Des huîtres pour dépolluer l'eau de la baie de New York
Anne-Sophie Poiré
Les New-Yorkais se mobilisent pour la sauvegarde de leur port et sa conservation passera par les huîtres. Dans les six derniers mois, plus de 11 millions de ces coquillages ont été placés dans le fleuve Hudson où elles contribuent à filtrer l'eau polluée qui accumule des siècles d'ordures.
Une huître filtre en moyenne 190 litres d’eau par jour. Elle pompe l’eau pour capter les particules et les microalgues nécessaires à son alimentation, puis l’oxygène essentiel à sa respiration. Leur travail rend l’eau plus hospitalière.
Les récifs d'huîtres offrent également un habitat aux poissons puis aux mollusques. Et s’ils sont suffisamment grands, ils font barrière aux vagues des tempêtes qui pourraient autrement dévaster le rivage et causer des inondations.
Depuis 2014, 75 millions d'huîtres ont été réintégrées dans la baie de New York par le Billion Oyster Project, qui vise le milliard d’ici 2035.
À l’heure de bilan de fin d’année, la restauration du port de New York a ainsi franchi une nouvelle étape, apprenait le New York Times la semaine dernière.
En tout, 11,2 millions d'huîtres juvéniles ont été ajoutées au cours des six derniers mois dans une section du fleuve Hudson au large de la côte du Lower Manhattan.
Restaurer les récifs d’huîtres
Le fleuve est encore trop pollué pour que les huîtres puissent être consommées, après avoir absorbé tant d’eaux usées et de déchets industriels.
Mais, la qualité de l’eau dans la région s'améliore, selon le Billion Oyster Project. Et les huîtres, qui étaient autrefois présentes en si grande quantité dans les eaux qu'elles constituaient un élément de base du régime alimentaire des New-Yorkais, jouent un rôle clé dans cette transformation.
Le projet a d’abord noué un partenariat par 75 restaurants de la ville. L’idée? Récolter les coquilles d’huîtres — abondamment consommées par les New-Yorkais — pour restaurer les récifs.
Dans la nature, les jeunes huîtres doivent se fixer sur une surface dure pour survivre. Les coquilles d'huîtres, de palourdes et de pétoncles sont ainsi le terrain idéal pour que les jeunes huîtres s'y installent.
Aujourd'hui, en plus de celles qui ont été introduites, des huîtres sauvages sont retrouvées au fond des jetées du West Side de Manhattan et du Bronx, toujours selon le New York Times.
Ces coquillages sont donc prometteurs, même s’il faudra attendre encore une centaine d’années avant que quiconque puisse manger une huître provenant de la baie de New York en toute sécurité.
Et au Québec?
Selon le Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie (GRIL) qui étudie l’ensemble des écosystèmes d'eau douce du Québec, cette option ne serait pas viable pour le Saint-Laurent étant donné «la forte densité de moules déjà présentes et les besoins de diminuer les apports de polluants au lieu de manipuler l'écosystème».
De plus, l'estuaire est salé à New York, rappellent les chercheurs du GRIL, tandis que la portion la plus polluée du Saint-Laurent — à partir de l’île d’Orléans près de la ville de Québec — renferme de l’eau douce.