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Culture

Christian Bégin estime que le décès de Paul Houde, qui a subi le même genre d’opération que lui, a ravivé son urgence de vivre

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Daniel Daignault

2024-04-22T10:00:00Z
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Il y avait plus d’un an que j’avais rencontré Christian Bégin. Il s’en est passé des choses depuis, dont, bien sûr, l’opération au cerveau qu’il a dû subir pour en retirer une tumeur bénigne. J’ai revu l’animateur et comédien à l’occasion de l’arrivée en ondes de trois émissions originales de La grande messe à Télé-Québec.

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Christian, tu nous présentes trois entrevues dans cette seconde saison. Y a-t-il des choses qui demeurent gravées en toi?

C’est drôle que tu me dises ça, parce qu’au moment où on se parle, j’étais à deux jours de mon opération l’an dernier. Ça fait trois ou quatre jours que je suis dans un drôle d’état. Ma blonde me disait ce matin que c’est peut-être la mémoire du corps, qu’il se souvient que j’étais dans une situation dont j’ignorais l’issue. Je me suis toujours défendu de ça: pour moi, il n’y a pas d’avant ou d’après mon opération. Je n’ai pas lutté contre un cancer. C’est un épisode ponctuel, qui a marqué ma vie et dont je ne porte aucune séquelle. Mais je suis obligé de constater que ça a laissé des traces et que, dans ma façon de tirer le maximum de ce que la vie me propose, je crois qu’il y a un après. 

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Donc, tu dirais qu’avec ces entrevues, il y a eu des propos qui t’ont plus touché qu’auparavant?

J’ai toujours voulu m’engager dans des conversations chargées de sens. C’est dans ma nature première et j’ai l’impression, comme disait Marie-Claude Barrette, que j’ai moins de temps à perdre à jaser de baseball. J’ai eu 61 ans récemment et jamais dans ma vie je ne me suis senti autant en paix. On dirait que tout est à sa place, que tous les étages de la pyramide de Maslow sont remplis. La vie est généreuse avec moi professionnellement. J’ai aussi une vie personnelle et amoureuse qui est nourrie, et un fils qui s’inscrit bien dans sa vie. Alors malgré l’adversité des temps qu’on vit collectivement, je ne me suis jamais senti aussi apaisé.

Une chose est claire, tu as du plaisir à faire ces émissions, on le sent bien!

J’ai du fun, j’en ai pour vrai. Y’a du monde à messe n’aurait pas duré 8 ans si je n’avais pas de plaisir à faire ce que je fais, et Curieux Bégin n’aurait pas duré 16 ans. Les diffuseurs ne ramènent pas l’émission pour mes beaux yeux! J’ai l’impression que si on n’est pas engagé réellement dans ce qu’on fait, à un moment donné, ça s’épuise. En vieillissant, ça devient de plus en plus une condition sine qua non à ce qu’on fait. J’ai du plaisir parce que ça a encore du sens pour moi.

Tu as une belle qualité qui n’est pas donnée à tous les intervieweurs: tu as beaucoup d’écoute et tu laisses tes invités s’exprimer...

Tant mieux si ça transparaît, parce qu’il y a du travail en amont. Pour mener des entrevues comme ça, si on veut que ça se passe bien, et par respect pour la personne qui est devant nous, on doit être préparé. C’est comme au théâtre: plus tu sais ton texte par coeur, plus tu es libre et plus tu peux faire ce que tu veux avec. C’est la même chose pour les entrevues: on ne les contrôle pas. Je ne peux pas avoir l’ambition d’amener un invité là où je voudrais qu’il aille. L’invité va aller là où il a envie d’aller. J’aime beaucoup le mot «conversation», qu’on invoque beaucoup socialement aujourd’hui. On voudrait tellement que tout le monde ait une conversation! Souvent, on prend des chemins détournés pour ne pas les avoir, socialement parlant. Mais moi, j’ai plus le goût de voir mon métier comme celui d’un gars qui invite à la conversation plutôt que celui d’un gars qui mène des entrevues.

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La première entrevue présentée en ondes a été celle que tu as faite avec Marie-Claude Barrette. Des choses t’ont marqué?

L’affaire que je retiens le plus, au-delà de notre conversation sur la mort qui, je pense, va rejoindre tout le monde, c’est qu’il y a toujours un moment dans ces conversations où on va tous communier à une même humanité. Ce dont parlait Marie- Claude à un certain moment, je pense qu’on peut tous vibrer à ça. Quand Régis Labeaume accepte de parler de sa vulnérabilité ou de comment notre peur de l’autre mène à des événements comme celui de la grande mosquée à Québec, on va tous vibrer à ça. Et quand Kim Lévesque Lizotte dit qu’il va falloir, à un moment donné, que les gars arrêtent de se sentir pointés individuellement quand on s’intéresse à un problème qui est beaucoup plus global, tous les gars vont devoir faire un check in intérieur. Chacun des invités nous a donné des moments comme ceux-là.

Quand Marie-Claude parle de la mort et qu’elle raconte qu’elle a accompagné sa mère, je n’ai pu m’empêcher d’avoir une pensée pour Paul Houde, qui a subi le même genre d’opération que toi et qui est décédé. Ç’a été un choc?

Complètement! Oui, ç’a été un choc, et la seule justice est que la mort est une expérience commune à tous les êtres humains. La mort, d’en parler et de l’inviter dans nos vies, ce n’est pas morbide ou mortifère. On ne veut tellement pas la voir, on l’a même casée dans des maisons où les gens vont mourir pour qu’on ne la voie pas... Plus on va la convier dans notre réalité, plus on va faire la paix avec cette affaire-là, et moins elle va nous angoisser.

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Depuis ton opération, ressens-tu une certaine urgence de vivre?

La mort de Paul a ravivé ça, parce qu’on est passés par le même chemin. Il m’avait appelé avant son opération pour savoir comment ça s’était passé pour moi, pour être rassuré par rapport à la convalescence et tout ça. Je prends la mesure de ce qui aurait pu m’arriver, mettons... La vie, c’est extrêmement puissant, mais c’est extrêmement fragile aussi, alors quand on prend la mesure de cette fragilité-là, du caractère éphémère de cette expérience, on ne peut plus la vivre dans la banalité. Il n’y a rien de sombre dans ça, au contraire, c’est très lumineux et joyeux d’accepter que les choses doivent avoir un sens.

Dans un autre ordre d’idées, tu vas passer plus de temps au Jardin du Bedeau, l’épicerie fine dont tu es copropriétaire à Kamouraska, au cours des prochains mois?

Oui, et j’y suis retourné plus souvent cette année. Je suis content, parce que c’est un lieu que mon amoureuse a aussi embrassé, ça me donne plus le goût d’y aller. Cette année, Marie-Fleur St-Pierre, avec qui je partage l’aventure du Bedeau, a ouvert un autre lieu, un vieil hôtel à Saint- Pascal, qu’elle est en train de renipper. Ce qui va m’amener à être plus souvent à l’épicerie, si je veux qu’elle arrive à voler de façon plus saine. C’est une entreprise qui vit tout ce que les PME vivent en ce moment, alors ça va me demander une plus grande implication. Je suis en train d’organiser mon horaire pour y être plus souvent.

Confidences au programme

Les émissions La grande messe avec Marie-Claude Barrette et Régis Labeaume qui ont déjà été diffusées sur les ondes de Télé-Québec sont disponibles gratuitement en rattrapage sur video.telequebec.tv et sur l’appli en simultané. La rencontre avec Kim Lévesque Lizotte sera présentée le vendredi 19 avril à 21 h, à Télé-Québec. Christian reviendra dès le vendredi 3 mai à 21 h pour une autre belle saison de Y’a du monde à messe à Télé-Québec.

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