Le dernier week-end pour chanter et danser, une bombe à retardement
Anne-Sophie Poiré
Vous avez fait la fête ce week-end pour profiter une dernière fois du karaoké et des pistes de danse, avant l’entrée en vigueur des nouvelles mesures sanitaires? Attention: ces partys pourraient bien représenter une bombe à retardement de transmission de la COVID qui risque d’exploser en pleine célébration de Noël les 24 et 25 décembre.
«On va passer une semaine sur les nerfs à attendre de voir si le nombre de cas va augmenter. Mais si ça a été le party partout ce week-end, on risque d’assister à une flambée», prévient Benoît Mâsse, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.
Plusieurs bars et discothèques ont appelé les oiseaux de nuit à célébrer «la dernière chance» de danser et de chanter ce week-end.
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Dès lundi, le karaoké et la danse seront de nouveau interdits, cinq semaines après leur réouverture officielle.
Certains ont pris leurs précautions en respectant le port du masque et la distanciation. Mais des images publiées sur les réseaux sociaux ont aussi dévoilé des jeunes foulant les pistes de danse et faisant fi des mesures sanitaires.
«Avec ce qu’on a vu en fin de semaine, et il y a sûrement d’autres événements dont on ignore l’existence, c’est un scénario qui risque de mener à des explosions de cas avant la fin de l’année», signale Benoit Barbeau, virologue et professeur en sciences biologiques de l’UQAM.
Les experts rappellent que la période d'incubation moyenne du virus est estimée entre 5 et 6 jours. Il est donc possible de ne ressentir aucun symptôme avant Noël, même si vous avez contracté la COVID.
«Les jours qui précèdent Noël sont critiques», poursuit le professeur Barbeau. «Des contacts plus marqués cette fin de semaine auront probablement un impact sur la transmission dans les réunions de famille du 24 et du 25. On est en train de brasser le virus et de lui permettre de se propager grandement.»
Trop tard
Le premier ministre François Legault a annoncé jeudi une série de mesures sanitaires en vigueur à compter du 20 décembre.
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Mais, sachant que le karaoké et la danse sont des activités «à haut risque» de transmission, selon la Santé publique, pourquoi a-t-il permis leur tenue le dernier week-end avant Noël alors qu’il y avait déjà beaucoup de transmission communautaire?
«Il a peut-être voulu donner une chance à ces établissements de se préparer ou donner une dernière chance aux gens de fêter. Mais peu importe la raison, tout ça arrive un peu trop tard», estime Benoit Mâsse.
Selon lui, il est possible que plusieurs aient profité de la fin de semaine pour faire le plein de contacts sociaux avant de devoir les réduire de 50%.
«L’idéal aurait été d’interdire [ces activités] immédiatement», affirme son collègue de l’UQAM Benoit Barbeau, «au même titre que l’organisation du Canadien a pris la décision de présenter son match dans une estrade vide» jeudi dernier.
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D’autres mesures à prévoir
Les deux experts rappellent également que même pour les personnes doublement vaccinées ou qui ont déjà eu la COVID, la situation est «excessivement risquée».
«On peut très bien avoir attrapé le Delta en octobre et rattraper le Omicron en décembre», fait valoir M. Mâsse, qui prédit que d’autres mesures plus restrictives entreront en vigueur en janvier.
L’an dernier, lors de la période des Fêtes, «on avait la promesse de la vaccination. Mais là, qu’est-ce qui va venir nous sauver? La troisième dose? Reste à voir si elle fonctionne. Les tests rapides? Encore faut-il en avoir pour tout le monde. Québec a branlé dans le manche longtemps avant d’avoir les tests rapides», met en garde le spécialiste.