], donc sur une longue durée», précise-t-il.
Hypnotique et impressionnant voici un GIF de la "rivière atmosphérique" qui a déversé en quelques heures plus de 300mm de pluie sur la région de Vancouver, région frappée en juin par les 50°C du dôme de chaleur... #BCstorm #pineappleexpress https://t.co/YmB7WRcza8
— Ruben H (@korben_meteo) November 16, 2021
C’est déjà la cinquième rivière atmosphérique à s’abattre sur la Colombie-Britannique cette année, en plus des trois bombes météorologiques des dernières semaines, mais c’est de loin la plus extrême, mentionne le météorologue.
«La plupart des rivières atmosphériques ne sont pas aussi intenses et aident les écosystèmes à se renouveler. Chez nous, on est sûrs d’avoir de la pluie de mi-octobre à fin février, on en a besoin. Mais quand elles durent longtemps et sont intenses comme celle-ci, ça devient extrême», dit-il.
Un aperçu du futur
Les phénomènes météorologiques extrêmes sont appelés à devenir plus fréquents et intenses au cours des prochaines années à cause des changements climatiques.
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«Ce ne sont pas seulement les canicules qui sont attribuables aux changements climatiques, il y a aussi les feux de forêt, les sécheresses, les rivières atmosphériques et les tempêtes de vent très fortes. On s’attend à avoir plus de fréquence, d’intensité et de durée pour chaque type d’événement, et ceci ne fait pas exception», explique M. Castellan.
Selon lui, ces intempéries sont un aperçu du futur.
«Ça nous montre comment va évoluer notre météo sur la côte ouest du Canada. Il va falloir s’adapter parce qu’on va continuer à voir ça et même, potentiellement, plus fort encore», prévient-il.
La Colombie-Britannique a connu d’importants phénomènes météorologiques extrêmes dans les derniers mois.
Une vague de chaleur a fait des centaines de morts, et des feux de forêt ont ravagé le territoire durant tout l’été.
Ceux-ci ont d’ailleurs contribué au caractère extrême de la rivière atmosphérique des derniers jours, puisqu’ils ont modifié la composition des sols, les rendant plus vulnérables aux glissements de terrain, explique le météorologue.
Ces événements ne sont pas sans alerter les spécialistes qui les observent au quotidien.
«C’est immensément inquiétant, confie Amel Castellan. Il y a une solastalgie [écoanxiété] pour les gens comme moi, qui sont dans ce métier, une forme de détresse existentielle, parce que c’est record par-dessus record. Plutôt que d’avoir des records de temps en temps, comme par le passé, on les voit trop souvent», dit-il.