Charlotte Aubin revient sur les scènes intenses qu’elle a dû jouer dans Bête noire
Nathalie Slight
Jeune femme hyper lumineuse dans la vie, elle sait explorer les zones d’ombre pour incarner des personnages troublés, comme Pascale Dubé, une maman qui empoisonne ses deux enfants dans la deuxième saison de Bête noire. Zoom sur la carrière de Charlotte Aubin.
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Charlotte, ton rôle dans Bête noire était costaud sur le plan émotionnel!
Comme Pascale Dubé exigeait une importante charge émotive, j’ai ressenti le besoin de faire une recherche en amont pour bien comprendre ce personnage d’un point de vue rationnel. J’ai la chance d’avoir une bonne amie qui étudie en psychologie, et elle m’a aidée en m’envoyant une panoplie de livres et d’articles à lire.
Qu’as-tu retenu de tes lectures?
Je savais que les gens en état de psychose perdent tout contact avec la réalité, mais je ne pensais pas que c’était à ce point, qu’ils conversaient avec des voix dans leur tête, qu’ils n’arrivaient plus à distinguer le bien et le mal. Mes lectures m’ont aidée à insuffler une dose d’humanité à Pascale. À première vue, elle a l’air d’une femme qui a voulu se venger de son mari, qui l’a quittée, mais la situation est beaucoup plus compliquée.
Tu as eu plusieurs scènes intenses à jouer. En quoi ta préparation a-t-elle consisté?
Lorsque j’incarne un personnage, je prépare une liste musicale qui m’aide à ressentir rapidement une émotion profonde. Ça fonctionne tellement bien pour moi que si, une fois le tournage terminé, j’entends par hasard une chanson de cette liste, j’ai immédiatement les larmes aux yeux.
Dans la série L’empereur, tu incarnes Marilou Côté, une femme victime d’agression sexuelle. La préparation pour ce personnage n’a pas dû être facile non plus!
Ç’a été plus facile qu’avec Bête noire, parce qu’au-delà de son statut de victime, Marilou est une femme droite, franche, directe et fière qui a de bonnes valeurs.
Quelle a été ta scène la plus marquante au cours de ce tournage?
Celle où Marilou raconte le viol dont elle a été victime à son amoureux, Kevin, incarné par David Strasbourg. Non seulement ce comédien est hyper talentueux, mais il a aussi énormément de présence, d’écoute et d’empathie. J’ignore si, sans lui, j’aurais pu faire preuve d’autant de vérité. Il a élevé mon jeu d’un cran.
Quel personnage as-tu campé le plus longtemps au petit écran?
Jade Francoeur, dans L’Échappée, une série qui a duré sept saisons. Elle m’a accompagnée pendant une bonne partie de ma vingtaine, puisque j’ai commencé à jouer dans L’Échappée à 22 ans et que j’étais à l’aube de la trentaine quand la série s’est terminée. Bien que ma vie soit loin d’avoir été aussi dramatique que celle de Jade, j’ai vécu beaucoup de choses en sept ans. Je ne suis vraiment plus la même femme qu’au début de cette aventure.
Quels souvenirs conserves-tu de cette série?
Dès la première saison, nous sommes allés tourner dans la région du Bas-du-Fleuve, et ça a immédiatement soudé notre équipe. Je n’ai pas un souvenir précis associé à L’Échappée, mais plutôt un sentiment d’avoir créé une véritable famille télé. Les liens que nous avons tissés sont tellement forts que même si la série est terminée, chaque fois que je croise un des comédiens, on retrouve instantanément notre complicité.
As-tu déjà eu à te préparer physiquement pour un rôle?
Bien sûr! Dans Virage, j’incarne la patineuse de vitesse courte piste Frédérique Lessard. Comme j’ai su plusieurs mois à l’avance que j’allais jouer ce rôle, j’ai eu amplement le temps de m’entraîner. Hors de la patinoire, j’étais suivie par Christian Maurice, une sommité dans le domaine de l’entraînement et de la nutrition. Sur la patinoire, c’est l’athlète olympique Marianne St-Gelais qui m’a appris les rudiments du patinage de vitesse.
Tu devais être en forme pour ce tournage!
Oh, oui! Je m’entraînais au moins trois heures par jour. D’ailleurs, j’ai appris tous les textes de Virage en faisant de la marche rapide sur un tapis roulant à la maison, puisque les gyms étaient fermés en raison de la pandémie. Ça m’a permis de me mettre dans la peau d’une athlète olympique, qui carbure à la performance et au dépassement de soi. M’entraîner fort, c’était une façon de trouver la Frédérique Lessard en moi, cette femme fonceuse, battante, impulsive, énergique et spontanée.
Tu as aussi incarné Cassandra Boyd durant trois saisons dans Blue Moon. C’était un autre rôle très physique...
J’ai adoré me plonger dans un univers qu’on connaît peu, soit celui d’une entreprise paramilitaire privée qui effectue des missions pour différents clients. Le personnage de Cassandra m’a permis d’effectuer moi-même plusieurs cascades et d’apprendre à manier des armes.
Qu’est-ce qui est le plus difficile pour toi: jouer une scène hyper dramatique ou effectuer une cascade?
Bonne question. De prime abord, on peut penser qu’effectuer une cascade est plus facile que pleurer au petit écran parce qu’on est davantage dans l’action et moins dans l’émotion, mais je pense que ce sont les cascades qui me stressent le plus, car je maîtrise moins la situation. Ma prestation ne dépend pas uniquement de moi, mais aussi de tous les éléments autour.
En terminant, quel rôle rêves-tu d’interpréter?
J’aime m’immiscer dans un univers que je ne connais pas, apprendre une nouvelle discipline pour incarner un personnage. Si on m’offre demain matin de camper une danseuse contemporaine ou une artiste peintre, je suis partante. Lorsque j’étais enfant, on me demandait ce que je voulais faire plus tard, et ma réponse était toujours différente. Une des facettes du métier de comédienne que j’aime le plus, c’est toucher à différentes occupations, le temps d’un tournage.