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Culture

Charles Lafortune estime que Mathis est «sa plus grande leçon de vie»

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Michèle Lemieux

2024-04-05T10:00:00Z
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Animateur et producteur à succès, vice-président de la Fondation Autiste & majeur, Charles Lafortune est indéniablement un homme de coeur. Père d’un fils autiste, il a appris à respecter et à valoriser la différence. À travers toutes ses responsabilités personnelles et professionnelles, l’animateur de La Voix arrive à se poser, notamment en s’offrant des escapades à la campagne, où il vient d’acquérir une maison, véritable lieu de ressourcement qui le reconnecte avec les joies simples du quotidien.

• À lire aussi: Qui sera La Voix du Québec selon vous? Participez à notre sondage!

Charles, sens-tu à quel point le public est comblé par cette 10e saison de La Voix?

Oui, entre autres parce que c’est la première fois que beaucoup de gens me disent qu’ils ont l’impression qu’actuellement, ils assistent à la meilleure saison de La Voix. Il y a quelque chose de très spontané. L’arrivée de France (D’Amour) et de Roxane (Bruneau) a apporté un vent de fraîcheur. Roxane est un bel exemple de chanteurs et chanteuses issus des réseaux sociaux. Il y a une belle proximité, des chansons rassembleuses qui ont traversé le temps.

À tes yeux, quels sont les grands moments de cette édition?

J’en ai deux en tête. Lorsque Samantha, qui est autiste, est venue chanter. Elle m’a fait craquer! J’ai pu m’identifier à ses parents, car moi aussi j’ai un garçon qui vit avec l’autisme. Ils ont été témoins de quelque chose qu’eux-mêmes ne croyaient pas possible. C’est une jeune fille de la Rive-Nord qui suivait des cours de chant avec Kevin Bazinet qui a remporté La Voix. Samantha était au même endroit que tout le monde. Il n’y avait pas de regard sur elle ou de commentaires du genre: «Elle est bonne pour une autiste...» C’est ce que j’ai voulu exprimer: l’importance de faire partie de la communauté. Célébrer la différence, c’est positif, mais le revers de la différence, ce sont les étiquettes qu’on met sur tout le monde: neurodiversité, préférences sexuelles, identité de genre, rang social, couleur de peau, etc. En respectant la diversité, on l’identifie beaucoup. À La Voix, c’est tout le contraire: on ne sait pas quelle est ta couleur, quelles sont tes préférences, etc. Pour cette raison, ce concept à l’aveugle a encore sa raison d’être: ça remet tout le monde ensemble sur un pied d’égalité. J’aime encore célébrer le talent. Même après 10 éditions, il y a encore entre 1,6 et 1,9 million de personnes au rendez-vous. Il y a quelque chose d’intéressant dans le fait de regarder la même émission en même temps et d’en discuter le lendemain. C’est très rassembleur.

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Et quel serait ton deuxième moment marquant?

Quand Roxane m’a donné son fauteuil, ç’a été un moment très fort pour moi. Je crois que je suis le premier animateur de toutes les versions à remplacer un coach.

Julien Faugere / TVA Publications
Julien Faugere / TVA Publications

Quels sont les autres projets qui t’occupent comme producteur?

Nous sortons de MasterChef et nous nous consacrons à Laver pour gagner. Nous tournons dans le même studio que La Voix, mais la porte est rose! Ce sera assurément un plaisir coupable qui répondra au toc de ménage de bien des gens. À la base, je n’en avais pas. Avec ma blonde, tout est toujours propre chez nous et, par émulation, j’ai adopté cette manie. C’est mon plus gros toc. Le soir, mon garçon veut toujours faire un tour de voiture. Il dit lunettes, manteau, chapeau, voiture. Comme il aime le lave-auto, j’ai acheté une carte prépayée et, après notre promenade, je fais laver ma voiture. J’y vais tellement souvent que c’en est ridicule! J’ai une vieille auto qui date de 2011 et qui a 300 000 kilomètres au compteur. Elle est spick-and-span! (rires)

Manifestement, tu n’es pas un acheteur compulsif...

Pour d’autres choses, je le suis! Pour les gadgets électroniques, entre autres. Pour revenir à mes autres projets, nous produisons aussi L’indice McSween et L’enquête McSween, Indéfendable, Alertes. Nous allons lancer Autiste, le commencement. Nous allons suivre une famille qui reçoit un diagnostic d’autisme. 

Comment vit-on ça, émotivement? 

Nous avons permis à des parents qui vivaient la même chose de se rencontrer. Notre Fondation Autiste & majeur a ouvert l’Espace Autiste & majeur Québecor, qui est à l’école À pas de géant. L’école a déménagé aux usines Angus et est devenue le Centre À pas de géant, un pôle important en autisme en Amérique du Nord. C’est un laboratoire vivant. Les universitaires peuvent y mener des projets d’études. 

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Julien Faugere / TVA Publications
Julien Faugere / TVA Publications

Tu aurais pu choisir de t’occuper de ton fils sans t’engager autant pour la cause. Qu’est-ce qui te motive à en faire autant? 

Les projets que nous menons, Sophie et moi, viennent d’un véritable besoin. Nous nous sommes demandé ce que nous allions faire lorsque notre fils allait avoir 21 ans. Ça n’avait pas de sens qu’il y ait aussi peu de services, que ce soit aussi compliqué. En nous occupant de notre fils, nous nous sommes occupés d’autres jeunes. Ça va toujours mieux quand on fait les choses ensemble. C’est important de se parler, d’avoir des ressources. Nous avons l’appui de Québecor, de St-Hubert, de la Fondation Marcelle et Jean Coutu, du grand public. Sophie vient de sortir d’ailleurs un livre de recettes qui s’appelle Manger, c’est bon!, car c’est la chose que mon fils dit le mieux. Ce sont des recettes de Sophie et d’amis, notamment Ricardo et Mario Dumont. Nous allons pouvoir manger les boulettes à Mario! (rires) On y trouve aussi des trucs pour intégrer de nouveaux aliments chez les autistes. Ce n’est pas un livre pour les autistes, mais il sert à financer la Fondation.

Ta popularité doit servir à mettre en lumière une cause aussi importante que celle-là?

Oui, et je te dirais que lorsque nous avons commencé à faire des documentaires, nous nous sommes beaucoup dévoilés, Sophie et moi. Nous avons eu peur d’écoeurer le monde avec nos vies. Nous nous sommes vite rendu compte que lorsque les gens nous abordaient, ils ne nous parlaient jamais de nous ou de notre garçon. Des couples nous parlaient de leur père qui était en déni face à leur fils et qui a mieux compris l’autisme grâce à la série. Des gens ont compris pourquoi le petit gars à l’épicerie ne les regardait pas dans les yeux. Non, il n’est pas paresseux: il est différent! Ça amène les gens à voir les choses autrement. Personnellement, je vis dans la performance, ce qui n’est pas du tout le cas de mon fils. Il faut accueillir la différence. C’est ma plus grande leçon de vie.

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Charles, ta vie, autant personnelle que professionnelle, témoigne de ta détermination: tu ne lâches pas le morceau avec ton fils, ta blonde, ta carrière.

Oui. J’aime que ça se poursuive. J’aime l’accumulation, non pas des objets, mais des projets. J’ai été choyé. J’ai gagné des trophées, j’ai été adopté par le grand public, j’ai été le gendre idéal, le père idéal, le chum idéal... mais je ne le suis pas! (rires) Je ne joue plus comme comédien, mais je regarde tous les projets que je produis. Si je jouais demain matin, c’est certain que je serais meilleur.

Ce regard avisé te rend-il critique envers ta blonde?

Non. Je parle au réalisateur, pas à Sophie directement... Je ne veux pas mélanger les affaires et être à la fois son chum et son boss... Ça ne se peut pas! De toute façon, Sophie est une actrice formidable. Elle a un jeu minimaliste, très vrai, très incarné.

Julien Faugere / TVA Publications
Julien Faugere / TVA Publications

Tu roules à 200 kilomètres-heure avec tous tes projets. Est-ce que tu prévois ralentir un jour?

Mon partenaire chez Pixcom, Nicola (Merola), et moi, faisons tous ces projets ensemble. Nous avons tous deux la mi-cinquantaine. Dans 10 ans, j’aurai 64 ans. Ça vient vite... Comment allons-nous faire pour que cette entreprise continue d’exister? Tout le monde ici est passionné de télé. Nous commençons à penser à la façon de continuer, de survivre. Le modèle classique tend à revenir. Nous devons trouver des solutions pour la télé. Je pense que toutes les compagnies qui vendent de la télévision au Canada devraient être obligées de proposer, de facto, les plateformes canadiennes.

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Voudrais-tu faire de la politique, plus tard?

Non, jamais. Mais j’aimerais être consulté quand il est question de l’avenir de la télé.

À travers toutes tes responsabilités d’entrepreneur et de père, comment arrives-tu à prendre soin de toi?

Nous avons rénové une maison de campagne, Sophie et moi. Nous avons décidé de vendre notre condo en Floride, après 15 ans. Nous avons décidé d’avoir une maison de campagne où passer nos vieux jours. Ce n’est pas tant dans le but de ralentir que dans celui de pouvoir faire du télétravail deux à trois fois par semaine.

Mathis est-il bien dans ce nouveau lieu?

Oui, il est bien. Il y a tout plein de pommiers. J’aime beaucoup être à la campagne. Quand j’y suis, j’écoute du new country et je me promène sur mon tracteur... J’adore ça! Pour mon anniversaire, l’année dernière, Sophie m’a offert un tracteur John Deere... Un petit. Je me suis acheté une remorque, que je traîne derrière et qui me sert à ramasser mes branches. Oui, je suis devenu ce vieil homme-là! (rires)

Tu fais faire des tours à Mathis?

Non, ce n’est pas sécuritaire avec ses 6 pieds 4 pouces et ses 250 livres... C’est tout un morceau! (sourire) La vie à la campagne m’apaise beaucoup. J’aime m’occuper de la maison. Je n’ai pas le temps de jouer dans une ligue de sport de garage, mon horaire n’est pas assez stable pour me le permettre. La campagne m’occupe beaucoup. Je suis avec ma blonde et mon gars. La vie a fait en sorte que je devienne très cocooning. Quand je ne suis pas au bureau, je suis beaucoup à la maison.

Alors, ta vie va bien?

Ma vie va bien. Je suis heureux. Je suis vraiment sur mon X. J’adore ce que je fais. J’aime ma vie avec ma blonde et mon garçon. Avec le temps, je suis devenu un homme d’affaires. Je n’aurais jamais pensé que ça m’arriverait...

As-tu eu un modèle sur ce plan?

Mon grand-père avait une station-service à Montréal. Initialement, c’était à mon arrière-grand-père, Albert. Mon père y a travaillé. Par la suite, il est devenu un vendeur, puis il a lancé son entreprise en immobilier. Quand tu es travailleur autonome, comme moi, tu n’es pas loin d’être un entrepreneur...

La grande finale de La Voix aura lieu ce dimanche à 19 h 30, à TVA. Laver pour gagner sera en ondes dès le lundi 8 avril à 20 h, à TVA. Autiste, le commencement, le jeudi à 19 h, dès le 13 juin, à TVA. On visite la page de la Fondation Autiste & majeur et/ou on fait un don à: fondationautisteetmajeur.com.

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