«Convoi de la liberté» à Québec: hôtels et restos retiennent leur souffle
Plusieurs craignent les répercussions négatives si un convoi de camions paralyse la Haute-Ville
Catherine Bouchard et Simon Baillargeon
L’industrie hôtelière de Québec et plusieurs restaurateurs de la Haute-Ville dénoncent la tenue d’une manifestation d’envergure prévue en plein cœur du Vieux-Québec ce samedi, alors qu’il s’agit de la première fin de semaine où la ville « reprend vie ».
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« Il y a une certaine incohérence. La première fin de semaine que nous sommes déconfinés, ils viennent manifester pour nous reconfiner », déplore André Roy, directeur de l’Association Hôtellerie Québec (AHQ).
Un des opposants aux mesures sanitaires, Kevin Bilodeau, a promis de jammer Québec avec des convois de voitures et de camions, comme la fin de semaine dernière à Ottawa.
Des propos qui découragent bien des commerçants, qui tentent de toutes les façons de se relever d’une énième fermeture, épuisés par deux années de pandémie.
« On n’avait pas besoin de ça, bien honnêtement. On a vu ce qui est arrivé à Ottawa en fin de semaine. C’est très inquiétant », lance Pierre Martin, copropriétaire du Groupe Martin qui possède notamment le St-Hubert sur la Grande Allée.
« On va tout faire pour rester ouvert », assure-t-il cependant. Une idée partagée par son voisin d’en face, le Grand Café, propriété de Christopher Chouinard.
« C’est peut-être pas l’idéal qu’ils paralysent la ville, en même temps, ça va peut-être amener une clientèle. Des gens à Ottawa disent qu’ils ont fait des affaires d’or. »
Pour Philippe Desrosiers, de la brasserie Inox, le moment est plutôt « mal choisi ».
« Je trouve ça plate. On vient juste de rouvrir. On commence un Carnaval de Québec et là, il y a des camionneurs qui risquent de bousiller notre réouverture, je trouve ça décevant. Mais en même temps, le droit de manifester est pour tout le monde », concède-t-il.
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Une relance menacée
« On fait tout pour relancer l’industrie, on n’a pas vraiment besoin de gens qui viennent perturber notre relance, soupire M. Roy. Je trouve ça dommage qu’ils viennent manifester la première fin de semaine où l’on aura des touristes et des gens qui auront justement envie de profiter de libertés qui viennent de nous être redonnées ».
Le directeur général de l’AHQ craint notamment que les camions rendent difficile l’accès au cœur du quartier historique. « S’ils bloquent la colline Parlementaire, ça ne sera pas vraiment le fun de passer du temps dans le Vieux-Québec en fin de semaine », insiste-t-il.
M. Roy reconnaît leur droit de manifester, mais qu’ils le fassent comme tout le monde : à pied, avec des pancartes.
Sûr d’éviter le pire
Propriétaire de plusieurs restaurants dans le Vieux-Québec, Yanick Parent assure que ses portes resteront ouvertes cette fin de semaine, tant pour ses clients qui ont déjà réservé une table que pour les camionneurs. « Ils parkeront leur truck et ils viendront manger une soupe », lance-t-il.
« J’ai beaucoup de réservations en fin de semaine. Je pense que les clients vont venir manger pareil. [...] Je ne pense pas que j’aie bien des problèmes », avance le restaurateur.
Ianny Xénopoulos, du Louis-Hébert, n’entrevoit pas de problème et garde bon espoir que l’événement se déroule « dans le bon ordre ».
« On fait confiance au savoir-vivre des gens et à la civilité des manifestants. S’ils veulent manifester, c’est leur droit, mais nous, on continue nos opérations, on est tellement content de rouvrir », affirme-t-il.
Ce qu’ils pensent du convoi à Québec
« Le SPVQ travaille sur différents plans. On m’a dit que l’objectif était d’assurer l’accès au Vieux-Québec et à tous les commerces du coin aux résidents et aux touristes. »
– André Roy, directeur de l’Association Hôtellerie Québec
« Le Carnaval et les restaurants ouverts, c’est un win-win. Les familles viennent en ville, prendre une bière, manger un hot dog. Là, en ville en fin de semaine, il n’y aura pas un chat qui va vouloir y aller. »
– Philippe Desrosiers, brasserie Inox
« On a vécu bien pire que ça. On sort de [plusieurs] mois de fermeture. On vient de faire 4 semaines de fermeture. Ce n’est pas une manifestation de vans qui va me faire de la peine. »
– Yannick Parent, propriétaire de plusieurs restaurants dans le Vieux-Québec