Clodine Desrochers avoue s’ennuyer du métier d’animatrice
Samuel Pradier
Clodine Desroches s'est faite plutôt rare à la télévision ces dernières années. Au tournant de l'an 2000, elle était pourtant extrêmement populaire avec ses émissions de services comme Les saisons de Clodine et Tout simplement Clodine, à Radio-Canada. Elle renoue avec ses anciennes amours en participant à la nouvelle saison de Sortez-moi d'ici!.
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En mars 2023, Clodine Desrochers avait participé à l’émission La Tour, invitée par Hélène Bourgeois Leclerc, pour parler de sa nouvelle vie loin des plateaux de télévision. Elle avait également pris part à un épisode des Enfants de la télé, mais elle était restée discrète. Aussi a-t-elle été surprise lorsqu’elle a reçu un appel lui proposant de participer à la seconde saison de Sortez-moi d’ici!. «J’ai l’impression que ma participation à ces deux émissions durant l’année dernière a fait que mon nom est sorti dans une réunion. C’est drôle, parce que j’ai écouté la première saison, et je me disais que si je devais recevoir un coup de téléphone pour y participer, je refuserais immédiatement.»
Finalement, quand elle a reçu le fameux appel, ce qu’elle avait imaginé ne s’est pas passé. «Quand j’ai eu la proposition, j’avais peur. J’ai été dans le doute pendant deux ou trois jours, mais je me suis dit que je ne revivrais probablement plus jamais cette expérience et qu’on ne me la proposerait pas deux fois, donc j’ai accepté. En fait, c’est le lâcher-prise qui me faisait le plus peur. Dans la vie, je contrôle beaucoup de choses, mais il fallait que j’accepte de vivre dans un état d’abandon.»
Avant qu’ils partent en tournage, la production a demandé aux campeurs de remplir un questionnaire dans lequel on leur demandait notamment de parler de leurs peurs. Clodine s’est d’abord demandé si elle devait écrire ce qui lui fait réellement peur. «J’ai un peu peur de tout, mais j’ai une grande phobie des araignées et des tarentules. Sauter dans le vide, en bungee par exemple, est pour moi quelque chose d’absolument terrorisant. Je pense que si on m’avait demandé de faire quelque chose comme ça, j’aurais refusé.»
Une expérience déstabilisante
Le tournage de l’émission s’est déroulé au Panama l’été dernier. Plus de six mois après cette expérience, Clodine Desrochers en garde encore des stigmates. «C’est très confrontant. J’aime quand c’est propre, et le fait qu’il y avait tout le temps de la boue partout, c’était difficile. C’était la saison des pluies, il pleuvait assez souvent, et il y avait constamment deux ou trois pouces de boue. C’était très humide, mais en même temps très chaud. Le manque d’hygiène, les moustiques, pas d’eau chaude pour se laver, la toilette... Il n’y avait rien de confortable dans cette expérience.»
Même si elle a travaillé avec Ricardo à ses débuts et présenté par la suite de nombreuses émissions de cuisine, Clodine n’avait aucune envie de préparer les repas pour les campeurs. «Audrey Roger avait du plaisir à cuisiner, mais ce qu’on devait préparer n’était pas très appétissant. Quand la nourriture arrivait, tout le monde avait faim, il fallait se dépêcher avant d’aller au gala de la jungle, donc il y avait un stress lié aux repas. J’étais plus là en tant que soutien moral.»
En même temps, si elle a accepté de participer à cette aventure, c’était aussi pour vivre une expérience hors du commun et pour tenter de remporter des défis inusités. «Honnêtement, je pense que tous les campeurs diraient la même chose, mais j’ai l’impression qu’on trouve toujours des forces insoupçonnées quand on est plongé dans des situations comme celles-là. Sortir de son environnement habituel, c’est plus facile de le faire pour une cause qui nous tient à coeur, tout comme le fait de relever ces défis pour soi-même, de n’être en compétition avec personne, pour se pousser à aller au maximum de ce qu’on est capable de faire. Je ne suis pas partie avec la volonté me rendre absolument jusqu’à la fin, de gagner la saison. J’y suis allée en me disant qu’il fallait que je fasse du mieux que je pouvais, et ça m’a enlevé un stress de penser de cette façon.»
Le regard du public
Plusieurs campeurs reviennent des tournages avec une mentalité différente, une assurance et un aplomb plus présents et plus solides, mais c’est surtout le sentiment de fierté qui reste pour Clodine. «Quand on revient chez soi, on n’est pas complètement différent de la personne qu’on est, parce qu’on reprend une vie normale et habituelle. Mais je pense qu’on revient de là avec une certaine fierté d’avoir accepté le lâcher-prise, d’avoir vécu une expérience unique. On a la chance et la gratitude d’avoir pu le faire; il y a des gens qui paieraient cher pour pouvoir vivre ça. Ça donne certainement une plus grande confiance en soi.»
L’omniprésence des caméras n’a pas vraiment dérangé Clodine Desrochers durant l’aventure, même si elle y réfléchissait de temps en temps. «Je crois que tous les campeurs y ont pensé à un moment donné, car on a rapidement compris qu’il n’y a pas d’endroit pour s’isoler dans cette aventure. On est toujours en groupe. Il y a 24 caméras sur le site, si je ne me trompe pas. On porte un micro en permanence, on réalise assez vite que tout ce qu’on dit, tous les gestes qu’on fait peuvent être retenus pour ou contre soi. Mais je ne me suis pas préparée pour vivre devant des caméras, je me suis davantage préparée à affronter les défis, les bibites, les dangers... J’essayais de faire de la visualisation par rapport à ça. Ensuite, quand on vit un défi, on oublie rapidement les caméras et on traverse ce qu’on doit vivre.»
Nouvelle vie
Aujourd’hui, Clodine Desrochers exerce toujours en tant que représentante dans le domaine médical. «J’aime beaucoup ça. Je donne beaucoup de formation, c’est vraiment du service client et on change la vie des gens. Ça me plaît beaucoup.»
Après avoir été quotidiennement à la télévision pendant 13 ans, s’ennuie-t-elle du métier d’animatrice? Sa réponse est franche et directe. «Oui, la télé me manque, mais il me faudrait un projet qui me ressemble. J’ai eu la chance d’avoir une émission qui se renouvelait année après année. J’ai déjà signé des contrats de trois ans, ce qui n’existe plus aujourd’hui. La télé me manque, mais l’incertitude de ne pas savoir si on va revenir la saison prochaine, ce qui est désormais — et malheureusement — la norme dans ce milieu, ça me plaît moins. En plus, notre émission peut être renouvelée, mais arrêtée juste avant l’entrée en ondes. C’est très difficile, car on s’investit personnellement, on veut que ça dure, on crée une équipe, et ça s’arrête comme ça... C’est moins agréable.»
Clodine est toujours très proche de sa fille, Rose, qui a choisi de s’épanouir dans le milieu de la mode. «Rose va avoir 22 ans en mai, elle travaille comme mannequin. Elle fait actuellement partie de l’agence Folio; il y a vraiment un côté artiste en elle. Rose voudrait rester dans le domaine de la communication, ou travailler en mode, dans la création. Elle se cherche encore un peu, à ce niveau-là.»
Sortez-moi d’ici! débute le dimanche 3 mars à 18 h 30, à TVA