Convoi de camionneurs: Québec pourrait être assiégée
Les organisateurs du convoi vers Québec entretiennent le flou sur ce qui attend la ville
Pierre-Paul Biron
Siège prolongé ou manifestation familiale? Difficile de savoir ce qui attend Québec dans les prochains jours alors que les organisateurs du convoi vers la Vieille Capitale continuent d’insister sur l’aspect bon enfant de leur démarche, tout en menaçant de paralyser la ville «le temps qu’il faudra».
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Des camionneurs et des opposants aux mesures sanitaires des quatre coins de la province sont attendus à Québec à compter de jeudi et jusqu’au grand rassemblement prévu samedi.
Or, impossible, pour l’instant, de savoir si les autorités auront affaire à une simple manifestation ou bien à un siège comme ce qui se déroule à Ottawa depuis une semaine.
Des divisions semblent également coexister au sein des troupes entre l’idée d’envahir Québec et celle d’aller appuyer ceux qui poursuivent l’occupation à Ottawa.
Quelques dizaines de camionneurs qui projetaient de s’arrêter à Québec auraient d’ailleurs poursuivi leur chemin en direction de l’Ontario mercredi soir. La taille du convoi vers Québec reste encore difficile à évaluer.
Le maire de Québec, Bruno Marchand, a cependant prévenu mercredi qu’il y aurait des expulsions si les manifestants ne respectaient pas les règles.
Sur les réseaux sociaux, mercredi, les organisateurs de ce convoi vers Québec ont entretenu les deux versions, parlant tantôt d’une activité familiale, tantôt d’un siège à long terme.
- Écoutez l'entrevue de Philippe-Vincent Foisy avec Bruno Marchand, maire de Québec, sur QUB radio:
1000 toutous aux enfants
«C’est une fête familiale et conviviale. [...] On va avoir au-dessus de 1000 toutous à donner aux enfants qui vont être présents. Il va y avoir des jeux gonflables, les enfants vont pouvoir se prendre en photo ou embarquer dans les camions», expliquait dans un direct sur Facebook l’organisateur du convoi de la Beauce, Keven Bilodeau.
Dans la même vidéo, ce dernier affirmait pourtant qu’il fallait «assiéger Québec le temps qu’il faudra, pareil comme Ottawa».
Plus tôt en journée, il a d’ailleurs appelé les routiers ayant des camions disponibles à les fournir au convoi.
«S’il y a des camionneurs qui ont des trucks saisonniers qu’ils peuvent venir parker, qui peuvent rester là, parce que ça va être un siège aussi à Québec», demandait-il.
Pour plusieurs jours
Et les manifestants semblent décidés à s’installer pour plusieurs jours. Génératrices, tentes chauffées, camion-restaurant : ces derniers disent être prêts et lancent l’appel.
«Vous êtes supposés nous aider. [...] Vous êtes en train de nous abandonner, tabarnak, wake up! Mettez l’épaule à la roue», a lancé le syndicaliste Bernard «Rambo» Gauthier, aussi organisateur du mouvement.
D’autres groupes ont déjà répondu à l’appel à se joindre à la manifestation.
La page Facebook «Observatoire des délires conspirationnistes du Québec» a affiché une publication du clan 03 du groupe identitaire La Meute, qui se joindra à la manifestation.
«On a besoin de vous, il faut que cette folie de pass nazitaire de la honte s’arrête», dit le message.
- Écoutez la chronique de Félix Séguin au micro de Richard Martineau sur QUB radio :
Plan exact inconnu
Quant au déroulement exact des prochains jours, impossible de savoir pour l’instant ce qui est prévu.
Les organisateurs semblent décidés à congestionner les alentours de la colline Parlementaire avec les véhicules pour ensuite se rendre devant l’Assemblée nationale à pied.
«Il va y avoir des trucks partout autour du parlement. On va parker ça là, staller ça là. Pis après, on va se réunir en face du parlement», précise Keven Bilodeau.
La police de Québec soutient toutefois qu’aucun poids lourd ne pourra se garer devant l’Assemblée nationale.
La situation pourrait être compliquée par dame nature. Environnement Canada a émis un bulletin météorologique spécial prévoyant de 10 à 20 centimètres de neige, en plus de poudrerie, à Québec jeudi.
— Avec la collaboration de Martin Lavoie et Jean-Luc Lavallée